Sommet de la Francophonie 2024 : diplomatie, économie et numérique
Le XIXe Sommet de la Francophonie s’est tenu en France pour la première fois depuis 33 ans, les 4 et 5 octobre, rassemblant chefs d’État, entrepreneurs et acteurs de la société civile autour de trois axes majeurs : l'innovation, le numérique et la culture. Au passage, renforcer la position de la Francophonie sur la scène internationale. Mission accomplie ?
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Par Dounia Ben Mohamed, à Paris
Quelques chefs d’Etats dont les présidents du Ghana, du Bénin, du Rwanda et de RDC_ qui n’auront pas eu leur tête contredisant les espoirs d’Emmanuel Macron_ des chefs de gouvernement, dont le Canadien Justin Trudeau ou le Marocain Akhannouch, des invités minutieusement sélectionnés, de même que des journalistes étroitement encadrés… Villers-Cotterêts aura connu une affluence inhabituelle pour l’ouverture du Sommet de la Francophonie le 4 octobre. Le monde de la Francophonie réuni pour la première fois depuis 33 ans en France pour un Sommet qui présentait plusieurs enjeux. A commencer par conforter l’avenir de la langue française. Idéalement réaffirmé dans la Cité de la francophonie, installée depuis un an à Villers-Cotterêts, ici même où en 1539, François Ier signait l’ordonnance du même nom qui instaurera le français langue officielle (à la place du latin), première étape de l’unification du peuple français autour du français, ainsi que le rappelera le président français Emmanuel Macron dans son discours d’ouverture. Une langue française qui relie aujourd’hui plus de 300 millions d’hommes et de femmes à travers le monde qui compose cet espace francophone.
Une langue pour entreprendre… un formidable levier d’opportunités
Une langue qui se veut aussi « une langue pour entreprendre… un formidable levier d’opportunités », a-t-il déclaré, soulignant que le français est un atout stratégique pour les jeunes entrepreneurs. Ce qui était au cœur de ce Sommet au sous-titre éloquent « Entreprendre en français ». Invitant à créer et innover en français. Ce qui s’est traduit par un événement développé en marge du sommet, FrancoTech, qui s’est tenu les 3 et 4 octobre 2024 à Station F à Paris, dédié à l’innovation numérique en français. Cet événement a rassemblé près de 2 000 professionnels, délégations et entrepreneurs venus de près de 100 pays. De nombreuses personnalités du monde numérique étaient présentes, dont des figures emblématiques de la tech francophone, parmis lesquels Xavier Niel. FrancoTech a servi de plateforme pour promouvoir l’innovation en français, favoriser les rencontres d’affaires et lancer des initiatives majeures telles que l’Alliance francophone de la propriété intellectuelle. Le salon a également été l’occasion pour Emmanuel Macron d’adresser un appel aux grands leaders du numérique à créer, innover et entreprendre en français.
De même, le festival culturel « Refaire le Monde », consacré à la diversité culturelle des pays francophones, a réuni des artistes, écrivains, musiciens et intellectuels venus de toutes les régions du monde francophone.
La Francophonie est un acteur diplomatique et politique incontournable, présent dans 13 capitales du monde
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Temps forts du Sommet qui réaffirment les orientations prises par l’Institution : renforcer son positionnement sur la scène internationale, développer les relations économiques, et exploiter le potentiel du numérique.
“La Francophonie est un acteur diplomatique et politique incontournable, présent dans 13 capitales du monde” aura assuré Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), profitant de cette tribune pour esquisser un bilan de son action. « C’est avec conviction et détermination que j’ai consolidé la modernité de notre organisation », a-t-elle affirmé.
Rappelant ses priorités, la jeunesse et les femmes, soulignant que « notre diversité est notre force ».
L’Afrique, pilier central de la Francophonie
L’Afrique joue un rôle central au sein de la Francophonie, représentant près de 60 % des francophones dans le monde. Bien plus demain alors que le monde devrait compter plus d’un milliard de francophones d’ici 2065. Cette dynamique continentale est un atout majeur pour l’avenir du français. Avec une croissance démographique impressionnante et un nombre croissant de jeunes, l’Afrique est appelée à devenir le cœur battant de la Francophonie. Les pays africains, comme le Rwanda, le Bénin ou la RDC, ne cessent de renforcer leur influence au sein de cette communauté linguistique et culturelle. Le continent est non seulement un vivier de locuteurs francophones, mais aussi une terre d’innovation, notamment dans les secteurs du numérique et de la culture, comme l’a souligné Louise Mushikiwabo.
Un appel à innover en français
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Le sommet a été l’occasion de concrétiser plusieurs engagements. A commencer par l’Appel de Villers-Cotterêts, adressé aux grandes plateformes numériques, les invitant à créer et innover en français. « C’est aussi en français que nous devons penser l’innovation et l’intelligence artificielle », a affirmé Macron, avec en ligne de mire le prochain sommet de l’IA, prévu pour février 2025. Cette initiative s’inscrit dans une volonté claire de propulser le français au cœur des technologies de demain.
Autre engagement, la création du Collège international de Villers-Cotterêts, prévu pour 2025, qui formera les enseignants francophones et offrira des résidences de recherche en didactique. Ce laboratoire d’excellence vise à améliorer la qualité de l’éducation en français à l’échelle mondiale.
De même, le lancement de l’Alliance francophone de la propriété intellectuelle. Ce réseau facilitera le dépôt de brevets en français, renforçant ainsi l’influence de la langue dans le domaine de l’innovation technologique. Par ailleurs, un programme de mobilité internationale, baptisé PIMEF, permettra à de nombreux jeunes francophones de bénéficier de stages et d’opportunités d’emploi dans tout l’espace francophone.
Emmanuel Macron a également insisté sur l’importance de la langue française comme moteur de l’attractivité économique. « Avec 330 millions de locuteurs, c’est bien notre espace linguistique qui fera de la Francophonie un atout économique. » Un message fort a été adressé aux jeunes, les incitant à ne pas se limiter à l’anglais pour le commerce international.
La Francophonie ce n’est pas la France-Afrique elle n’est ni hexagonale ni africaine elle est un bien commun à ces 88 pays membres
Sans pour autant s’opposer à l’anglais. Ainsi que le soulignera Louise Mushikiwabo, qui à l’image de son pays, le Rwanda, prône le multilinguisme. De même, elle rappelle au passage “Et non la Francophonie ce n’est pas la France Afrique; elle n’est ni hexagonale ni africaine elle est un bien commun à ces 88 pays membres”. Assurant la vitalité de l’Institution vieille de 54 ans, elle en admettra également les limites. “Nous sommes conscients que nos actions restent modestes… limitées par vos politiques”.
En attendant, plusieurs États et gouvernements ont soumis des demandes d’adhésion ou de modification de leur statut à l’occasion de ce Sommet. Parmi les nouveaux observateurs figurent l’Angola, le Chili, la Nouvelle-Écosse (Canada), la Polynésie française (France) et la Sarre. De plus, des pays comme Chypre et le Ghana ont vu leur statut évoluer pour devenir membres de plein droit, témoignant de l’attractivité croissante de l’OIF.
Enfin, le sommet a été l’occasion de réfléchir à la plus-value de l’OIF dans la gestion des crises qui touchent l’espace francophone. Les travaux ont abouti à l’adoption de trois textes majeurs, notamment la Déclaration du Sommet, la Déclaration de solidarité avec le Liban, et la Résolution sur les crises dans l’espace francophone.