ArchivesLe dossier du mois

Angelo Djissodey, directeur de la promotion du tourisme et du secteur privé

« On a aussi besoin du secteur privé pour faire développer l’industrie du tourisme »

Le Togo a été surnommé « la suisse de l’Afrique » dans les années 80. Et ce surnom lui a permis d’attirer un nombre important de touristes. Mais le secteur a du plomb dans l’aile depuis quelques années. Face à ce constat, les autorités togolaises veulent prendre le taureau par les cornes pour relancer ce secteur qui était l’un des maillons essentiels de l’économie nationale. Angelo Djissodey, directeur de la Promotion du tourisme et du secteur privé fait le point pour ANA. Il est d’avis que le tourisme se développer avec l’appui du secteur privé.

Entretien

Le Togo veut relancer le secteur du tourisme après une traversée du désert. Quelle est la stratégie des autorités pour y parvenir ?

C’est vrai que nous avons des périodes difficiles depuis quelques années. Mais les autorités ont décidé de relancer le secteur du tourisme. Ainsi, le pays s’est doté d’un document de politique national du tourisme qui est assorti d’un plan directeur d’aménagement et de développement touristique. Ce document a été élaboré avec l’appui technique de l’Organisation mondiale du tourisme avec l’assistance financière du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en 2011. Validé en 2014, ce document trace les voies et moyens pouvant permettre de développer le tourisme dans notre pays.

Deux ans après la validation de ce document, comment se porte le secteur du tourisme au Togo ?

On peut dire que le secteur du tourisme renait de ses cendres après une longue traversée de désert caractérisée par les périodes de crise politique que nous avons connues dans les années 90. Le tourisme était très florissant par le passé avec les grands hôtels de Lomé qui ont servi de cadre à des conférences internationales comme Hôtel Sarakawa, Hôtel 2 Février. Mais, le secteur a connu des chamboulements au Togo tout comme dans les autres pays de la région avec les crises politiques au début des années 90. Toutefois, la machine est mise en branle depuis quelques années pour redonner au secteur sa place dans l’économie nationale.

Combien de touristes ont visités le pays depuis l’élaboration de ce nouveau plan de développement touristique ?

Le nombre de touristes qui arrivent au Togo évolue de façon constante chaque année. En 2014, nous avons recensé 320.000 touristes et l’année dernière, ce chiffre est passé à 380.000 touristes. Je tiens à préciser qu’il s’agit des touristes recensés dans les hôtels. Il est vrai que la plupart des touristes qui arrivent au Togo ne dorment pas essentiellement dans les hôtels. Il y a en qui descendent dans des familles d’accueil et d’autres qui sont dans les appartements meublés.

On remarque que le Togo mise beaucoup plus sur le tourisme d’affaires alors que le pays dispose d’énormes atouts pour diversifier les activités dans ce secteur ?

Non, ce n’est pas seulement sur le tourisme d’affaires avec son segment de clientèle que nous misons pour faire développer le secteur. Je peux vous assurer que nous travaillons également pour l’accueil des touristes qui viennent en visite de découverte dans notre pays. Je veux parler là du tourisme culturel et de l’écotourisme. Et c’est en cela que nous travaillons sur les sites patrimoniaux, les sites naturels et culturels qui peuvent attirer les touristes. Nous faisons en sorte que nous travaillons sur plusieurs éléments qui pourront susciter un regain d’intérêt chez les touristes d’affaires tout comme les touristes d’aventure, c’est-à-dire les gens qui viennent en vacances dans notre pays pour découvrir les populations, notre répertoire culturel, les sites et les monuments. Le Togo dispose de beaux sites tels que les plages, les cascades les forets classées et les parcs nationaux. Nous mettons également la lumière sur nos sites culturels et historiques comme le site de WoodHome sur le littoral qui retrace l’histoire de la traite d’esclaves ainsi que le site Koutamakrou qui est désigné patrimoine mondial par l’UNESCO. Nous cherchons aussi à ouvrir des brèches pour le tourisme de recherche avec nos sites archéologiques. L’exemple de l’Égypte peut aussi servir quand on voit des milliers de chercheurs spécialisés en Égyptologie qui débarquent dans ce pays pour les recherches.

Quelles sont les dispositions prises pour faciliter l’arrivée des touristes au Togo ?

On est un peu souple avec l’obtention des visas. Les touristes qui n’ont pas pu obtenir leur visa avant de prendre leur vol en direction du Togo peuvent l’avoir à l’aéroport International Gnassingbé Eyadema de Lomé. Donc toutes ces mesures visent à encourager l’essor du tourisme dans notre pays. On associe également les agences de voyage à notre nouvelle vision car elles organisent les circuits et les excursions. Elles sont les premières vitrines du pays. Vous savez, l’État ne peut pas tout faire seul. On a aussi besoin du secteur privé pour faire développer l’industrie du tourisme. Car le secteur privé dans sa globalité, contribue à près de 93% dans la création de richesses (PIB) et emploie près de 97% de la population active. Le tourisme a un avenir radieux, non pas seulement au Togo, mais partout sur le continent africain vu la croissance économique enregistrée depuis quelques années.

Qui dit tourisme dit aussi routes et télécommunications car les touristes doivent pouvoir visiter le pays et se connecter à leur pays…

Les autorités togolaises en sont conscientes. C’est pour cette raison que ces trois dernières années, nous avons construit des routes dans le pays. Ces ouvrages sont d’une certaine importance pour le secteur du tourisme. Le port de Lomé a été agrandi et il en est de même pour l’aéroport. Par exemple, Le gouvernement prend aussi des mesures pour qu’en matière d’hôtellerie, on puisse avoir un parc hôtelier nécessaire pour accueillir tant le touriste culturel que celui des affaires. On a toujours des projets en pipeline visant à construire beaucoup plus d’hôtels 4 et 5 étoiles et créer des villages de vacance dans tout le pays. Donc, c’est autant de projets auxquels le gouvernement est en train de réfléchir pour booster le secteur du tourisme.

Quel est la part du secteur dans le Produit Intérieur Brut (PIB) du Togo ?

Au niveau de l’espace UEMOA dont fait partie le Togo, on a dénombré la proportion de la contribution du tourisme au PIB à environ 2,2%. Mais pour ce qui est du cas spécifique du Togo, nous sommes un peu en avance dans ce domaine. On est autour de 6,2% comme contribution du tourisme à l’économie nationale. Au niveau de la création des emplois tant directs qu’indirects, vous savez qu’il y a des gens qui travaillent dans les agences de voyage, les hôtels, les agences de locations de voitures et même l’artisanat, car le touriste a besoin d’acheter des objets de souvenir. Donc, ce sont des métiers connexes, qui sont liés. Ce sont des centaines de milliers d’emplois directs et indirects qui sont générés par ce secteur. Le tourisme est un plus pour l’économie de notre pays.


 

Par Blamé Ekoué

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page