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Tech : un écosystème qui se structure

Le continent africain, qui se confirme comme le nouveau terrain de jeu de la technologie, voit son écosystème tech se développé à une vitesse fulgurante. Et se structurer à mesure que les policy s’adaptent, les investissements affluent, les acteurs se multiplient, et les innovations se développent. L’Afrique est incontestablement entrée dans l’ère de la 4ème révolution technologique.

Par Dounia Ben Mohamed

L’écosystème technologique africain est en pleine effervescence. Avec plus de 700 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles et une pénétration Internet en constante augmentation, le continent se transforme en un terrain fertile pour les innovations numériques. Des hubs technologiques ont émergé dans des villes comme Lagos, Nairobi, Le Cap et Kigali, où les startups fleurissent, attirant l’attention des investisseurs internationaux.

Les pays africains ont fait des progrès significatifs en matière d’infrastructure technologique. Des projets de fibre optique et d’extension de la connectivité 4G/5G ont permis d’améliorer l’accès à Internet dans de nombreuses régions. Parallèlement, des initiatives publiques et privées se sont multipliées pour soutenir les jeunes entreprises technologiques, offrant des incubateurs, des accélérateurs et des fonds de capital-risque.

Attractivité et maturité

Le potentiel de croissance du marché africain attire de plus en plus d’investissements. En 2022, les startups africaines ont levé un montant record de 4,3 milliards de dollars, soit une augmentation de 155 % par rapport à l’année précédente. Si les investissements ont évolué à la baisse l’année dernière, comme pour le reste de la tech mondiale, apparaissent de nouveaux acteurs, des fonds panafricains, qui continuent de miser sur l’innovation africaine.

Si tous les secteurs sont concernés, les plus attractifs restent la fintech en premier lieu, ainsi que l’agritech, l’edtech et la healthtech.

La fintech, en particulier, est un domaine où l’Afrique excelle. Des entreprises comme M-Pesa au Kenya et Flutterwave au Nigeria ont révolutionné les services financiers en offrant des solutions de paiement mobile et des services bancaires accessibles à des millions de personnes non bancarisées.

De même, si les Big 4 _ Kenya, Nigeria, Afrique du Sud, Egypte_, concentrent la majorité des investissements, et voient leur écosystème technologique atteindre un réelle maturité, d’autres écosystèmes se développent, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Rwanda, ou encore en Tunisie.

Infrastructures, financements et règlementation, les freins à l’essor de la tech africain

Cependant, l’écosystème tech africain n’est pas sans défis. Le manque de financement demeure un obstacle majeur pour de nombreuses startups. Bien que les investissements augmentent, ils sont souvent concentrés dans quelques pays et secteurs, laissant de côté de nombreuses régions et industries prometteuses.

L’infrastructure reste également une préoccupation. Malgré les progrès, l’accès à Internet à haut débit et fiable est encore limité dans de nombreuses régions rurales. De plus, les coûts élevés de la data peuvent freiner l’adoption des technologies.

Les questions réglementaires et politiques constituent un autre défi. Si la Côte d’Ivoire a récemment rejoint les pays qui se sont dotés d’un Startup Act, empruntant le chemin de la Tunisie, pionnière en la matière, suivi du Sénégal ou encore du Rwanda en cours, les environnements réglementaires demeurent instables et les bureaucraties lourdes peuvent décourager les investisseurs et les entrepreneurs. La protection des données et la cybersécurité sont aussi des domaines nécessitant une attention accrue pour assurer la confiance des utilisateurs et des entreprises.

Innovations et impacts

Ce qui est loin de ralentir la soif d’innovation qui s’affiche sur l’ensemble du continent, participant à la transformation des économies et des sociétés africaines. Par exemple, le secteur de la fintech, avec des entreprises comme M-Pesa au Kenya, a révolutionné les services financiers en permettant à plus de 50 millions d’Africains d’accéder à des services bancaires via leur téléphone portable. Cela a facilité les transactions, augmenté l’inclusion financière et stimulé les petites entreprises. De même, l’agritech joue un rôle crucial en optimisant les chaînes d’approvisionnement alimentaire et en augmentant les rendements agricoles. Twiga Foods, par exemple, a aidé à réduire les pertes post-récolte et à améliorer les revenus des agriculteurs. En matière de santé, des innovations comme les drones de Zipline au Rwanda, qui livrent des médicaments vitaux dans des zones reculées, ont sauvé des milliers de vies.

Dans l’éducation, les solutions edtech peuvent combler les lacunes en matière de formation et de compétences, préparant ainsi la jeunesse africaine à un avenir numérique. Au Kenya les offres de contenus éducatifs via des téléphones mobiles permettent aux élèves d’apprendre même dans des zones sans accès à Internet. Dans les énergies renouvelables également. Avec une abondance de soleil et de vent, l’Afrique a un potentiel énorme pour les solutions d’énergie renouvelable. Des startups comme Lumos et M-KOPA apportent des solutions solaires abordables aux foyers et entreprises hors réseau. L’essor de l’e-commerce offre également des opportunités pour les entreprises de vendre des produits au-delà des frontières locales. Jumia, souvent surnommé l’Amazon de l’Afrique, a ouvert le chemin en créant une plateforme pour les vendeurs et les acheteurs à travers le continent. Elles sont des centaines aujourd’hui de startups locales à proposer les mêmes services. La technologie blockchain peut résoudre de nombreux problèmes en Afrique, notamment en matière de transparence, de sécurité et d’efficacité. Des startups comme BitPesa utilisent la blockchain pour faciliter les paiements internationaux et les échanges commerciaux.

Ces exemples montrent que la tech non seulement stimule la croissance économique mais aussi adresse des défis sociaux majeurs, positionnant l’Afrique comme un acteur clé dans l’innovation mondiale.

Et à l’heure de l’intelligence artificielle, qui apporte des solutions innovantes aux défis locaux et stimule le développement économique, l’accélération de la transformation digitale en Afrique se confirme.

L’Afrique adopte et adapte l’IA

L’Afrique adopte et adapte l’intelligence artificielle (IA) de manière innovante, en intégrant cette technologie dans divers secteurs pour répondre aux besoins locaux et surmonter les défis spécifiques du continent. Les gouvernements, les entreprises et les start-ups africaines jouent un rôle clé dans cette transformation.

Plusieurs pays africains, tels que le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud, ont lancé des initiatives et des politiques nationales pour promouvoir l’adoption de l’IA. Par exemple, le Rwanda a mis en place un Centre d’Excellence en IA, visant à développer des solutions locales et à former des talents en IA. Ces initiatives gouvernementales créent un cadre favorable pour l’innovation et l’intégration de l’IA dans divers secteurs économiques.

La formation et le développement des compétences sont essentiels pour l’adoption de l’IA. Des institutions comme l’African Institute for Mathematical Sciences (AIMS) et des programmes comme Data Science Africa offrent des cours et des ateliers pour former la prochaine génération de scientifiques et d’ingénieurs en IA. De plus, des partenariats avec des géants de la technologie comme Google et IBM aident à fournir des ressources éducatives et des plateformes d’apprentissage en ligne pour les étudiants et les professionnels.

Mais là encore les investissements, plus que nécessaires, sont insuffisants, et l’accès à la technologie limité par son coût. « Les équipements et logiciels numériques coûtent plus cher, en dollars américains, en Afrique que dans d’autres régions, ce qui dissuade les entreprises de les adopter », constatent les experts de la Société financière internationale (IFC)  dans un rapport intitulé « Opportunités du numérique dans les entreprises africaines ». Selon l’enquête en effet, les machines et équipements numériques coûtent 35% plus chers en Afrique subsaharienne qu’aux Etats-Unis.

 Collaboration entre les secteurs public et privé

La collaboration entre les secteurs public et privé à ce titre est essentielle pour le développement de l’IA en Afrique. Des initiatives comme la Smart Africa Alliance regroupant des pays africains pour partager des connaissances, des ressources et des meilleures pratiques en matière de technologie et d’IA. De plus, des partenariats avec des entreprises technologiques internationales facilitent le transfert de technologies et l’accès à des infrastructures avancées.

Quoi qu’il en soit, l’Afrique est résolument décidée à adopter, et adapter, l’IA dans accélérer sa transformation numérique et bâtir un avenir numérique prospère et inclusif pour le continent.

En tirant parti des technologies émergentes et en surmontant les obstacles, l’Afrique peut devenir un leader mondial en matière d’innovation technologique et de développement durable.

A lire dans notre ANAMag special Tech : https://online.fliphtml5.com/pgjkg/cdpx/

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