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Transport aérien en Afrique : le salut par le marché commun

Malgré une pléthore de compagnies, le transport aérien en Afrique ne tire pas tout son potentiel. Mais les initiatives communes en cours semblent augurer des lendemains meilleurs pour ce secteur aux nombreuses potentialités.

D’après le rapportde l’association mondiale des compagnies aériennes, en 2022, le trafic passager global pour l’ensemble des compagnies d’Afrique a connu une progression de 89,2 % par rapport à l’année 2021, avec un taux de remplissage moyen de l’ordre de 71,7 % pour les vols. Mais, même si les chiffres semblent reluisants, le rapport révèle que la part de l’Afrique sur le marché mondial est d’environ 2,1 %. Alors comment y remédier ?  Moussa Bassoum est un ancien de la compagnie Air Afrique. Selon lui, le mal est profond, mais le potentiel reste énorme. « Le continent africain a de belles perspectives et aura, selon les prévisions, une classe moyenne plus importante dans les années à venir. Ce sont des gens qui vont beaucoup voyager », a-t-il dit.

Mais pour lui, il est d’ores et déjà important que les compagnies africaines s’attaquent aux vrais maux qui gangrènent le secteur du transport aérien pour capter eux-mêmes ces marchés.  « La vérité, selon lui, c’est que les liaisons intra africaines sont mal desservies, peu fiables et très chères. Un Niamey-Abidjan c’est presque l’équivalent de Niamey-Paris. Par le passé, certains, pour aller de la Guinée au Zimbabwe par exemple, sont très souvent obligés de passer par Paris. Ces problèmes existent encore dans certains itinéraires », déplore-t-il. Yaré Fall spécialiste des transports aériens, est catégorique. Pour lui, il est vital pour les pays d’œuvrer à la réussite du marché unique du transport aérien africain (Mutaa).

Le marché unique du transport aérien en Afrique facilitera le développement économique de nos pays

Sidy Guèye DG de l’Anacim

Lancé par l’Union africaine avait lancé, le 28 janvier 2018 à Addis-Abeba, lors de la 30e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, le projet doit permettre de libéraliser et d’unifier les espaces aériens africains. Mais pour le consultant Yaré Fall, si le projet est encore à la traine, c’est parce que certains Etats signataires refusent d’ouvrir leurs lignes à d’autres compagnies du continent.

Pour le Directeur général de l’Anacim, Sidy Guèye les entreprises du secteur aérien doivent se mettre ensemble pour exploiter le marché. Ce qui passe, selon lui, par des coopérations sur des liaisons interafricaines, des accords commerciaux mutuellement bénéfiques. « Il ne peut y avoir de développement du transport aérien sans des infrastructures adaptées. Le marché unique du transport aérien en Afrique facilitera le développement économique de nos pays, un pas inévitable vers l’intégration qui est la conclusion naturelle de l’existence d’un marché unique africain dédié aux services aériens. » 

Rompre avec les taxes et redevances à outrance

Pour Yaré Fall, il y a énormément d’efforts à faire pour que le transport aérien en Afrique décolle. Par exemple, souligne-t-il pour le dénoncer, « les taxes, les redevances, les frais appliqués par les compagnies africaines sur les billets rendent les prix inaccessibles. Mais en intégrant les compagnies, en harmonisant les taxes, il y aura non seulement un meilleur maillage des vols, mais les prix des billets seront beaucoup plus compétitifs », a-t-il dit.  Au Gabon, par exemple, une nouvelle taxe appelée « redevance passager » a été validée dans le projet de Loi de finances 2023. Elle prévoit l’instauration d’une taxe qui doit être collectée par les compagnies aériennes et les sociétés émettrices des billets d’avion auprès des passagers des vols commerciaux à destination ou en partance du Gabon. Par exemple, selon un rapport de l’Association du transport aérien international, Niamey exige aux passagers 162 $ au départ régional vers les pays africains, Monrovia demande 145 $, Bissau 137 $, Dakar 116 $, Bangui 111 $…

Autant de facteurs qui font dire à Yaré Fall que la solution est à portée de mains. Il estime d’ailleurs qu’en harmonisant certaines dispositions fiscales, on pousserait les compagnies à accorder plus d’attention au marché africain. « Je connais plusieurs compagnies qui sont en train de travailler sérieusement à des lignes directes entre pays africains. Mais il est important que tout le monde suive pour qu’on arrive à impacter sur les prix du billet », a-t-il dit.

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