L’Afrique enregistre une forte croissance qui tire vers le haut les secteurs porteurs – y compris celui du transport aérien. Cependant, un défi reste à relever : celui de la libre circulation dans le ciel africain pour les compagnies nationales africaines. C’est dans cette optique que les Etats du continent ont déjà envisagé, sous l’égide de l’UA en mars dernier, de mettre sur pied le marché aérien commun en 2017, et ce en attendant la 6e convention des acteurs de l’aviation civile qui se tiendra du 7 au 9 Mai prochain à Tunis.
Le transport aérien en Afrique a augmenté de 6,6%, ce qui en fait la région qui a enregistré la croissance la plus rapide après le Moyen-Orient. Et pourtant l’Afrique ne représente que 3% du trafic mondial avec 100 millions de passagers par an. Pour booster le secteur, les Etats africains ambitionnent de libéraliser l’espace aérien du continent pour les compagnies nationales. Cette démarche traduit la volonté de l’Union Africaine (UA), réunie à Lomé au mois de mars, de faciliter le trafic aérien entre les pays africains.
Libéraliser le ciel africain
« L’Afrique souffre d’un problème de communication. C’est très difficile de partir d’un pays pour un autre sur le continent. Et cela entrave les échanges dans tous les secteurs porteurs de la croissance. Nous sommes à un siècle où nous vivons à une grande vitesse avec les moyens de transport aérien comme l’avion. Malheureusement, l’Afrique souffre d’un déficit de communication », a reconnu Gilbert Mokoki, ministre des transports, de l’aviation civile et de la marine marchande du Congo Brazzaville lors de la rencontre de Lomé tenue en mars dernier et consacrée aux problèmes du secteur en Afrique.
Il s’est félicité des initiatives prises jusqu’à ce jour visant à mettre fin aux mesures protectionnistes qui portent atteinte aux compagnies aériennes africaines, dominées par celle de l’occident sur le continent. « Il y a beaucoup d’initiatives isolées de pays qui se sont heurtées à des barrières protectionnistes. Désormais, il va falloir franchir ces barrières pour enfin libéraliser le ciel africain pour nos compagnies aériennes afin de pouvoir échanger entres nos états. Ceci passera par la création d’un marché aérien unique pour que les compagnies africaines puissent voler sur une zone commune », a-t-il ajouté.
200 millions de passagers potentiels par an
L’initiative ne date pas d’aujourd’hui. En effet, la Déclaration de Yamoussoukro relative à une nouvelle politique aéronautique africaine en octobre 1988, tout comme la Décision relative à la libéralisation de l’accès des marchés du transport aérien en Afrique en novembre 1999, ont déjà donné le ton pour un espace aérien commun et libre. Mais il reste à traduire dans les faits ces intentions. Aujourd’hui, l’idée suscite beaucoup d’espoir auprès des acteurs du secteur quoique beaucoup reste à faire.
En 2016, seulement 19 pays sur les 54 que compte le continent ont adhéré à l’initiative de la mise en place d’un marché aérien commun. Et pourtant, cet espace envisagé représente un vaste marché d’environ 635 millions d’âmes avec 200 millions de passagers potentiels par an. « L’avantage du marché aérien commun, c’est qu’il y aura un liberté de circulation des personnes et des marchandises. Il y aura aussi une liberté de voler pour les compagnies aériennes nationales sur l’espace communautaire. Et tout ceci va catalyser les échanges commerciaux et le rapprochement des peuples. Donc, cela va permettre de promouvoir le développement des pays africains », a expliqué Ninsao Gnofam, ministre togolais des transports. « Cela va aussi permettre de booster les échanges régionaux. Donc, c’est le processus de l’intégration régionale qui va se renforcer», a-t-il ajouté.
Les défis : financement et réglementation
« Nous devrons mettre en commun nos forces dans tous les domaines notamment, technique, commercial, administratif, et ce dans un environnement législatif et réglementaire harmonisé pour pouvoir réussir le défi du développement du secteur du transport aérien en Afrique. Pour amorcer ce développement, il va falloir aussi investir. C’est pourquoi le Togo a fait beaucoup d’efforts en matière d’investissements dans la construction et la modernisation de ses infrastructures de transport aérien afin de devenir un hub régional. », a expliqué Latta Gnama, directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile du Togo (ANAC-Togo).
Cette initiative permettra d’éviter des désagréments aux compagnies aériennes qui sont obligées de détourner leurs vols vers d’autres destinations parce qu’un Etat leur a refusé l’usage de son espace aérien. Le projet sera à l’ordre du jour lors de la 6e convention des acteurs de l’aviation civile qui se tiendra du 7 au 9 Mai prochain à Tunis. « La libéralisation complète de l’environnement du transport aérien va : faciliter la consolidation aérienne à travers la création des entités opérationnelles viables pour faciliter une meilleure connectivité ; s’accompagner d’une politique d’ouverture frontalière avec l’introduction du e-visa, e-frontière et les passeports biométriques utilisés pour plus de sécurité, et de rapidité de voyage ; et promouvoir l’industrie touristique en ligne », a ainsi souligné Elijah Chingosho, secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes Africaines (AFRAA).