XPosure 2024 : l’Afrique sans filtre
Avec plus de 200 événements, dont 66 ateliers, la huitième édition du Festival international annuel de photographie, XPosure 2024, qui s’est tenu du 28 février au 5 mars à Sharjah, aura été une célébration de l'art de la photographie, du cinéma et d'autres formes visuelles. Une vitrine pour Sharjah, considérée comme la capitale culturelle des EAU, une voix pour l’Afrique également qui cherche à reconquérir son identité via ses photographes.
Par Dounia Ben Mohamed à Sharjah
Informer, divertir, sensibiliser, tromper ou manipuler également… S’il existe mille et une façon de prendre un cliché, il existe tout autant de manière de l’interpréter. Tout dépend de l’œil de son auteur et de son intention. Reste que, même à l’ère de la révolution technologique et de l’IA, la photographie demeure un art, une arme parfois, qui fascine.
C’est l’idée qui transcendait le huitième Festival international annuel de photographie, Xposure, qui se tenait du 28 février au 5 mars à Sharjah, considérée comme la capitale culturelle des Emirats Arabes Unis. Présentant plus de 200 événements, dont 66 ateliers, la plateforme a invité ses hôtes, originaires des quatre coins de la planète, à découvrir le monde d’aujourd’hui à travers le regard de ses photographes.
Conservation et sensibilisation : “ Vous ne pouvez pas dire que vous ne le saviez pas”
Ainsi, temps fort de la rencontre, la troisième édition du Sommet sur la conservation du Festival international de photographie Xposure, qui s’est tenu en présence du Cheikh Sultan bin Ahmed Al Qasimi, vice-souverain de Sharjah et président du Conseil des médias de Sharjah (SMC), a souligné l’urgence de préserver notre planète avec des présentations percutantes, rappelant à chacun sa responsabilité envers l’environnement.
“ Il n’y a pas de plan B parce que nous n’avons pas de planète B. Vous pouvez choisir de détourner le regard, mais vous ne pouvez pas dire que vous ne le saviez pas. » Une épitaphe qui viendra conclure une vidéo poignante, mêlant des images de la beauté de la planète à celles de guerres et catastrophes naturelles. Une projection suivie par un appel à l’action. Dans le contexte des événements récents et en cours, le Festival a mis en avant la guerre et les ravages qu’elle provoque comme l’un des thèmes centraux de cette 8ème édition, rendant notamment un hommage à une centaine de journalistes et de professionnels des médias qui ont tragiquement perdu la vie alors qu’ils couvraient la guerre d’Israël contre Gaza. “ En l’honneur des journalistes courageux qui ont offert leur vie pour nous montrer la vérité. Leur héritage est un appel au cessez-le-feu pour la paix.”
Une vitrine pour Sharjah
Un évènement qui aura également été l’occasion de promouvoir Sharjah, encore à l’ombre de Dubaï mais qui nourrit de grandes ambitions, dont celles de se positionner comme une capitale culturelle de renommée mondiale. Une ambition portée également par ses photographes.
Une odyssée visuelle à ainsi, à travers l’objectif de 25 photographes talentueux – dont des noms comme Anoop Basheer et Rajesh Balakrishna Menon – capturé l’essence de Sharjah, à la fois traditionnelle et moderne. Les photographies exposées sont le résultat de l’invitation de la campagne #SeeSharjah à toute personne de plus de 18 ans à partager ses photographies de Sharjah pour que le monde les voie.
Une voix pour l’Afrique
Une édition marquée également par une forte présence de photographes africains, présentant des travaux divers, mais avec la même intention : redéfinir, à travers leurs clichés, une Afrique sans clichés.
Ainsi, le pavillon “Rêve de Bamako”, conduit par Igo Diarra, fondateur de la Biennale de Bamako, des artistes des quatre coins du continent venus exposer leur Afrique, leur représentation du monde par la même occasion. “ Nous avons mis au défi les photographes d’amplifier ce faible écho de l’Afrique, explique Igo Diarra. Cette introspection va au-delà de la photographie ; c’est une progression naturelle de l’engagement avec les artistes et de notre immersion dans le discours contemporain. « Bamako Dream » invite les spectateurs à rêver avec nous et à participer à la création d’une nouvelle narration pour l’Afrique.”
Parmi ses photographes, des pionniers, des représentants de la nouvelle génération de photographes africains également. “ Il est très important que les photographes africains commencent à regarder leur propre perspective en premier lieu. Ce n’est pas seulement une question de photographie, c’est aussi une question de partage, de contribution à la croissance du continent, indique Mário Macilau, du Mozambique. “ La photographie est un outil pour documenter et il s’agit aussi de perception, poursuit Tamary Kudita , du Zimbabwe. Façonner ces perceptions et être des conteurs africains est nécessaire dans le monde d’aujourd’hui car il y a une beauté et une élégance africaine oubliée qui s’exprime à travers la photographie. Donc, amener de nouvelles voix apporte des perspectives nouvelles, avec l’aide des outils technologiques notamment, qui permettent aux récits africains de briller”.
“C’est ma sixième participation à l’exposition annuelle de photographie de Sharjah et je dois dire que c’est la première fois que nous assistons à une participation africaine aussi importante, observe Abdallah Sabo, auteur nigérian. C’est une plateforme pour les créatifs africains pour partager nos propres récits africains, car je crois que la photographie est en fait une partie intégrante du secteur créatif et que nous pouvons l’utiliser comme un médium pour partager notre propre histoire, l’histoire noire, l’histoire africaine, au monde et plus particulièrement au Moyen-Orient où, vous savez, pas grand-chose n’est connu sur les récits africains.”
Ainsi XPosure 2024 aura rempli sa mission. A savoir, bien plus qu’un simple festival de photographie, une invitation à voir le monde sous d’autres angles, une plongée dans le monde de l’art visuel. En marge des expositions et conférences des ateliers ont offert aux participants la possibilité de maîtriser l’art de la photographie, du cinéma et d’autres arts médiatiques visuels.