Soft Power : une influence qui se joue egalement sur le terrain de l’image

Au cours de la dernière décennie, les nations du Moyen-Orient, à commencer par les Émirats Arabes Unis (EAU), le Qatar et l’Arabie Saoudite, ont considérablement intensifié leurs efforts pour améliorer leur réputation à travers des initiatives culturelles et diplomatiques. En réponse aux critiques sur leurs politiques intérieures ou leur engagement dans certains conflits régionaux, ces pays ont compris l’importance de se réinventer sur le plan de l’image. Plutôt que de s’appuyer uniquement sur des stratégies de pouvoir militaire ou économique, ces nations misent de plus en plus sur des projets qui mettent en avant leur dynamisme culturel et leur ouverture sur le monde.

Les Émirats Arabes Unis ont par exemple investi massivement dans des projets culturels tels que le Louvre Abu Dhabi, un musée d’art de renommée mondiale, ou encore dans des événements comme le Dubai Expo 2020, qui a attiré des millions de visiteurs internationaux. Le Qatar, de son côté, s’est distingué par son organisation de la Coupe du Monde de la FIFA 2022 et par l’essor de la Fondation du Qatar, qui soutient des projets culturels et éducatifs à l’échelle internationale. L’Arabie Saoudite, pour sa part, multiplie les initiatives dans le domaine du divertissement, en autorisant des concerts et des événements sportifs de renommée mondiale qui étaient auparavant impensables dans le royaume.

L’Afrique : Un continent clé pour la diplomatie culturelle

​​Au-delà de leurs frontières régionales, ces pays du Moyen-Orient cherchent également à renforcer leur influence en Afrique, un continent clé dans les relations internationales du 21e siècle. Le rôle de l’Afrique dans les affaires mondiales, en particulier en matière de croissance démographique, de ressources naturelles et de développement économique, fait de cette région un terrain d’influence stratégique pour les nations du Golfe.

Le Qatar et les Émirats Arabes Unis ont d’ores et déjà renforcé leurs relations avec plusieurs pays africains à travers des projets de coopération économique et culturelle. Le Qatar, avec son engagement dans des projets de développement en Afrique de l’Ouest, ainsi que les Émirats Arabes Unis avec leurs investissements dans des infrastructures et des initiatives d’énergies renouvelables, cherchent à s’imposer comme des partenaires privilégiés pour le développement économique du continent. Mais au-delà des investissements, la dimension culturelle devient un axe majeur de leur influence.

Les événements culturels : Un outil de diplomatie douce

Les pays du Moyen-Orient organisent de plus en plus d’événements culturels axés sur l’Afrique, dans le but de renforcer leurs liens avec le continent et d’améliorer leur image. Ces événements se déclinent sous différentes formes : festivals de musique, expositions d’art, forums économiques et diplomatiques, mais aussi des programmes d’échanges culturels.

Le Qatar, à travers sa Fondation du Qatar et son organisation de la Coupe du Monde 2022, a mis en lumière son engagement culturel et sportif en Afrique. Cette initiative ne se limite pas à la construction d’infrastructures, mais s’étend à la diffusion de la culture arabe et du Moyen-Orient, créant ainsi des ponts entre les peuples. Par ailleurs, le Qatar soutient plusieurs projets éducatifs et de développement, en particulier dans des pays comme le Sénégal, où il finance des écoles et des programmes de formation.

Les Émirats Arabes Unis, quant à eux, ont multiplié les événements en Afrique, notamment en organisant des forums culturels et des expositions d’art à destination des jeunes générations africaines. Le Dubai International Film Festival, par exemple, attire chaque année de nombreux artistes et cinéastes africains, tout comme les Emirats soutiennent des initiatives en faveur de l’art et de la culture à travers l’Afrique. Ces initiatives permettent non seulement d’améliorer leur image en tant qu’acteurs culturels influents, mais aussi de promouvoir un message de tolérance et de dialogue interculturel.

L’une des stratégies les plus efficaces dans la diplomatie culturelle des pays du Moyen-Orient réside dans leurs efforts d’investissement dans l’éducation. L’initiative « Al Qassimi Foundation » des Émirats Arabes Unis, par exemple, finance des programmes d’éducation dans les pays africains, tout en créant des échanges académiques qui rapprochent les étudiants arabes et africains. Les bourses d’études, les collaborations universitaires et les recherches communes dans les domaines des sciences, des technologies et des arts renforcent non seulement les liens entre ces régions, mais permettent également aux jeunes Africains de découvrir une autre facette du Moyen-Orient.

Le Qatar, pour sa part, a été particulièrement actif dans le financement d’écoles, de collèges et d’universités à travers l’Afrique, dans l’optique de soutenir le développement intellectuel et scientifique du continent. Par ces actions, les pays du Golfe ne cherchent pas seulement à améliorer leur image, mais aussi à construire une relation durable, fondée sur le respect mutuel et la collaboration.

Une influence au service des ambitions régionales

Le soft power est devenu un élément clé de la stratégie des pays du Moyen-Orient pour redéfinir leur place dans le monde. À travers des événements culturels, des investissements dans l’éducation et des partenariats économiques, ces nations cherchent à se positionner comme des acteurs incontournables du développement mondial, notamment en Afrique. Ces initiatives permettent de tisser des liens solides avec le continent, tout en consolidant leur influence régionale et internationale. En jouant la carte de la diplomatie culturelle, ces pays ne se contentent pas de soigner leur image, mais s’imposent également comme des partenaires incontournables dans les enjeux mondiaux du 21e siècle.