A la uneActualité
A la Une

Türkiye-Africa Business and Economic Forum : une relation économique qui s’accélère

Le Türkiye-Africa Business and Economic Forum (TABEF) dont la prochaine édition se tiendra les 16 et 17 octobre prochains à Istanbul, est devenu un rendez-vous incontournable pour les acteurs économiques turcs et africains. Depuis sa création, ce forum a joué un rôle clé dans le renforcement des relations commerciales et économiques entre la Turquie et le continent africain. Alors qu’Ankara affiche de nouvelles ambitions, notamment de doubler le volume des échanges avec l’Afrique, certains déséquilibres persistent…

Depuis le début des années 2000, la Turquie a intensifié sa présence en Afrique, tant sur le plan diplomatique qu’économique. Le président Recep Tayyip Erdoğan a souvent souligné l’importance de cette stratégie : « Notre commerce avec toute l’Afrique s’élevait à environ 7 milliards de dollars en 2005. En 2016, ce chiffre avait déjà atteint 17 milliards de dollars, et il continue de croître », déclarait-il lors d’une visite officielle.

@TABEF

Cette volonté se traduit par une multiplication des ambassades turques sur le continent. Selon l’ancien ambassadeur turc Numan Hazar :« Depuis 1998, le nombre d’ambassades turques en Afrique est passé de 12 à 44, illustrant l’engagement diplomatique de la Turquie envers le continent. »

50 milliards de dollars d’échanges dans les prochaines années

De même, au niveau du commerce bilatéral, les résultats sont tangibles. En 2024, les exportations turques vers l’Afrique ont atteint 19,4 milliards de dollars, en hausse de 1,7 % par rapport à l’année précédente. L’Égypte a absorbé 3,5 milliards de dollars, suivie par le Maroc (3,1 milliards) et la Libye (2,5 milliards). Ces chiffres, bien que positifs, restent en deçà des objectifs affichés par Ankara, qui vise 50 milliards de dollars d’échanges dans les prochaines années.

Le ministre turc du Commerce, Ömer Bolat, a récemment déclaré : « Nos exportations vers l’Afrique se sont rapprochées de 10 milliards de dollars en seulement six mois. Le Maroc est devenu notre premier partenaire africain, devant l’Égypte et la Libye. »

Un investisseur de plus en plus présent

Au-delà du commerce, la Turquie s’affirme comme investisseur. Le ministre Ömer Bolat a précisé : « Nos hommes d’affaires ont investi 2,3 milliards de dollars en Afrique, créant plus de 35 000 emplois. »

Le secteur du bâtiment concentre l’essentiel de cette présence : « Nos entreprises de construction ont déjà réalisé pour 97,5 milliards de dollars de projets en Afrique. Cela représente près de 20 % de nos activités internationales », expliquait le ministre.

Ces investissements couvrent divers secteurs, notamment l’énergie, la santé et les infrastructures, répondant ainsi aux besoins croissants du continent.

La Turquie est un acteur fiable en Afrique. Nous n’imposons rien, nous cherchons des solutions communes, dans une logique de win-win

Pour Ankara, la clé réside dans le modèle présenté comme un partenariat équilibré. Le vice-ministre turc des Affaires étrangères, Burak Akçapar, soulignait récemment : « La Turquie est un acteur fiable en Afrique. Nous n’imposons rien, nous cherchons des solutions communes, dans une logique de win-win. »

Cette approche séduit certains dirigeants africains. Lors du précédent Forum Turquie-Afrique d’Istanbul, plusieurs ministres africains ont insisté sur la nécessité de diversifier leurs partenaires économiques et de sortir d’une dépendance excessive envers l’Europe ou la Chine. Le partenariat turc, plus récent, est perçu comme une opportunité supplémentaire.

La concentration des échanges sur quelques pays fragilise l’ambition panafricaine d’Ankara

Pour autant, les déséquilibres demeurent. La concentration des échanges sur quelques pays — Égypte, Maroc, Libye, Algérie, Nigeria — fragilise l’ambition panafricaine. De même, la forte présence turque dans le BTP expose la relation aux cycles budgétaires africains.

Les experts rappellent que pour ancrer sa place durablement, la Turquie doit diversifier ses secteurs d’intervention (agro-industrie, énergies renouvelables, numérique), investir dans la formation et garantir plus de transferts de compétences.

Comme le résumait un diplomate africain lors du dernier forum : « Les Africains apprécient la réactivité turque. Mais pour bâtir une relation durable, il faut aller au-delà des chantiers et miser sur le capital humain. »

De nouvelles ambitions turques

@TABEF

Le Türkiye-Africa Business and Economic Forum 2025 s’annonce comme un moment charnière dans la diplomatie économique d’Ankara. Alors que la Turquie multiplie les initiatives pour renforcer son ancrage sur le continent, cette nouvelle édition vise à redéfinir les priorités du partenariat turco-africain autour de trois axes : la diversification sectorielle, le renforcement des investissements directs et la coopération technologique.

Le forum sera l’occasion de présenter la nouvelle stratégie africaine de la Turquie, plus inclusive et tournée vers l’innovation, le numérique, les énergies renouvelables et la formation. Ankara souhaite ainsi dépasser son image d’acteur dominant du BTP pour devenir un partenaire global du développement africain, capable d’accompagner la transformation structurelle des économies du continent.

Selon les autorités turques, cette orientation marque une évolution majeure de la relation : il ne s’agit plus seulement d’échanges commerciaux, mais de co-construction de chaînes de valeur et de création d’emplois qualifiés. Plusieurs accords devraient être signés lors du forum, notamment dans les domaines de la technologie, de l’agro-industrie et de l’infrastructure verte, témoignant d’une volonté partagée d’inscrire la coopération dans la durée.

Pour de nombreux observateurs, le TABEF 2025 sera donc bien plus qu’un simple rendez-vous économique : il symbolise une nouvelle étape du partenariat stratégique Turquie-Afrique.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page