Vivatech : la souveraineté numérique au cœur de l’édition 2023
La 7ème édition de Vivatech, qui se tenait à Paris du 14 au 17 juin, a tenu ses promesses. A savoir offrir un tour du monde des dernières avancées technologiques venues des quatre coins de la planète. Y compris du continent avec la participation, cette année encore, de startups africaines venues confirmer la présence, grandissante, de l’Afrique sur la scène de l’innovation. Et alors que cet univers s’interroge sur la part sombre de la technologie et notamment de l’IA, l’Afrique entend faire entendre sa voix, et sa voie.
Par Dounia Ben Mohamed, à Paris
» Il existe toute une gamme de possibilités, et bien que la plupart soient favorables à l’IA, il est important de prendre en compte tous les scénarios. Par conséquent, je recommande vivement une régulation de l’IA. » Véritable guest star de Vivatech, qui se tenait à Paris du 14 au 17 juin derniers, le patron de Tesla, SpaceX et depuis peu de Twitter, Elon Musk, personnalisée qui fascine autant qu’elle dérange, aura finalement donner le ton de la 7ème édition du plus grand RDV tech européen.
Le développement d’IA génératives comme ChatGPT a révélé le potentiel de cet outil numérique au grand public mais a aussi ravivé la bataille pour la souveraineté technologique, qui passe aujourd’hui par la maîtrise de ces algorithmes
Une édition 2023 qui se tenait en effet dans un contexte particulier pour le monde de la technologie alors que plusieurs pionniers de l’IA ont appelé à ralentir le rythme afin de “réguler” le secteur, sur un plan éthique notamment. Un débat dans lequel la France entend se positionner comme l’a indiqué son président, Emmanuel Macron, participant à l’événement le 14 juin. « Sur l’IA, il faut faire en même temps de l’accélération pour la recherche, l’innovation et la création d’un écosystème puissant et participer à une régulation dont le périmètre doit être le plus large possible(…). Le pire des scénarios, c’est une Europe qui investirait beaucoup moins mais qui déciderait de commencer par la régulation. Ce scénario est possible (…), ce n’est pas celui que je soutiendrai(…). Nous devons sur ce sujet mettre en œuvre une réglementation, qui doit à la fois fournir un cadre juridique sécurisé et stabilisé favorable à une innovation raisonnée et éviter les dérives ».
Tout en s’engageant à soutenir une « doctrine » et mobiliser un Partenariat mondial pour l’IA (PMIA) et à maintenir les discussions sur un AI Act, le chef de l’Etat a présenté son plan pour soutenir l’IA française et plus globalement les startups de la « French tech »,_ dont un financement à hauteur de 500 millions d’euros de 5 à 10 IA-Clusters_, lequel répond à des enjeux de souveraineté a-t-il souligné. « L’arrivée de l’intelligence artificielle au cœur du quotidien des Français et le développement d’IA génératives comme ChatGPT a révélé le potentiel de cet outil numérique au grand public mais a aussi ravivé la bataille pour la souveraineté technologique, qui passe aujourd’hui par la maîtrise de ces algorithmes », a observé le président de la République.
Vidéo Intervention d’Emmanuel Macron, Vivatech 2023
L’IA, 25 % des startups présentes à Vivatech contre 8 % l’année
Des échanges qui se sont poursuivis quatre jours durant autour de l’IA, clairement au centre de cette édition représentant 25 % des startups présentes contre 8 % l’année dernière. Ce qui confirme la tendance. Et si Elon Musk, Xavier Niel (Iliad, Free, Ecole 42), Dan Schulman (PayPal), Bernard Arnault (LVMH), Éric Larchevêque (Ledger), étaient les invités prestigieux de la rencontre, les véritables stars auront été les 300 innovations technologiques présentées. Dans le domaine du sport, de la santé, de l’éducation ou encore des transports. Parmi lesquelles Software République, la première “voiture logiciel” présentée par Renault. En collaboration avec Orange, Atos, Dassault, STM ou encore Thales, la marque automobile a saisi l’occasion de se RDV pour prouver sa présence parmi les innovateurs du secteur.
Des innovations made in Africa étaient de la partie. Parmi lesquelles Kumulus Water, la machine qui transforme l’eau en air développée par une équipe d’ingénieurs tunisiens ou Mellow Vans, des véhicules électriques et low-cost, 100% Made in South Africa et prêts à envahir le marché international.
Kumulus : une solution à la crise mondiale de l’eau
MellowVans: sur la route du marché international
Invitée d’honneur, la Corée du Sud aura également été du RDV. Figure de proue de la technologie mondiale, la Corée, représentée entre autres par Lee Young, ministre des PME et des startups de la Corée du Sud, 40 startups, KT, l’Institut coréen de développement des startups et de l’entrepreneuriat, l’Institut coréen de promotion du design ou encore le Centre pour l’économie créative et l’innovation m aura présentée son écosystème technologique, illustré par le succès de Samsung devenu un des leaders mondiaux. Décidée à devenir un hub technologique mondial, la Corée a invité les délégations présentes à Vivatech à envisager de futurs partenariats. Y compris avec l’Afrique.
Interview Park Jonghyuk Director KISED (Korea Institute of Startup & Entrepreneurship Development
Une Afrique qui n’en attend pas moins. Ministres, directeurs d’agences nationales, du Sénégal, de Côte d’Ivoire ou d’Afrique du Sud… Aux côtés des startups, dont les lauréats du concours Africa Tech Awards, organisés en partenariat avec l’IFC, des représentants institutionnels venus également promouvoir leur écosystème numérique.
Interview Cheikh Bakhoum, Directeur général Senum
Interview Linda Nanan VALLÉE, Directrice exécutive, Fondation Jeunes et numérique Côte d’Ivoire
Une technologie au service du développement ainsi que le promeut Afrikanda. Une initiative qui vise par la même occasion à valoriser l’histoire du continent, ses richesses, à travers ses innovations technologiques.
Haikel Drine, fondateur d’AfriKanda ou l’IA au service du développement
En Afrique, il y a des défis, mais d’énormes opportunités (…) Personne d’autre que les Africains ne développera l’Afrique, et le secteur privé doit mener cette transformation
Une Afrique décidée à faire entendre sa voix…et sa voie. “ A travers la participation de personnalités telles que Tony Elumelu, président de Heirs Holdings et fondateur de la Fondation Tony Elumelu. Lequel aura notamment plaidé en faveur de « l’africapitalisme”. “En Afrique, il y a des défis, mais d’énormes opportunités. Notre population et notre démographie constituent le plus grand marché mondial pour les affaires, le travail et l’innovation. En tant qu’entrepreneur et philanthrope qui investit dans les personnes et les entreprises à travers l’Afrique, je sais qu’il n’y a nulle part dans le monde où vous obtenez le genre de retour sur investissement que vous faites en Afrique. J’ai partagé ma motivation pour la philosophie de l’africapitalisme. Je suis né, j’ai grandi et j’ai toujours travaillé en Afrique. Personne d’autre que les Africains ne développera l’Afrique, et le secteur privé doit mener cette transformation, en faisant bien et en faisant le bien.”
Vivatech, une initiative qui jette une lumière positive de l’Afrique au reste du monde
A l’image des actions menées par l’entrepreneur Nigérian et sa fondation. “En 2010, nous avons créé The Tony Elumelu Foundation. C’est pourquoi nous identifions et autonomisons les jeunes entrepreneurs africains brillants – 18 000 à ce jour – qui ont de grandes idées mais manquent de ressources économiques pour transformer leurs idées en réalité(…) La discipline, le travail acharné, la ténacité, la résilience, la concentration et, plus important encore, la technologie sont essentiels. Les entreprises qui n’adoptent pas la technologie sont conçues pour échouer, et les entrepreneurs qui veulent réussir à long terme doivent se concentrer sur la construction pour durer. »
Le discours de Tony Elumelu
Et de conclure par des remerciements à l’attention de Vivatech , « une initiative qui jette une lumière positive de l’Afrique au reste du monde”. 2023 en aura été une nouvelle occasion…