Rendez-vous de l’Expertise : la diaspora comme moteur de développement

Reportage réalisé par Amina Ben Messaoud et Khaled Nasraoui, à Tunis

Lancé par Expertise France, les Rendez-vous de l’Expertise, un des nouveaux temps fort de l’agenda de l’Institution, un espace de débat et d’échanges des experts et expertes de la coopération technique internationale, vise à mettre en lumière les enjeux de coopération internationale tout en proposant des solutions concrètes pour accélérer le développement économique dans les pays du Sud. À travers ces rencontres, Expertise France crée des ponts entre expertise technique, innovation, et entrepreneuriat, tout en mobilisant les talents et les savoir-faire issus de la diaspora.

Les diasporas africaines c’est à elles qu’étaient justement dédié le dernier RDV de l’Expertise qui s’est tenu le 26 septembre à Tunis. Un choix loin d’être anodin. En effet, la Tunisie, pays pionnier en matière d’entrepreneuriat diasporique, se distingue par une politique volontariste visant à soutenir ses ressortissants à l’étranger. Grâce à des initiatives innovantes, telles que des incitations fiscales et des facilités d’investissement, la Tunisie encourage ses diasporas à participer activement au développement du pays ainsi que l’explique Syma Mati, chef de projet du programme MEET Africa 2 au sein d’Expertise France. A ce titre, « la Tunisie est un terrain fertile pour l’entrepreneuriat diasporique, et ce rendez-vous illustre parfaitement l’engagement du pays dans la mobilisation de ses talents à l’étranger. »

Les diasporas sont des acteurs essentiels du développement économique en Afrique. Grâce à des initiatives comme Meet Africa, nous renforçons les liens entre ces entrepreneurs et leurs pays d’origine

La diaspora joue un rôle majeur dans le développement des pays d’origine, notamment à travers l’entrepreneuriat. Comme le souligne Habiba Addi, responsable des programmes entrepreneuriat chez Expertise France, « les diasporas sont des acteurs essentiels du développement économique en Afrique. Grâce à des initiatives comme Meet Africa, nous renforçons les liens entre ces entrepreneurs et leurs pays d’origine ». Cette dynamique se traduit par des transferts de compétences, de capitaux et l’accès à des réseaux transnationaux.

En 2023, selon la Banque mondiale, l’Afrique comptait plus de 250 millions d’entrepreneurs, dont 58 % de femmes, contribuant à près de 60 % du PIB du continent. Une large partie de cette croissance est portée par les membres des diasporas, qui apportent non seulement des ressources financières mais aussi un savoir-faire acquis à l’international.

Un levier pour la coopération internationale

Lors de cette édition des Rendez-vous de l’Expertise, plusieurs intervenants ont partagé leur “expertise” parmi lesquels Zeineb Messaoud, directrice exécutive de The Dot, “le cœur battant” de l’initiative entrepreneuriale en Tunisie, partenaire de l’évènement mais également de Meet Africa. “Historiquement, la diaspora a toujours joué un rôle dans son pays d’origine. Ce sont des personnes qui quittent le pays mais gardent des liens très forts pour la plupart notamment avec les familles qu’ils continuent à financer, rappellera Zeinab citant au passage les conclusions d’une étude de l’OCDE “en Tunisie, les binationaux ont une prédisposition plus élevée à créer leur entreprise, ce qui a un impact sur le développement du pays.”

L’accès au capital reste l’un des principaux freins pour les entrepreneurs diasporiques. Il existe un vrai problème de maturité et d’accès aux financements pour les projets en Afrique

« Les diasporas agissent comme des traducteurs des opportunités d’investissement dans leurs pays d’origine. Ils réduisent la perception du risque en apportant une compréhension approfondie des réalités locales et des marchés internationaux » poursuivra Éric Vincent Guichard, fondateur et directeur général de Homestrings.

Reste à accompagner cette diaspora dans son désir d’entreprendre “au pays”.

Des initiatives concrètes pour soutenir l’entrepreneuriat diasporique

La rencontre aura ainsi également été l’occasion de mettre en avant des projets concrets, tels que le programme MEET Africa 2, illustrent l’impact positif de l’implication des diasporas dans le développement. Ce programme, mené par Expertise France en partenariat avec l’Union européenne, vise à encourager la création d’entreprises par des membres des diasporas africaines vivant en Europe.

L’occasion d’entendre les témoignages de bénéficiaires de ces programmes. « Les entrepreneurs diasporiques doivent jongler entre deux cultures, deux environnements réglementaires différents, et cela peut être un frein à leur expansion », confiera ainsi Marwa Moula, fondatrice d’Iley’Com, évoquera la gestion des ressources humaines et l’adaptation culturelle comme les défis majeurs auxquels ces entrepreneurs sont confrontés.

Nous intervenons dans divers secteurs de politiques publiques : santé, éducation, culture et, bien entendu, le développement économique, l’entrepreneuriat et l’innovation

Les défis à surmonter pour les entrepreneurs de la diaspora

De fait, si les opportunités sont nombreuses, les entrepreneurs diasporiques font face à plusieurs défis. L’un des principaux obstacles demeure l’accès à l’information et au financement. Kara Diaby, à la tête de Repat Africa, a rappelé que « l’accès au capital reste l’un des principaux freins pour les entrepreneurs diasporiques. Il existe un vrai problème de maturité et d’accès aux financements pour les projets en Afrique. »

Mais des solutions existent, et elles s’adressent spécifiquement à ces entrepreneurs de la diaspora. Cette nouvelle édition des Rendez-vous de l’Expertise à Tunis aura permis de les faire connaître tout en soulignant le rôle majeur des diasporas dans le développement économique de leurs pays d’origine. Les entrepreneurs diasporiques, forts de leur double culture, agissent comme des ponts entre leurs pays d’accueil et d’origine, facilitant ainsi un développement durable et inclusif. Et leurs initiatives participent également à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), notamment en matière de réduction des inégalités et de croissance inclusive. Ainsi qu’en conclura Amine Aloulou, président de l’Atuge : « la diaspora n’est pas seulement une force économique, elle est aussi une source d’innovation et de créativité pour le développement durable de l’espace francophone. »

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