Rayene Thouir : le Bossy Match des Femmes de la Diaspora
Rayene Thouir, entrepreneuse tunisienne, a fondé Bossy Match fin 2020 en France et en 2021 en Tunisie pour accompagner les femmes dans le développement de leurs entreprises, tous secteurs confondus à l’échelle internationale. Dans cette interview, elle partage son parcours, les défis spécifiques auxquels elle a fait face, ainsi que les motivations derrière son engagement en faveur de l'entrepreneuriat féminin.
Pourquoi avez-vous fondé Bossy Match et quel a été votre parcours ?
J’ai fondé Bossy Match en 2021, officiellement en Tunisie en 2023, bien que l’idée ait germé un peu plus tôt en France. Née à Tunis et ayant vécu en France dès l’âge de 3 ans, j’ai toujours été tiraillée entre ces deux cultures. Au lycée, j’ai décidé de passer un an en Tunisie pour apprendre à lire et écrire l’arabe littéraire, ce qui m’a permis de mieux comprendre mes racines et d’atteindre mon objectif de devenir bilingue. Après avoir terminé mon bac en France, j’ai commencé des études en comptabilité, mais une expérience en cabinet m’a fait réaliser que ce n’était pas ma voie. J’ai ensuite ouvert un cabinet de consulting en France, spécifiquement dans le secteur de la beauté, où j’ai vu le potentiel d’accompagnement des femmes entrepreneures.
Cette double culture m’a parfois laissé dans un entre-deux identitaire, mais elle m’a aussi permis de tirer le meilleur de chaque culture
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans ce processus ?
Les défis ont été nombreux. Malgré mon réseau, j’ai dû prouver ma légitimité, car en Tunisie, même avec mes origines, j’étais perçue comme étrangère. Cela a été un défi culturel important. J’ai dû construire tout de zéro, sans demander de soutien familial ni contacts privilégiés. Après avoir ouvert mon cabinet de consulting, la concurrence m’a poussée à me réorienter vers l’accompagnement des femmes entrepreneures, ce qui a conduit à la création de Bossy Match.
Pourquoi avez-vous décidé de cibler les femmes et quelles sont les difficultés spécifiques qu’elles rencontrent ?
J’ai constaté qu’il y avait une réelle opportunité d’accompagner les femmes déjà installées qui avaient des difficultés à se développer. Peu de personnes s’intéressent à ce créneau. En Tunisie, et plus généralement en Afrique et au Moyen Orient, les préjugés et les mentalités sont un frein pour beaucoup de femmes qui souhaitent entreprendre et briser le plafond de verre. Je voulais changer cela et créer un concept qui permettrait de les propulser à l’international à travers un accompagnement personnalisé et des événements qui leur donneraient un espace pour se connecter et se soutenir.
Le plus gros défi a été culturel. En Tunisie, malgré mes origines, j’étais perçue comme étrangère, et il a fallu que je fasse mes preuves
Comment avez-vous surmonté ces obstacles ?
Je me suis entourée de personnes compétentes et j’ai bénéficié de l’aide d’initiatives comme MEET Africa. Au départ, je n’étais pas très enthousiaste à l’idée de postuler, pensant que ce programme n’avait pas de valeur ajoutée. Mais cette structure m’a permis de rencontrer des personnes influentes et de gagner en crédibilité. Grâce à ce soutien, nous avons réussi à rassembler des milliers de femmes lors d’événements à impact en Tunisie et en France, et à établir des connexions avec la diaspora.
J’ai constaté qu’il existait une réelle opportunité d’accompagner les femmes déjà établies, mais qui peinaient à se développer davantage
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Nous sommes en train d’élargir notre réseau à l’échelle du continent africain et du Moyen Orient. Je suis convaincue que, malgré les obstacles, il est possible de réussir en s’entourant des bonnes personnes et en co-construisant des solutions adaptées. Mon objectif est de développer un réseau qui relie les femmes entrepreneures, au-delà des frontières, dans toute la région MEA et d’accroître notre impact.
Pour en savoir plus : https://bossymatch.com/