Tunisie : L’industrie textile mise sur le vert pour améliorer sa compétitivité
En pleine transition écologique et numérique, le secteur textile tunisien, un des piliers de l’économie du pays, se réinvente pour répondre aux nouvelles exigences internationales. À travers des innovations technologiques et un engagement vers des pratiques durables, les entreprises tunisiennes ambitionnent de renforcer leur compétitivité tout en réduisant leur empreinte environnementale. Un changement de cap indispensable pour rester compétitif sur les marchés internationaux, notamment en Europe.
Le secteur textile tunisien représente une part importante de l’économie nationale, à la fois par son impact sur l’emploi et sur les exportations. Il est le deuxième secteur exportateur du pays, juste après l’industrie mécanique et électrique. Environ 30 % des entreprises tunisiennes et 150 000 travailleurs sont liés à cette industrie. Cependant, face aux nouvelles exigences écologiques et à la concurrence croissante des marchés internationaux, ce secteur doit évoluer pour maintenir sa compétitivité.
El Mohsen Missaoui, directeur général de la société Cettex, un centre technique et de soutien aux entreprises textiles tunisiennes, explique l’importance de cette transition. « Le secteur textile est essentiel pour l’économie tunisienne, il crée des milliers d’emplois et génère une grande part des exportations. Mais pour rester compétitif, nous devons adopter des technologies de pointe, à la fois pour la transition numérique et pour répondre aux défis écologiques », souligne-t-il.
L’industrie textile tunisienne se tourne vers l’innovation verte
L’une des principales priorités du Cettex et du secteur textile en général est la transition vers des pratiques plus durables. « Le secteur textile est l’un des plus gourmands en ressources naturelles, notamment en eau. La nécessité de réduire cette consommation est donc primordiale. Nous avons déjà fait des investissements dans des technologies permettant de diminuer l’empreinte écologique de notre production », précise Missaoui. Parmi ces innovations, on trouve des stations d’épuration d’eau et des technologies permettant de limiter la consommation d’énergie et d’eau.
Le secteur répond ainsi aux exigences de plus en plus strictes de l’Union Européenne, notamment dans le cadre du Green Deal, qui impose aux entreprises de réduire leur empreinte carbone et leur consommation d’eau. À cet égard, la Tunisie a fait un grand pas en avant, avec des industries textiles désormais « très avancées » dans la réduction de leur empreinte carbone et de leur consommation d’eau.
“Un projet innovant de production de jeans avec zéro consommation d’eau et zéro pollution”
Le Cettex, en tant qu’acteur clé du secteur, joue un rôle crucial dans cette transition écologique. L’établissement aide les entreprises textiles tunisiennes à s’adapter aux nouvelles normes écologiques et à intégrer des technologies modernes. « Nous travaillons activement pour améliorer la compétitivité du secteur en soutenant l’innovation technologique. Nous avons ouvert de nouveaux laboratoires spécialisés dans l’analyse chimique, physique et toxicologique des matériaux pour aider les entreprises à se conformer aux standards internationaux », explique Missaoui.
Le Cettex facilite également l’accès des entreprises tunisiennes à des technologies plus écologiques et soutient le développement de nouveaux projets pilotes. Par exemple, un projet innovant de production de jeans avec zéro consommation d’eau et zéro pollution est actuellement en phase de négociation. Ce projet, en collaboration avec des bailleurs de fonds, vise à faire de la Tunisie un leader dans la production de denim écologique.
Un marché européen exigeant, mais prometteur
Une grande partie des exportations tunisiennes se dirige vers l’Europe, où les normes écologiques sont de plus en plus strictes. Pour répondre aux exigences de ce marché, les entreprises textiles tunisiennes ont donc dû adapter leur production. « Nous sommes déjà bien positionnés en Europe. Mais face à la concurrence asiatique, l’innovation et la durabilité deviennent des facteurs clés pour rester compétitifs », indique Missaoui.
En parallèle, la Tunisie explore de nouveaux marchés, notamment en Afrique et aux États-Unis. L’accord de libre-échange (ZLECAf) ouvre des perspectives intéressantes. Le marché américain, en particulier, offre un potentiel énorme, notamment dans le secteur des vêtements de travail et du denim. Avec des produits comme les jeans, la Tunisie pourrait se positionner sur un marché mondial de 3,6 milliards de dollars, augmentant ainsi ses exportations et renforçant la croissance économique.
L’avenir : une économie circulaire et plus verte
Le projet d’un code pour l’économie circulaire en Tunisie, en cours d’élaboration avec le ministère de l’Environnement, pourrait permettre d’encourager encore davantage les pratiques écologiques dans le secteur textile. Cette nouvelle réglementation viserait à réduire les déchets et à favoriser le recyclage des matériaux, contribuant ainsi à la transition vers une industrie textile plus verte.
« La transition écologique est aujourd’hui un facteur incontournable pour améliorer la compétitivité du secteur textile tunisien. En investissant dans l’innovation verte, nous répondons aux besoins des consommateurs de plus en plus soucieux de l’environnement, tout en nous préparant aux défis futurs », conclut Missaoui.
Le secteur textile tunisien, un moteur clé de l’économie nationale, se réinvente avec une vision plus verte et plus innovante. En s’adaptant aux nouvelles exigences écologiques et numériques, il aspire à renforcer sa compétitivité sur le marché européen tout en explorant de nouveaux marchés. Cette transition verte est un atout majeur pour l’avenir de l’industrie textile tunisienne et pour la croissance économique du pays.