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Tunisie : Startup Tunisia, pour l’émergence d’une nation d’entrepreneurs 

Startup Tunisia est l’initiative qui ambitionne de faire de la Tunisie un véritable hub de startups à la croisée de la Méditerranée. A travers son «  rapport annuel de 2021 », une meilleure compréhension de l’évolution de l’environnement entrepreneurial tunisien local et à l’échelle internationale est possible. Retour sur les points clés du rapport avec des entrepreneurs et experts. 

Par Yousra Gouja 

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« Nous avons mis en place Le collège des startups : l’organisme reçoit des dossiers et donne un jugement sur la labellisation pour que les startups soient reconnues par les administrations », présente d’emblée Khaled Ben Jilani, Senior Partner à AfricInvest.   A travers son programme national Startup Tunisia sur trois piliers, la Tunisie a fait le pari d’offrir aux startups locales les meilleures conditions favorisant leur croissance et structuration. 

En s’appuyant sur un socle solide, le Startup act, le cadre juridique innovant qui promeut les nouvelles startups en Tunisie et celles qui désirent s’y installer et créer de l’emploi. Adopté en 2018, le Startup Act se fonde sur un label de mérite et une série d’avantages en faveur des entrepreneurs, des startups et des investisseurs. Entretemps, un autre dispositif a été mis en place, le Startup invest, un cadre de financement pensé pour faire émerger un écosystème de fonds VC (Venture Capital) à forte valeur ajoutée. De même, Startup ecosystem se veut un cadre d’appui aux Startups et aux hubs entrepreneuriaux qui a été mis en place dans le but de consolider l’écosystème entrepreneurial. « Avec l’idée de la Startup friendly, il faut lever des charges patronales et sociales et leur donner des avantages en termes de droit ainsi que des comptes en devises forts : en euros ou en dollars. Pour les micro-entrepreneurs, il s’agit de leur attribuer des bourses entre 12 et 24 mois », complète Khaled Ben Jilani.  

« Il y a d’autres financements privés ainsi que la diaspora qui peuvent encore faire plus avec un meilleur impact » 

Autrement dit, destiné à encourager le développement d’une économie numérique inclusive, en incitant la création de jeunes pousses tout autant que l’installation de startups étrangères, la Tunisie est devenue pionnière en Afrique pour la mise en place d’un cadre juridique adapté. Devenu une référence sur le continent, inspirant le Sénégal, le Rwanda ou encore l’Algérie, il a entraîné une émulsion pour le secteur au niveau local. L’investissement dans les startups en Tunisie a augmenté de 31 % entre 2017 et 2021, totalisant 38,2 millions de dollars à travers 54 transactions au cours de la période 2020-21. Au cours de la même année, 40 nouveaux programmes de soutien aux startups à travers l’écosystème ont vu le jour dans le pays, parmi lesquels des programmes et incubateurs tels que The Dot, CoStarT, Coworky, Hive12, ou encore Foundup.

La société de capital-risque Flat6Labs a augmenté son fonds d’amorçage Anava Seed Fund (ASF) basé en Tunisie de 3 à 10 millions de dollars. ASF a été lancé en 2017 en partenariat avec le Tunisian American Enterprise Fund, la BIAT Bank et Meninx Holding. Le Tunisien Expensya, fabricant de logiciels de gestion des dépenses, a levé une série B de 20 millions de dollars en mai 2021. Wattnow, une solution de gestion intelligente de l’énergie, a levé une pré-série A de 1,3 million de dollars en mars 2022. 

Une évolution de l’écosystème numérique local analyse dans le «  rapport annuel Startup Tunisia de 2021 ». Développé sur la base d’une collecte de données et de leur analyse, le rapport a été réalisé sur la base de formulaire envoyé à 646 startups. L’opération de diffusion par le biais du mailing, des appels téléphoniques et des relances, s’est soldée par 348 réponses reçues ; soit 53% des Startups contactées avec une marge d’erreur de 4%. 

Mais toutes les startups tunisiennes n’ont pas été sollicitées car elles ont un statut particulier. Samar Louati, entrepreneure et business angel, raconte : « Je suis basée à Tunis depuis quelques mois. Ma dernière startup est ESG smarter. Je ne suis pas labélisée car mon marché est à l’étranger et je suis obligée de m’installer à l’étranger et avoir mon siège social en Angleterre. Mais notre centre de recherches et développement est en Tunisie. » En Tunisie, elle précise : « Nous continuons à subir une administration archaïque, ils faut dénicher les freins et les faire sauter. »

De son côté, Haïkel Drine, fondateur d’Afrikanda, a une idée du potentiel de son pays d’origine,  la Tunisie : « La Tunisie est le 2e pays à former des ingénieurs en Afrique après l’Egypte. Avec Afrikanda, nous faisons travailler près de 17 nationalités africaines, en m’appuyant sur des financements personnels et privés. » Concernant le rapport, ilSony avis nuancé  : « Dans le rapport, il manque des startuppeurs qui ne sont pas liés aux bailleurs de fonds comme la BPI par exemple et les autres cités dans le rapport ne sont pas assez pour développer l’écosystème tunisien avec une vraie valeur à ajouter. Il y a d’autres financements privés ainsi que la diaspora qui peuvent encore faire plus avec un meilleur impact. »

« La Tunisie pourrait être une terre d’accueil pour les startups »  

Les startups montrent une capacité à appréhender et conquérir leurs marchés locaux et internationaux en affichant une tendance haussière depuis 2019. Le chiffre d’affaires a augmenté de plus de 60% entre 2020 et 2021. Pour Houda Ghozzi, fondatrice de l’Open Start-up International, « Sur le plan économique, les startups peuvent être un vivier de compétences. Les startups offrent de la valeur ajoutée, encore plus que de proposer des créations de postes. Cela change l’image de la Tunisie qui est juste là pour faire de la sous-traitance. » Elle complète sur une ambition : « Les améliorations de la réglementation, légèrement plus souple, permet aux internationaux de s’intéresser davantage à la Tunisie. La Tunisie pourrait être une terre d’accueil pour les startups qui ont peu de moyens également et vivre une vie plus facile que celle qui est possible en Europe. »

Reste à combler le chaînon manquant ainsi que le souligne l’économiste Adel Ben Youssef : « Les bailleurs de fonds jouent un rôle important dans le démarrage, surtout en régions. Cela doit rester une finance de démarrage cependant et ne pas devenir un financement de croissance. Par la suite, c’est l’accès au crédit qui pose problème. Il faudrait des montants plus élevés. Il faudrait plus travailler dans la coordination. » En somme, l’accès à l’information est toujours variable : « Les agences locales ne connaissent pas très bien le Startup Act. Les jeunes perdent autant de temps  à développer qu’à faire de la paperasse, cela limite les expansions. » 

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