Sommet Corée-Afrique : une coopération “sur mesure”
Le premier sommet Corée-Afrique a marqué une étape importante dans le renforcement de la coopération économique et diplomatique entre la Corée du Sud et 48 nations africaines. Les dirigeants des deux régions se sont réunis pour adopter une déclaration commune visant à promouvoir le commerce, les investissements et la collaboration sur les minéraux essentiels et les projets de développements.
Le sommet Corée-Afrique a terminé mercredi (le 5 juin-NDLR) son programme de deux jours, marquant une étape majeure dans le renforcement de la coopération économique et diplomatique entre la Corée du Sud et 48 pays africains.
Le président Yoon Suk Yeol a accueilli mardi la session principale du tout premier sommet avec des délégations africaines à Kintex, dans la province de Gyeonggi, où les dirigeants ont adopté une déclaration commune visant à promouvoir le commerce et les investissements ainsi qu’à collaborer sur les minéraux essentiels et les projets de développement.
Les dirigeants ont notamment convenu d’entamer un dialogue de haut niveau sur les minéraux critiques afin de garantir une chaîne d’approvisionnement stable, essentielle pour les semi-conducteurs, les batteries et les produits d’énergie renouvelable.
À l’heure où l’Afrique prend de plus en plus d’importance en tant que région clé pour ses réserves minérales critiques, le dialogue Corée-Afrique sur les minéraux critiques « servira de base institutionnelle importante pour renforcer la coopération entre la Corée et l’Afrique », indique la déclaration commune.
Le lancement du dialogue Corée-Afrique sur les minéraux critiques sera un exemple mondial de développement durable en recherchant une coopération mutuellement bénéfique et la stabilité dans la chaîne d’approvisionnement industrielle
« Le lancement du dialogue Corée-Afrique sur les minéraux critiques sera un exemple mondial de développement durable en recherchant une coopération mutuellement bénéfique et la stabilité dans la chaîne d’approvisionnement industrielle », a déclaré Yoon lors d’une conférence de presse mardi.
Le lancement du dialogue sur les minéraux répond aux besoins de la Corée ainsi que des pays africains. Alors que les conflits commerciaux perturbent souvent les chaînes d’approvisionnement, la Corée a besoin d’une chaîne d’approvisionnement fiable en minéraux essentiels utilisés pour produire ses principaux produits d’exportation tels que les puces, les automobiles et les batteries secondaires. L’expansion des échanges commerciaux avec la Corée devrait également aider les pays africains à revitaliser leurs économies locales.
Pour la Corée, qui importe environ 95 % de ses minéraux industriels et dépend fortement de pays comme la Chine, l’Afrique offre une opportunité cruciale de partenariat stratégique
Il est également significatif que le gouvernement coréen ait promis de rechercher une « coopération au développement sur mesure » en élargissant son aide publique au développement à 10 milliards de dollars en faveur de l’Afrique d’ici 2030. Séoul s’est également engagé à offrir un financement à l’exportation de quelque 14 milliards de dollars jusqu’en 2030 dans le but d’aider la Corée du Sud, le commerce et les investissements des entreprises en Afrique.
Yoon, qui a eu des entretiens bilatéraux avec des chefs d’État africains en marge du sommet, a déclaré mercredi que le partenariat minier envisagé avec les pays africains prendrait forme d’une « manière mutuellement bénéfique », soulignant le principe de coopération et l’engagement de la Corée.
Les efforts de la Corée pour accélérer la coopération avec les pays africains en matière de commerce et d’investissement se font attendre depuis longtemps. L’Afrique, avec le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine, est devenue un marché unifié important, doté d’un PIB de 3 400 milliards de dollars et d’une population de 1,4 milliard d’habitants. L’Afrique est également considérée comme le continent le plus jeune du monde en raison de sa forte population de jeunes, et ses riches ressources attirent de plus en plus l’attention du monde entier.
Pour la Corée, qui importe environ 95 % de ses minéraux industriels et dépend fortement de pays comme la Chine, l’Afrique offre une opportunité cruciale de partenariat stratégique.
Cependant, les échanges commerciaux entre la Corée et les pays africains ont longtemps été lents, ne représentant que 1,9 % du commerce total du pays. Ce faible chiffre contraste fortement avec les investissements soutenus réalisés par les États-Unis, l’UE, la Chine et le Japon sur les marchés africains.
Dans un contexte de concurrence croissante sur les chaînes d’approvisionnement et les ressources pour les industries avancées, le sommet marque non seulement l’importance stratégique de l’Afrique, mais également le changement indispensable de la Corée vers l’Afrique pour diversifier ses partenariats économiques et diplomatiques.
Réaliser la nouvelle vision de la Corée
La Corée doit également élargir et renforcer ses relations diplomatiques avec les pays africains. L’Union africaine est composée de 55 États membres, représentant près de 28 pour cent de l’ensemble des membres des Nations Unies. Cela illustre l’influence croissante de l’Afrique sur la scène mondiale. À une époque où la dynamique mondiale évolue rapidement, la dépendance de la Corée à l’égard des alliances existantes ne suffit pas à sauvegarder les intérêts nationaux du pays et à faire face aux nouveaux conflits géopolitiques.
Le sommet Corée-Afrique marque le plus grand événement multilatéral organisé par l’administration Yoon, qui prône un « État pivot mondial » comme vision du pays. On espère que le sommet constituera un tournant crucial pour promouvoir les partenariats avec les pays africains et réaliser la nouvelle vision de la Corée.