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Youssef Mamou : « YoLafresh digitalise tout le processus de distribution des fruits et légumes »

Lui-même mentor pour d’autres startupers, Youssef Mamou a lancé́ avec son associé Larbi Alaoui Belrhiti, YoLafresh, une startup pour connecter les marchands de fruits et légumes au Maroc. Une petite révolution est en marche dans ce secteur informel et traditionnel.

Par Mérième Alaoui

Lauréate du prix Supernova Challenge, décerné en marge du salon Gitex Africa du 31 mai au 2 juin à Marrakech, la startup marocaine YoLa Fresh a remporté 10 000 de dollars dans la catégorie de la durabilité et la technologie de l’agriculture. Elle développe une solution qui permet de digitaliser le processus de distribution des fruits et légumes entre le fermier et le détaillant traditionnel.

L’alliance de la technologie numérique avec les habitudes traditionnelles de consommation des Marocains. La plupart des familles achètent des fruits et légumes quasi tous les jours au coin de la rue. « 85% sont vendus dans le circuit traditionnel. Cela veut dire : les épiceries du coin, les étalages, les petits marchés de proximité́… », explique Youssef Mamou Co-CEO. « On a eu l’idée de digitaliser la supply chain des petits fermiers vers les détaillants, quand il s’agit des détaillants ». En ce qui concerne les revendeurs, il s’agit de faire gagner un temps précieux. « Chaque jour ils doivent vendre au marché́ au gros, passer entre 3 et 4 heures pour faire le tour acheter au bon prix à la bonne qualité́, et payer les frais logistiques parce qu’il n’a pas forcément un camion, et de pouvoir les ramener vers son magasin. »

Nous voulons saturer la ville avec la stratégie de la tâche d’huile en partant de Casablanca par secteur, puis au Maroc et jusqu’en Afrique ! 

YoLafresh propose de livrer tous les matins entre 7 et 9 heures, le bon produit à la bonne qualité́. Avec la livraison quotidienne, le gain de temps est important. « Le revendeur est très content, d’ailleurs c’est pour cela que tous les jours nous gagnons + 25% de croissance et on est très content ».

Basé à Casablanca, la capitale économique du Maroc, l’objectif est d’avancer par capillarité. « Nous voulons saturer la ville avec la stratégie de la tâche d’huile en partant de Casablanca par secteur, puis au Maroc et jusqu’en Afrique ! », avance Youssef Mamou.

L’autre volet concerne les petits producteurs, très nombreux au Maroc, qui ne labourent pas plus de 3 hectares. « Ils savent bien cultiver la terre mais ne savent pas forcément vendre. Ils n’ont pas le volume pour aller eux même vers le marché́ de gros. Résultat ils doivent tous les jours passer par un réseau d’intermédiaires qui ne leur garantit pas forcément le meilleur prix. » La startup assure qu’elle vend au meilleur prix, et sans retard de paiement. Mais surtout elle promet plus de visibilité́.

« Ces petits producteurs ne connaissent pas les besoins du marché du jour, donc ils ne savent combien de tonnes de pommes de terre ramasser aujourd’hui par exemple. Le risque de ce manque de visibilité́ est le gaspillage. Comme nous gérons le flux de matière, nous sommes capables d’optimiser. » L’autre argument est d’éviter le maximum de déchets : entre 24 et 40% de moins en fonction du produit, toujours selon les prédictions de YoLafresh.

Des données exploitées par l’IA pour créer des algorithmes prédictifs pour la demande et l’offre

« Nous exploitons les données que nous capturons pour superposer l’intelligence via l’apprentissage automatique et l’IA, afin de créer des algorithmes prédictifs pour la demande et l’offre, la dynamique des prix et d’autres écarts dans une chaîne d’approvisionnement de produits hautement périssables. »

Mais digitaliser un secteur traditionnel, qui a toujours fonctionné au jour le jour, via des canaux de communication classique, n’est-ce pas une petite révolution des mentalités ? « Cela ne veut pas dire qu’on va passer tout de suite par des terminaux 5G avec la dernière application. Digitaliser c’est déjà̀ sortir de l’informel pour une meilleure organisation. Et puis il faut arrêter d’imaginer ces vendeurs et autres détaillants comme de vieux paysans… La plupart sont déjà̀ connectés, et ont dans la trentaine en moyenne. »

Fondateur et Co-Ceo de YoLafresh, Youssef Mamou est aussi connu pour être mentor pour d’autres startupers. Il a dirigé́ jusqu’en mars 2023 les programmes de l’incubateur 212 Founders de CDG Invest. Diplômé de l’École des Ponts Business School (Paris), il est passé par Careem (acquis depuis par Uber), ou encore par Samsung North Africa. Née en avril 2023, YoLa fresh n’a que trois mois fait déjà̀ parler d’elle.

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