Relier les continents : autonomiser les entrepreneurs en Afrique et en Amérique
Amina, agricultrice en Afrique de l’Ouest, rêve de transformer son activité en un levier d’autonomisation pour sa communauté. Pourtant, des obstacles administratifs et logistiques freinent son ambition... À travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et des partenariats entre entrepreneurs africains et américains, Veola Green plaide pour une coopération économique inclusive, créatrice d’opportunités et de prospérité partagée.

Par Veola Green*
Laissez-moi vous parler d’Amina.
La petite ferme d’Amina, en Afrique de l’Ouest rurale, est l’endroit où elle transforme le manioc en produits précieux, notamment en aliment pour bétail. Mais sa vision va bien au-delà de ses propres champs. Elle rêve d’une coopérative féminine, une source d’autonomisation pour sa communauté et un chemin vers une vie meilleure pour sa famille—une vie où ses enfants ont accès à l’éducation et aux soins de santé. Cependant, ce rêve est menacé par des obstacles apparemment insurmontables, comme les coûts d’enregistrement d’une entreprise et le défi logistique d’éviter la détérioration des produits lors du transport.
En tant qu’entrepreneure afro-américaine, je vois un marché mondial débordant de potentiel
La possibilité de créer une entreprise est plus qu’un simple droit ; c’est un chemin vers une vie meilleure.
En tant qu’entrepreneure afro-américaine, je vois un marché mondial débordant de potentiel. Mon ambition ne se limite pas à bâtir une entreprise prospère, mais à contribuer à un monde plus équitable et prospère. Mon objectif est de relier le continent africain aux opportunités des entrepreneurs américains des zones rurales et des quartiers urbains défavorisés.
L’Afrique est sur le point de devenir le plus grand marché unique au monde. Tout comme l’ALENA a transformé l’Amérique du Nord, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a le potentiel de libérer une immense croissance économique sur le continent. Avec 54 nations, 1,3 milliard d’habitants et un PIB combiné de 3,4 milliards de dollars, la ZLECAf vise à éliminer les droits de douane, à simplifier le commerce et à créer un marché unique. Cela se traduit par :
Un commerce facilité : La réduction des barrières permettra un commerce intra-africain plus rapide et moins coûteux.
Des industries renforcées : Les entreprises africaines pourront se concentrer sur le commerce intra-africain, favorisant ainsi la production locale et réduisant la dépendance aux importations étrangères.
Une prospérité accrue : La ZLECAf devrait sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté et augmenter le revenu de l’Afrique de 450 milliards de dollars d’ici 2035, selon la Banque mondiale. Des secteurs comme l’industrie manufacturière, l’agriculture et les services devraient connaître une croissance significative.
Cependant, naviguer dans les réalités du terrain représente un défi de taille. Les rapports Doing Business de la Banque mondiale révèlent que, tandis que certains pays comme l’île Maurice ont considérablement réduit les barrières à l’entrée, d’autres imposent des frais exorbitants qui peuvent être un fardeau insurmontable pour les petites et moyennes entreprises (PME).
En tant que membre de la diaspora faisant des affaires en Afrique depuis 2017, j’ai été confrontée à des barrières logistiques complexes qui entravent la circulation des personnes et des marchandises. Ces situations m’ont fait verser de nombreuses larmes et passer d’innombrables nuits blanches. À mes yeux, ces gymnastiques logistiques représentent un obstacle systémique qui perpétue les inégalités et freine l’autodétermination ainsi que la libération collective de l’Afrique.
Une puissante synergie peut émerger entre les entrepreneurs américains—ruraux et des quartiers urbains défavorisés—et leurs homologues africains
C’est là qu’une puissante synergie peut émerger entre les entrepreneurs américains—ruraux et des quartiers urbains défavorisés—et leurs homologues africains. En s’associant, ils peuvent développer des partenariats pour de petits investissements collectifs et multiplier les opportunités de services facilitant l’importation et l’exportation de produits, tout en renforçant la reconnaissance des marques à l’échelle mondiale.
Par exemple, les entrepreneurs ruraux américains spécialisés dans l’agriculture durable et la gestion de l’eau pourraient collaborer avec des agriculteurs africains comme Amina pour mettre en place des systèmes d’irrigation efficaces et améliorer les rendements agricoles. De même, les entrepreneurs des quartiers urbains américains ayant des compétences en marketing digital et en e-commerce pourraient aider les entreprises africaines à atteindre de nouveaux marchés et à bâtir des marques en ligne. Ces collaborations pourraient prendre la forme de coentreprises, d’accords de transfert de technologies ou de programmes de mentorat, favorisant un apprentissage et une croissance mutuels.
Il est essentiel que les nations africaines simplifient les procédures administratives grâce à la technologie, afin de donner aux entrepreneurs américains une vision claire lorsqu’ils développent leurs stratégies d’investissement. Cet échange est indispensable pour autonomiser des femmes comme Amina et la jeunesse américaine, en leur fournissant les connaissances et les outils nécessaires pour réussir à l’ère numérique mondiale. L’élargissement de l’accès au crédit abordable et à la microfinance, via des plateformes digitales, peut permettre aux entrepreneurs ruraux et urbains de surmonter les contraintes financières et d’investir collectivement dans les entreprises africaines, augmentant ainsi les opportunités d’importation et d’exportation.
Enfin, la création d’écosystèmes de soutien qui offrent mentorat, réseautage et accès aux marchés par le biais de réseaux numériques est cruciale. Comme le souligne le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), des frais d’enregistrement élevés sont corrélés à des taux d’activité entrepreneuriale plus faibles et à un chômage plus élevé.
« The Africa We Deserve« est un groupe de réseautage d’affaires sur WhatsApp, rassemblant plus de 200 PME vérifiées qui y gagnent en visibilité marketing et peuvent y nouer des relations commerciales. Le processus de vérification est assuré par l’International Institute of Family Development, qui s’assure de la conformité des entreprises en vérifiant leur immatriculation, leur stabilité financière et leurs pratiques éthiques.
Ces entreprises collaborent avec l’Institut pour développer leurs activités, attirer des investisseurs dans les domaines de la production minière, de la fabrication de matériaux et de machines, accroître la production agricole et partager leur ingéniosité biotechnologique avec le monde.
Amina et sa coopérative sont des membres actifs, cherchant des opportunités pour élargir leur réseau et accéder à de nouveaux marchés.
L’Afrique a tant à offrir au monde. Facilitons la tâche aux entrepreneurs qui souhaitent contribuer à son essor
L’Afrique a tant à offrir au monde. Facilitons la tâche aux entrepreneurs qui souhaitent contribuer à son essor.
Construisons un avenir où l’ambition ne connaît pas de frontières. Rejoignez « The Africa We Deserve », le groupe WhatsApp dédié aux PME qui veulent se connecter, collaborer et prospérer.
Bien que des défis subsistent—comme les infrastructures et l’harmonisation réglementaire—les bénéfices potentiels sont indéniables. Pour des entrepreneurs comme Amina et moi, la ZLECAf représente une opportunité unique de se connecter à un vaste marché en pleine expansion, favorisant l’autonomisation économique et générant une prospérité partagée, aussi bien en Amérique qu’à travers le continent africain.
* En tant que Directrice Générale Exécutive et Principale de l’International Institute of Family Development, Veola Green crée des passerelles entre les individus, les gouvernements et les organisations pour faire avancer la protection de l’enfance et le développement international des femmes.