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Rentrée 2022 : l’E-learning pour répondre au défi de l’éducation pour tous 

L’éducation à distance s’est imposée au monde à l’occasion de la pandémie de Covid 19. La crise sanitaire et sociale a provoqué plusieurs enseignements : le numérique peut assister voire remplacer les modèles éducatifs traditionnels. Et à ce titre, l’Afrique est loin d’être la dernière à repenser son “école de demain”. Mieux, elle se veut source d’inspiration…

Par Mérième Alaoui 

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Les petits écoliers, collégiens, lycéens et autres étudiants retrouvent les bancs de l’école en présentiel. Mais pour cette rentrée 2022, il n’est pas étonnant de constater que le numérique, déjà présent avant la pandémie, a été renforcé un peu partout. L’Algérie, loin d’être pionnière en la matière, a tiré les leçons de la pandémie Covid 19 et mobilisé d’importants moyens en cette rentrée pour doter ses écoliers des outils technologiques adaptés. Des innovations présentées au grand public à l’occasion du premier salon de l’éducation numérique à Alger, Educteck (Lire Premier salon EducTeck à Alger-“La génération connectée, c’est une opportunité pour généraliser les services en ligne”).

Les responsables publics, à Alger comme ailleurs sur le continent, n’ont eu d’autres alternatives que de suivre un mouvement déjà bien initié par les opérateurs privés, et notamment les jeunes startupers. Le consensus ayant été clairement établi : point de développement sans investir dans l’éducation. Or, avec une population qui doit doubler d’ici 2040, le continent, qui peine déjà à offrir une éducation de qualité pour tous, devra faire face à des défis majeurs : manque d’infrastructures, formation des enseignants, adaptation des contenus pédagogiques aux nouveaux besoins de l’économie… Autant de défis auxquels les nouvelles technologies apportent des solutions. Sachant que 80% des métiers d’aujourd’hui sont amenés à disparaître dans les années à venir, avec l’apparition de l’intelligence artificielle notamment, l’urgence est de saisir les opportunités qu’offrent ces solutions technologiques et de les adapter aux réalités et aux besoins du continent. Ce qui nécessite de repenser entièrement les modèles éducatifs en vigueur sur le continent, comme ailleurs du reste. 

Un marché qui devrait plus que doubler d’ici 2027

Et c’est à ce titre que l’e-learning offre une opportunité majeure au continent. Celle de répondre au défi de l’éducation pour tous. A côté des pionniers tels que BRCK, qui a démarrée au Kenya avant d’étendre son modèle ailleurs dans la région, avec une solution internet innovante destinée à faciliter l’accès à du contenu éducatif, y compris dans les régions les plus reculées, d’autres ont fait leur apparition sur un marché en plein essor. En Afrique comme à travers le monde. Avec un chiffre d’affaires mondial estimé à 254,8 milliards de dollars en 2021, et qui devrait plus que doubler d’ici 2027 (à 605,4 milliards de dollars), selon le cabinet d’études spécialisé Arizton, l’edtech s’affiche désormais comme un marché 8 fois plus important que le secteur des logiciels. L’organisation suisse Seedstars- qui investit dans les jeunes sociétés des pays émergents- estime pour sa part que 9% des applications téléchargées sur l’App Store concernent aujourd’hui des contenus éducatifs. Pas étonnant dans ces conditions que l’Afrique aussi, boostée par les besoins accrus de digitalisation nés de la pandémie du Covid (fermeture d’écoles), voit se multiplier les offres d’apprentissage en ligne.

« Des leçons ont été tirées de cette crise et l’on réalise désormais l’importance des technologies pour l’éducation »

« La crise a constitué un véritable défi pour l’Afrique, mais n’a globalement pas été aussi catastrophique qu’on le prédisait. Les Africains ont utilisé les technologies disponibles pour assurer la continuité de l’enseignement et de l’apprentissage. Des leçons ont été tirées de cette crise et l’on réalise désormais l’importance des technologies pour l’éducation”, confirme Rebecca Stromeyer, Directrice d’eLearning Africa, dont la dernière se tenait à kigali en mai 2022 (Lire eLearning Africa : le futur de l’éducation repensé à Kigali). 

De quoi susciter les intérêts pour un marché jugé particulièrement attractif. Ainsi, la plateforme Alison, basée en Irlande, qui propose du contenu éducatif en ligne gratuit, cible, et adapte son modèle à l’Afrique, à travers des offres en langues locales notamment. Résultat, la plateforme a enregistré une augmentation de 87% des inscriptions en juin dernier, sur le continent africain. 

8 millions de dollars levés par la startup tunisienne GoMyCode, un record

Les acteurs locaux ne sont pas absents de ce marché, bien au contraire. La startup tunisienne GoMyCode, qui a récemment clôturé un tour de table en série A de 8 millions de dollars mené par AfricInvest, présente dans huit pays de la région Moyen-Orient et Afrique, enregistre tous les mois plus de 1000 nouveaux étudiants s’inscrivent à l’un des 30 cours proposés. Un record pour une startup africaine qui opère dans l’EdTech. Là encore avec un format particulièrement adapté à l’Afrique. 

De même, Etudesk, basée à Abidjan, accompagne une dizaine d’établissements scolaires en Côte d’Ivoire et au Sénégal pour adapter et mettre en ligne leurs contenus pédagogiques dans les meilleurs délais et conditions possibles. Ces dernières années, plus de 400 organisations (PME, startups, corporates, gouvernement, organisations internationales) ont utilisé la plateforme pour former plus de 50 000 personnes dans 17 pays.

L’accès à internet et à l’électricité continue de creuser les inégalités  

Reste un défi majeur, l’accès à internet, encore insuffisant, tout autant que l’accès à l’électricité. En Afrique, l’UNICEF considère qu’un enfant sur deux n’a pas pu accéder à un enseignement à distance pendant le confinement. Ce n’est pas que la difficulté d’accéder à internet, mais aussi simplement aux programmes tenus par les gouvernements à la télévision ou à la radio. Par manque d’électricité. 

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