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Afrobytes : « Les startups accélèrent le saut quantique des économies africaines.»

La Tech africaine suscite toutes les attentions. Mais les start up africaines sont-elles suffisamment accompagnées pour devenir les championnes de demain et porter la transformation digitale du continent ? C’est précisément la mission d’Afrobytes. Cette plateforme qui connectent les start-up africaines avec les acteurs mondiaux de la Tech, organise la 3eme édition de son RDV annuel de la Tech africaine, à Paris, les 7 et 8 juin prochain. Interview avec son co-fondateur, Ammin Youssouf.

Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed

Afrobytes est une plateforme qui connectent les start-up africaines avec les acteurs mondiaux de la Tech. Quels sont leurs besoins ?

Il y a trois besoins majeurs et nous tentons d’apporter des solutions pratiques et opérationnelles pour chacun d’eux. Le premier c’est la visibilité de leur travail. Pour répondre à cette problématique nous organisons une MarketPlace internationale à Paris qui permet de plus facilement convier les journalistes à venir à leur rencontre. En effet, tous les grands médias internationaux possèdent des antennes à Paris. Nous les recevons ainsi que les médias Africains à Paris chaque année. Le second est l’accès aux investisseurs. Ici aussi, il est beaucoup plus commode pour les investisseurs de se rendre à la MarketPlace Afrobytes car ils sont certains de pouvoir faire intensément un « DealFlow » panafricain dans la mesure où nous réunissons aussi les acteurs francophones, anglophones et même lusophones de la Tech Africaine. Outre les investisseurs européens, nous recevons également les investisseurs de la Silicon Valley et d’Asie pour qui c’est une approche simple et pratique qui leur permet ensuite de cibler tel ou tel pays en fonction des rencontres qu’ils effectuent. Le troisième est un accès opérationnel et business aux grands groupes. Aujourd’hui le constat est que la plupart du temps la présence des grands groupes en Afrique se fait via les CEO. Or ceux-ci, n’étant pas sur la partie opérationnelle, ont des discussions plutôt avec les institutions et ne sont donc pas accessibles aux sollicitations des Startups. Dans un lieu comme Paris, nous réunissons pendant 2 jours les responsables opérationnels et métiers de ces grands groupes: innovation, marketing, communication… Ces acteurs ont des besoins concrets et opérationnels. Qu’ils viennent de Paris, Londres, Bruxelles ou d’autres grandes capitales, ils sont donc ravis de pouvoir rencontrer les acteurs de plusieurs pays pendant 2 journées. C’est notamment pour cela que la MarketPlace se déroule au Medef qui est clairement un acteur réunissant tous ces acteurs économiques. Enfin, s’il fallait ajouter un quatrième point, il s’agirait d’une réponse logistique et pratique. Il est en effet plus court et moins cher de faire Dakar-Paris que de faire Dakar-Dar Es Salaam, si tant est en plus que le visa s’obtienne facilement. Malheureusement aujourd’hui les voyages sur le continent coûtent très chers et si on veut rassembler tous ces acteurs sous un même toit il est économiquement et logistiquement plus facile de le faire à Paris.

La Tech africaine est à l’honneur, tout le monde s’y intéresse aujourd’hui, mais concrètement, les start-up africaines sont elles réellement accompagnées comme elles le devraient ?

Le problème aujourd’hui est que la Tech Africaine manque de Business Angels. On en compte à ce jour un peu plus d’une centaine dont une vingtaine vraiment actifs. C’est bien évidemment totalement insuffisant pour adresser les besoins de 54 pays! Il faut savoir qu’aujourd’hui, une année d’investissement dans toute la tech Africaine correspond à une journée dans la Silicon Valley! C’est en progrès, notamment avec des fonds dédiés comme celui de Partech (lancé d’ailleurs à Paris avec plus de $100 millions), mais les besoins sont tels qu’il faut trouver des alternatives. Et vite pour ne pas briser la dynamique en cours. Il faut donc encourager les startups à aller chercher l’argent où il se trouve: Paris, Londres, Hong Kong, San Francisco… C’est la raison pour laquelle d’ailleurs nous avons commencé à organiser des événements dans tous ces « hot spots » tech afin de rapprocher la Tech Africaine au plus près des investisseurs aujourd’hui très intéressés par le potentiel des marchés africains. Nous invitons les acteurs soucieux des besoins réels des startups à se rapprocher de nous pour élaborer les programmes qui permettront d’accélérer le financement des startups Africaines.

Vous parcourez le monde pour porter ces start-up africaines. Quelles sont celles qui vous ont le plus marquées cette année ?

En partenariat avec ccHub (le plus important Tech Hub du Nigeria) et Google, nous avons organisé le Pitch de 14 start-ups en septembre dernier à Paris. Il s’agissait de très bons dossiers. Nous avons également convié plusieurs acteurs tech africains à Hong Kong, à New York et à San Francisco. A chaque fois, l’accueil des investisseurs a été très positif. Kukulu Game (Ethiopie), Gebeya (Ethiopie), PrepClass (Nigeria), LifeBank (Nigeria) et bien d’autres encore, sont autant de projets dont le potentiel est immense et qui sont menés par des entrepreneurs de qualité. 

Quel rôle les start-up jouent ou pourraient jouer dans l’avenir du continent?

D’ici 2025, la contribution du digital au PIB Africain pourrait atteindre 10%. C’est une moyenne, il y aura de fortes disparités. Dans certains pays comme la Cote d’Ivoire, le Kenya, le Nigeria, l’Egypte, le Sénégal,  le Rwanda, on devrait être largement au-dessus de ces 10%. L’apport des startups c’est d’abord et avant tout un potentiel immense de génération de richesses et donc d’emplois. C’est aussi un impact sur la transformation du continent et sur la vie de ses habitants dans tous les domaines: santé, éducation, logistique, finance… Les startups accélèrent ce qu’on appelle le « saut quantique » des économies africaines. Elles permettent d’implémenter le meilleur de la technologie dans la chaîne de valeur: Blockchain, FinTech, Intelligence Artificielle..

Un dernier mot sur la prochaine édition d’Afrobytes. Quelles surprises nous réservez-vous cette année ? 

Le « Wakanda » va prendre forme réelle à Afrobytes ! Nous allons faire pitcher des Startups dont les concepts sont totalement disruptifs. Nous avons fait le tour du monde pour rassembler les meilleurs acteurs de la Tech Mondiale: Facebook, Google, GitHub, Symantec, Konnect Africa (EutelSat), JC Decaux pour ne citer qu’eux seront partenaires de l’événement. Un format que nous appelons « Pitch My Country » permettra de mettre en avant les écosystèmes Tech de quatre pays africains auprès d’investisseurs internationaux (Ethiopie et Nigeria sont d’ores et déjà confirmés). Nous avons établi des ponts avec d’autres écosystèmes: Asie, Asie du Sud Est, Brésil et même les Caraïbes… Tous ces acteurs s’intéressent fortement à l’Afrique et ce sera une occasion unique de les rencontrer. Un espace dédié à l’AfroFuturism fera le focus sur la manière d’accélérer l’implémentation de technologies telles que l’Intelligence Artificielle, le Blockchain, la Réalité Virtuelle ou augmentée, à des domaines tels que l’Éducation, l’Agriculture, le Transport…  Et surtout, nous organiserons le premier « African Tech Industry Dinner ». Une séquence de rencontre privilégiée et exclusive avec les acteurs les plus influents d’Afrique et dont un des invits d’honneur sera par exemple Tirelo Molotlegi, la Princesse du Royaume de Bafokeng (Afrique du Sud) dont le fonds d’investissements est un des plus importants en Afrique.


 

Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed
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