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Women in Tech à Paris “Les Africaines n’ont pas besoin d’audace, mais de moyens”

La première édition de Women in Tech s’est tenue à Paris les 30 et 31 mai avec près de 300 femmes venues de tous les continents. Lors de ce sommet pour une meilleure inclusion des femmes dans la Tech, les Africaines étaient au RDV.

Par Mérième Alaoui à Paris

Les écrans des téléphones mobiles affichent déjà les pages Linkedin des voisines de tables. Pour ces centaines de femmes rassemblées au salon de l’hôtel Westin à Paris, à deux pas des Tuileries et du musée du Louvre, pas question de perdre du temps. Plus ou moins proches du réseau international, Women in tech, c’est la première fois qu’elles se rencontrent “In real life”. Ou qu’elles se revoient après des années marquées par la pandémie de Covid 19.

« Je suis très attachée à l’idée de créer des relations avec des Africains d’origine comme moi, autour de la Tech ”

Venues des quatre coins du monde, des Etats-Unis, aux Emirats arabes Unis, ou encore d’Ouzbékistan, elles représentent cinquante pays. Face à la scène, deux Burkinabè, Sana et Gaëlle. “Nous sommes passées par la finance toutes les deux. De mon côté, je me suis formée ensuite à un haut niveau dans la Tech et j’ai vu sur les réseaux qu’elle était très active dans l’informatique ! J’ai donc facilité les choses pour qu’on se retrouve ici à Paris. Je suis très attachée à l’idée de créer des relations avec des Africains d’origine comme moi, autour de la Tech ” raconte enthousiaste Gaëlle Koanda, veste rose fushia, salariée de Western-Union aux Etats-Unis. 

Interview Gaelle Koanda

Le sommet qui vise à réduire les inégalités d’accès aux métiers de Tech pour les femmes,  est largement tourné autour de la personnalité fédératrice de la brésilienne Ayumi Moore Aoki qui n’hésite pas, joignant le geste à la parole, à prendre certaines femmes dans ses bras, à valoriser haut et fort les “relations humaines” et les “valeurs communes”. Et ce, dans le but de renforcer et fortifier ce réseau né il y a quatre ans seulement. A la tribune, des personnalités de premier plan comme Dr Christyl Johson, Directrice des investissements technologiques et de recherche à la NASA, ou encore la participation de Sheikha Mozah bint Marwan Al Maktoum, de la famille royale de l’Emir de Dubai, mais aussi la première femme pilote de cet emirat si puissant. 

« L’Afrique est le continent où il a plus de femmes entrepreneurs que d’hommes. Partout dans le monde, on essaie d’encourager, de mobiliser les femmes dans l’entreprenariat,  mais en Afrique c’est déjà le cas »

Interview Ayumi Moore Aoki

Au milieu de ces nombreuses voix et de parcours qui comptent, les Africaines ont une particularité pour la fondatrice Ayumi Moore Aoki. “Ce qui est intéressant en Afrique, c’est le continent où il a plus de femmes entrepreneurs que d’hommes. Partout dans le monde, on essaie d’encourager, de mobiliser les femmes dans l’entreprenariat,  mais en Afrique c’est déjà le cas. Elles ont déjà cette rage, cette envie, cette force. Les Africaines n’ont pas besoin d’audace, mais de moyens », explique-t-elle. 

La panéliste africaine qui représente cette ambition est Séléna Souah. Jeune franco gabonaise, elle a obtenu en un temps record, une licence d’exploitation pour son opérateur de télécom au Rwanda. “Revolution Air” propose internet à bas coût et privilégie les zones rurales dans le pays aux mille collines. 

Interview Selena Souah

“C’est notre première licence, notre but est de créer un réseau panafricain et connecter des zones rurales. Aujourd’hui, elles ne le sont qu’à 16% ce qui est très faible. L’Afrique est le deuxième continent le plus peuplé, avec la population la plus jeune mais aussi la moins connectée. Pourtant c’est le continent d’Elon Musk !” rappelle-t-elle dans un sourire. Le débat auquel Selenah Souah a participé portait justement sur l’inclusion digitale de demain. 

 » Informer, inspirer et catalyser les efforts collectifs visant à réduire l’écart entre les sexes dans le numérique »

Si Women in Tech travaille déjà avec des ambassadrices en Afrique du Sud, au Nigéria ou en Zambie, l’objectif est de multiplier les collaborations, répète Ayumi Moore Aoki. “Notre ambassadrice Mafunase Malenga a fait un travail extraordinaire dans un petit village à deux heures de Lusaka. Nous l’avons aidé à créer un centre informatique pour le village. Mais pour cela, il a fallu d’abord apporter l’eau, puis l’électricité !” 

Ce n’est plus à démontrer, le potentiel de l’Afrique est réel, considéré comme “le continent du prochain million d’utilisateurs” rappelle Selena Souah. “Le continent de tous les possibles, ma propre histoire le prouve. Je souhaite à travers mon témoignage faire changer les mentalités, montrer qu’il y a une jeunesse qui en veut. Des femmes ambitieuses et qui vont au bout. Au départ, on m’a dit que je n’aurais jamais la licence, et pourtant !” sourit la jeune femme. 

La prochaine édition de Woman in Tech devrait se tenir en 2023. Toujours avec la même mission : informer, inspirer et catalyser les efforts collectifs visant à réduire l’écart entre les sexes dans le numérique. 

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