Les relations économiques entre la Côte d’Ivoire et la Tunisie prennent un coup de chaleur dans la grisaille économique marquée par les effets de la pandémie du Covid-19 et la crise ukrainienne et ses conséquences néfastes sur les économies mondiales. Le SITIC Africa 2022 a été l’opportunité pour les deux pays de dresser un nouveau pont pour leurs milieux d’affaires.
Par Issiaka N’Guessan à Abidjan
Peu mieux faire, semble être l’appréciation du président de la Chambre de Commerce et d’Industrie mixte Côte d’Ivoire-Tunisie, Ali Ben Taher, pour évoquer la part de marché tunisienne que s’approprient les entreprises ivoiriennes. Au contraire, dans l’autre sens, les entreprises tunisiennes sont bien représentées sur les bords de la lagune Ebrié. Le 30 mai, l’auditorium du Sofitel Ivoire hôtel affichait salle comble. Cette fois, les Tunisiens sont venus nombreux.
L’occasion de la 6è édition du Sitic Africa 2022, délocalisée pour la première fois hors de la Tunisie, à Abidjan, était trop belle pour ne pas être saisie par la Chambre de commerce Côte d’Ivoire Tunisie, créée en mars 2022 afin de se présenter aux milieux d’affaires des deux pays.
« C’est un réel plaisir pour nous d’être associée à cet événement avec la participation de beaucoup d’entreprises tunisiennes présentes dans les différents secteurs, le numérique, la finance, l’innovation comme la data » indique Ali Ben Taher. « Nous sommes heureux de prendre part à cet événement d’abord pour annoncer notre naissance et notre création et pour ensuite proposer nos services à la communauté des affaires en Tunisie et en Côte d’Ivoire pour les entreprises désireuses d’explorer ces marchés » assure-t-il. Présentant sa Chambre consulaire, Ali Ben Taher fait savoir que « C’est une Chambre de commerce et d’industrie mixte, composée de membres ivoiriens et de tunisiens. » Objectif, « Travailler sur les deux marchés pour assister nos adhérents dans leurs projets de développement dans les deux pays » assure le président de la CCI Côte d’Ivoire-Tunisie.
Un marché à découvrir et exploiter
L’un des responsables de BH Bank qui offre des produits digitaux pour « faciliter les opérations à l’étranger » s’est déplacée à Abidjan, pour la première fois, dans la perspective d’appuyer les entreprises tunisiennes implantées ou qui voudraient le faire, à mieux gérer leurs opérations financières. « Nous avons de bons retours de la Côte d’Ivoire » soutient-il.
Comme en écho à ce responsable bancaire, Ali Ben Taher soutient que « le marché entre les deux pays est viable. » « En Côte d’Ivoire, nous dénombrons pas moins de 70 entreprises tunisiennes pour un chiffre d’affaires de plus de 50 milliards de FCFA entre les deux pays » assure-t-il. Il reconnaît « que c’est vrai plus dans le sens de l’export, de la Tunisie vers la Côte d’Ivoire, un peu moins de la Côte d’Ivoire vers la Tunisie mais c’est un marché qui existe, qui peut se développer notamment dans le secteur du numérique, de la data, du logiciel… » Sur le Sitic Africa, il indique : « On vient pour communiquer, échanger des informations, développer le networking, pour aborder les problématiques réglementaires avec les régulateurs. On est facilitateur à l’instar des autres Chambres consulaires. »
Susciter l’intérêt des entreprises ivoiriennes
Quoique pays africain, la Tunisie selon le président de la CCI Côte d’Ivoire-Tunisie n’intéresse que très peu le milieu d’affaire ivoirienne qui préfère commercer avec les Européens ou les Asiatiques. « Les Ivoiriens ne s’intéressent pas assez au marché tunisien à mon sens » assure Ali Ben Taher qui explique : « Aujourd’hui nous avons très peu de flux dans le sens de la Côte d’Ivoire vers la Tunisie » relevant que « le volume des exportations ne dépassent guère les 5 milliards FCFA ».
Le président de la CCI Côte d’Ivoire-Tunisie estime toutefois « qu’il y a des opportunités à explorer en Tunisie dans le secteur secondaire de la transformation, dans le domaine des services. » En retour, il estime que « la Tunisie présente un certain nombre de compétences et de savoir-faire que les Ivoiriens doivent chercher à capter. »
« Nous plaidons pour que les occasions d’échanges et de rencontres professionnelles prévues aboutissent sur des conventions de partenariat gagnant-gagnant entre le secteur privé ivoirien et les secteurs privés et organisations de Tunisie, de France et d’autres pays »
Du côté Ivoirien, Jean-Louis Menudier, Vice-président de la CGECI, la confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire, se dit satisfait « des opportunités de coopération triangulaire Tunisie-Côte d’Ivoire-France que promeut ce SITIC Africa 2022, en même temps que nous plaidons pour que les occasions d’échanges et de rencontres professionnelles prévues aboutissent sur des conventions de partenariat gagnant-gagnant entre le secteur privé ivoirien et les secteurs privés et organisations de Tunisie, de France et d’autres pays. »
Deux conventions ont d’ores et déjà été signé en marge de l’évènement, l’une entre l’Association Professionnelle des Banques de la Côte d’Ivoire et le Conseil Bancaire et Financier de la Tunisie ainsi qu’un protocole d’entente pour le lancement d’une Alliance panafricaine des secteurs privés du numérique, ont été signées.