Avec ces fonds, l’Afrique projette éradiquer la faim et devenir le principal fournisseur de denrées alimentaires pour elle-même et pour le reste du monde au cours des cinq prochaines années. Le sommet Dakar 2 a été également l’occasion pour les dirigeants africains de mobiliser leurs pairs pour faire de l’Afrique un continent où ne va plus régner la faim.
Par Bernard Bangda
L’annonce a été faite par le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, le 25 janvier 2023 lors du sommet africain de l’alimentation Dakar 2, qui se tenait à Diamniadio, à l’Est de la capitale sénégalaise, Dakar, sur le thème « Nourrir l’Afrique : souveraineté alimentaire et résilience ». Aux chefs d’État et ministres présents à ce sommet, Akinwumi Adesina a prescrit « l’élaboration des pactes devant assurer la transformation de l’alimentation et de l’agriculture à grande échelle dans toute l’Afrique ». Dans le même temps, il les a encouragés à « prendre des mesures collectives pour libérer le potentiel agricole du continent et en faire un grenier du monde ».
Dakar 2 se déroule huit ans après le premier sommet de Dakar 1 dans un contexte de perturbations de la chaîne d’approvisionnement causées par la pandémie de Covid-19, le changement climatique et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. C’est au cours de Dakar 1 que Akinwumi Adesina, nouvellement élu, avait présenté la stratégie « Nourrir l’Afrique » de la Banque.
Nous avons besoin d’une souveraineté alimentaire totale
Pour le président du Sénégal, Macky Sall, « le moment est venu pour le continent de se nourrir en ajoutant de la valeur et en intensifiant l’utilisation de la technologie ». « De la ferme à l’assiette, nous avons besoin d’une souveraineté alimentaire totale, et nous devons accroître la superficie des terres cultivées et l’accès au marché pour renforcer le commerce transfrontalier », poursuit celui qui est également président en exercice de l’Union africaine (UA).
« La souveraineté alimentaire « devrait être notre nouvelle arme de liberté »«
Mêlant sa voix au concert des interventions au cours de Dakar 2, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a déclaré que « le sommet de Dakar arrive à point nommé et va apporter des solutions innovantes pour aider l’Afrique à devenir moins dépendante des importations de denrées alimentaires ». A propos de la souveraineté alimentaire, il a déclaré qu’« elle devrait être notre nouvelle arme de liberté ». Et d’exhorter les partenaires au développement à travailler ensemble au sein des structures existantes, telles que l’Agenda 2063 et la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), pour une transformation durable.
« C’est une honte que soixante ans après notre accession à l’indépendance, nous soyons réunis pour discuter de la façon dont nous allons pouvoir nous nourrir »
Au cours de son allocution, Moussa Faki Mahamat n’a pas manqué de féliciter la BAD pour « le déploiement d’initiatives transformatrices, telles que la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars lancée 2022 pour aider les pays africains à prévenir une éventuelle crise alimentaire à la suite de la guerre de la Russie en Ukraine ». Abondant dans le même sens, le président du Kenya, William Ruto, a estimé que « c’est une honte que soixante ans après notre accession à l’indépendance, nous soyons réunis pour discuter de la façon dont nous allons pouvoir nous nourrir. Nous pouvons et nous devons faire mieux ».
« Nous devons considérer l’agriculture comme une activité commerciale«
Une posture renforcée par celle du président du Groupe de la BAD : « Aujourd’hui, plus de 283 millions d’Africains souffrent quotidiennement de la faim. C’est inacceptable. Aucune mère ne devrait avoir à souffrir d’entendre l’estomac de son enfant gargouiller, jamais. » Il appelle les dirigeants africains à « placer la barre plus haut et rehausser notre ambition ». Adesina demande à l’Afrique de se lever et de dire : « Il est temps de nourrir l’Afrique. Le moment est propice, et l’heure est venue. Nourrir l’Afrique, c’est ce que nous devons faire. » Le président de la banque a exhorté les dirigeants à transformer la volonté politique en actions décisives pour assurer la sécurité alimentaire de l’Afrique : « Nous devons soutenir fermement les exploitants agricoles, et plus particulièrement les petits exploitants, dont la majorité sont des femmes, et inciter davantage de jeunes à se lancer dans l’agriculture. Et nous devons considérer l’agriculture comme une activité commerciale, non comme une activité de développement, et renforcer le soutien au secteur privé. »