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Reportage : Côte d’Ivoire, le port sec de Ferkéssedougou pour renforcer les échanges avec l’hinterland

Dans le nord ivoirien, dans la ville de Ferkéssedougou, se construit un port sec qui devrait faciliter les échanges avec les pays de l’hinterland que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Par Issiaka N’Guessan 

Dékokaha, village situé à 5 km de la ville de Ferkéssedougou. Après le corridor de sécurité sur la route de Ouangolodougou, à droite, l’enseigne d’entrée sur le site de réalisation du port sec. Le premier du genre en Côte d’Ivoire. Pour avoir accès, après une pente légère, il faut montrer patte blanche au vieux vigile muni d’un bâton.

Des motos d’ouvriers sont stationnées. Une longue clôture a été érigée pour protéger les infrastructures en construction. A l’entrée principale, deux Chinois et un autre homme, d’origine maghrébine. Ils échangent en français. Dans la vaste cour, des maisons s’élèvent. Le port sec de Ferkéssedougou prend forme.

Financement : un consortium de banques chinoises et l’État ivoirien

L’infrastructure économique en cours de réalisation est composée de deux lots dont le lot 1 est « les travaux d’aménagement du site et la construction de la plateforme multimodale et du dépôt d’hydrocarbures ». Le lot 2 se compose des « travaux de construction du complexe abattoir et du marché à bétail régional ».

Un consortium de banques chinoises et l’Etat ivoirien sont les financiers de ce projet. 254,171 milliards de FCFA, c’est le montant du projet qui devrait permettre à la Côte d’Ivoire de raffermir ses liens avec les opérateurs économiques du Burkina Faso, du mali et du Niger. Plus besoin pour eux, d’envoyer des camions à Abidjan à plus de 500 Km.

« Des opportunités d’emploi pour les jeunes Ivoiriens et surtout pour ceux de Ferkéssedougou »

A l’occasion de la pose de la 1ère pierre par Patrick Achi, le premier ministre ivoirien, Kandia Camara, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Diaspora a indiqué que cette infrastructure économique réduira les coûts de transit et de transport tout en favorisant le développant le District des Savanes ivoirien.

Roméo Sanogo, le délégué régional du conseil national des jeunes du Tchologo et du département de Ferkéssedougou soutient que les attentes de la jeunesse se résument aux « opportunités d’emploi pour les jeunes Ivoiriens et surtout pour ceux de Ferkéssedougou». « Nous avons effectué des démarches pour le recrutement des jeunes ; on a échangé avec des responsables de Complant [l’entreprise chinoise responsable des travaux, NDLR]. Ils ont indiqué leur besoin en artisans, 50 maçons, des ferronniers, 10 menuisiers » soutient Roméo Sanogo. Il fait savoir que « le taux de chômage est élevé. »

Le président de la Chambre des métiers, Coulibaly Zakaria, qui évalue à une dizaine les petites et moyennes entreprises légales et en règle, soutient que « le taux de 30% de PME à recruter sur les chantiers d’envergure, prescrit par les textes réglementaires, n’est pas respecté ». « Nous attendons que la Chambre des métiers soit informée des grands travaux ; on est dans l’informel, le port sec peut diminuer le chômage dans la région et réduire l’insécurité » espère le président de la Chambre régionale des métiers.

« La grande part des productions du vivrier reste dans les poubelles quand Abidjan est saturée »

Coulibaly-Sékongo Sarkè, présidente de l’union des femmes de Ferkéssedougou, forte de 80 associations et de 4000 femmes explique que « le port sec était une attente des femmes ».

« La grande part des productions du vivrier reste dans les poubelles quand Abidjan est saturée » indique-t-elle avant d’ajouter : les « femmes ont toujours demandé des appuis en infrastructures pour la transformation et la conservation des productions agricoles. »

« Le port sec, c’est pour nous une aubaine, il y a beaucoup de diplômés au chômage » explique la présidente de l’union des femmes de Ferkéssedougou. « Les offres d’emploi pour dockers, la restauration, l’immobilier, l’hôtellerie vont fonctionner à plein temps avec ce port sec ». Elle soutient que « beaucoup de femmes, veuves, sont chefs de famille. » Ce projet permettra de facilement écouler les productions « avec la présence de camions en permanence car le défaut de camions est un frein à l’écoulement des productions agricoles. »

Des attentes, sur le plan socio-économique loin de se limiter à Ferkéssedougou : ce nouveau point d’échanges entre la côte d’Ivoire et les pays de l’hinterland, devrait profiter à l’ensemble de la région.

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