Rapport : l’Afrique, un nouveau leader mondial de la mode
En octobre dernier, Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO, a dévoilé un rapport soutenant que le continent a tout pour devenir l'un des prochains leaders mondiaux de la mode, à condition que les décideurs publics offrent un soutien accru à tous ceux qui travaillent dans le secteur et jouent un rôle dans l'écosystème de la mode.
La mode prend véritablement son envol en Afrique, et ce rapport montre qu’elle peut être développée encore davantage. Pour y parvenir, les designers, les professionnels et l’ensemble de l’infrastructure de production et de distribution ont besoin de plus de soutien de la part des décideurs publics. Le potentiel est énorme, non seulement pour l’économie, mais aussi pour l’inclusion des jeunes, l’émancipation des femmes et pour que la culture africaine résonne à l’échelle mondiale.
4 défis à relever pour concrétiser le potentiel du secteur de la mode en Afrique
Intitulée « Le secteur de la mode en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance », l’analyse de l’UNESCO montre que le continent détient tous les atouts pour devenir l’un des prochains leaders mondiaux de la mode. Il est un grand producteur de matières premières – 37 pays sur 54 produisent du coton -, un exportateur de textiles d’une valeur de 15,5 milliards de dollars par an, et un importateur de textiles, vêtements et chaussures d’une valeur de 23,1 milliards de dollars par an.
Une tendance croissante de consommation sur le continent est celle de la mode Made-in-Africa, particulièrement parmi les jeunes – les moins de 25 ans représentent 50 % de la population totale du continent – et parmi la classe moyenne émergente – qui représente déjà plus de 35 % de la population – ouvrant de nouveaux marchés de consommation. L’Afrique connaît également une croissance très rapide du secteur numérique, facilitant le commerce intra-africain et l’émergence de jeunes talents.
Comme en témoignent les 32 Fashion Weeks organisées chaque année, l’Afrique regorge également de talents dans les domaines de la haute couture, de l’artisanat et du prêt-à-porter. Une augmentation de 42 % de la demande de haute couture africaine est prévue au cours des 10 prochaines années.
Dans son rapport, l’UNESCO souligne 4 défis que les gouvernements et les décideurs doivent relever s’ils veulent concrétiser le potentiel du secteur de la mode en Afrique :
- Renforcer les protections légales pour les designers et les professionnels, en termes de droits de propriété intellectuelle, niveaux de rémunération, conditions de travail et capacité à s’organiser en syndicats professionnels et droits sociaux. Dans cette optique, l’UNESCO aide déjà 23 pays africains à améliorer le statut des artistes grâce à la législation et à la réglementation.
- Investir dans les petites et moyennes entreprises, qui représentent aujourd’hui 90 % des entreprises du secteur de la mode en Afrique. Couvrant l’ensemble du continent, elles sont les gardiennes de la diversité des pratiques culturelles et d’expression. Génératrices d’emplois locaux, elles sont également un levier puissant pour donner une chance aux jeunes désireux de s’intégrer dans le secteur.
- Établir des normes environnementales. Bien que l’industrie de la mode reste l’une des plus polluantes, l’Afrique peut davantage utiliser les matériaux locaux, innover autour des textiles durables et sensibiliser aux modes de consommation durables. La production de fibres de coton biologique en Afrique a déjà augmenté de 90 % entre 2019 et 2020, représentant désormais 7,3 % de la production mondiale. Le marché des vêtements de seconde main est l’un des plus dynamiques au monde – représentant un tiers des importations mondiales – mais souffre encore d’un manque de canaux de recyclage, avec 40 % de ces vêtements finissant dans des sites d’enfouissement, voire dans les océans et les rivières.
- Améliorer à la fois la transmission du savoir-faire et la formation formelle. L’Afrique est riche en compétences traditionnelles et en techniques textiles uniques, dont certaines sont déjà protégées par l’UNESCO. Le rapport encourage les pays à mettre en place des programmes de mentorat pour garantir que ces pratiques soient transmises de génération en génération et puissent continuer à inspirer les jeunes designers. Parallèlement, l’UNESCO appelle à une augmentation du nombre de qualifications disponibles dans les professions clés connexes – contrôle qualité, droit commercial, marketing – et dans la formation aux nouvelles technologies, telles que l’impression 3D et le commerce électronique.
À travers le continent, les consommateurs recherchent de plus en plus des produits ‘Made in Africa’ qu’ils voient comme un symbole de fierté et un moyen d’affirmer leur identité. Mais pour répondre à cette demande croissante, l’ensemble de la chaîne de production doit être renforcée. Ce rapport de l’UNESCO est utile car il trace la voie pour y parvenir, et il sensibilisera les décideurs publics.
L’UNESCO soutient les industries créatives en Afrique
L’engagement de l’Organisation pour le développement d’une économie créative dynamique en Afrique est conforme aux principes énoncés dans la Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Récemment, l’UNESCO a produit une série de rapports sur l’importance stratégique des industries culturelles et créatives en Afrique, notamment un rapport sur le cinéma africain publié en 2021, L’industrie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance.
Lire le rapport complet : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000387230