Alors que le président français, Emmanuel Macron, s’est rendu en Tunisie dans le cadre d’une visite d’état placée sous le signe de la coopération et de l’économie : les Tunisiens attendent désormais des actes forts.
Mohamed Abdellaoui à Tunis
La récente visite d’État d’Emmanuel Macron, en Tunisie la semaine dernière a permis la signature de huit accords de coopération.
Ceux-ci portent sur la lutte anti-terroriste ainsi que sur une initiative commune pour soutenir les jeunes entrepreneurs tunisiens. Ces accords prévoient également la création d’une université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (IFTAM). Un autre sujet a été abordé: celui de la dette tunisienne. Tunis a obtenu un réajustement de celle-ci. Son montant est estimé à 30 millions d’euros, selon les autorités tunisiennes. Enfin, Paris et Tunis ont annoncé la signature d’une convention pour le financement de la réforme de gouvernance des établissements publics tunisiens.
Belles promesses
S’exprimant lors de la clôture de la 1ère édition du Forum économique Tunisie-France sur le thème : «Réussir ensemble aujourd’hui et demain», Emmanuel Macron a affirmé : «Nous pouvons mettre en place, dès cette année, un plan d’urgence de 50 millions d’euros, pour accélérer les projets entrepreneuriaux», et il ajoute : «ceci afin de permettre aux jeunes d’avoir un accès au marché français et de bénéficier d’un accompagnement financier», a-t-il conclu.
Selon Emmanuel Macron, la colocalisation est un axe de la nouvelle configuration du partenariat bilatéral. «Ce qui se joue ici est essentiel non seulement pour la Tunisie mais aussi pour toute la région», a-t-il commenté, insistant sur le développement de la francophonie et de l’esprit d’entreprise.
Dans la même optique, le président français a appelé les Tunisiens à élaborer eux-mêmes des idées de projets que la France soutiendra par la suite. Ces initiatives devraient permettre d’accroître les relations économiques entre ces deux pays.
La valeur globale des échanges entre les deux pays a atteint 18 milliards de dinars en 2017, près de 6 milliards d’euros selon le ministère du commerce tunisien. Les exportations tunisiennes vers la France ont connu une hausse de 12,9%. Alors que les importations tunisiennes depuis l’Hexagone ont augmenté de 16,4% au terme de la même année par rapport à 2016, selon le ministère tunisien du commerce.
Le pays de Charles de Gaulle est également le premier investisseur, hors secteur énergétique, tant en nombre d’entreprises créées qu’en montant d’investissements réalisé. Par ailleurs, en 2017, 1403 entreprises françaises opérationnelles en Tunisie ont permis la création de plus de 135.000 emplois, d’après les autorités locales. Ces entreprises évoluent dans des secteurs comme le textile, les industries mécaniques, l’agro-alimentaire, la plasturgie ou encore le tourisme.
Un partenariat économique en dessous des attentes
Toujours est-il que la nature des investissements français en Tunisie n’aide en aucun cas l’économie tunisienne à échapper au marasme. Par ailleurs, plusieurs voix se sont élevées lors de la visite du chef d’état français dans le pays, réclamant des investissements qualitatifs de la part de l’ancienne métropole afin d’aider le pays de la Révolution du jasmin à se relever économiquement.
Pour ces Tunisiens insatisfaits, les règles régissant le partenariat économique entre la Tunisie et la France mettent surtout en lumière « l’iniquité et la prévalence des intérêts français ». Si bien que les cadres stratégiques et législatifs relèguent au second degré, dans le meilleur des cas, les intérêts de la Tunisie. Certains économistes tunisiens estiment que ces cadres d’entreprises ne tiennent pas assez compte des besoins spécifiques de la population.
Ils dénoncent également une prédominance économique de la France dans les secteurs productifs les plus prolifiques.