A la uneActualité
A la Une

Rapport de la Banque Africaine de Développement 2025 : renforcement de la Croissance Économique de l’Afrique face aux Défis Mondiaux

L'économie de l'Afrique devrait connaître une croissance plus forte dans les prochaines années, malgré des défis mondiaux. Le rapport 2025 de la Banque Africaine de Développement présente des prévisions et recommandations clés pour renforcer la résilience. Analyse.

La Banque Africaine de Développement (BAD) a récemment dévoilé son rapport 2025 Macroeconomic Performance and Outlook (MEO), offrant des perspectives sur la trajectoire économique de l’Afrique malgré les défis mondiaux persistants. Ce rapport, lancé lors de la 38e session ordinaire de l’Assemblée de l’Union Africaine à Addis-Abeba, prévoit une accélération de la croissance du PIB réel de l’Afrique à 4,1 % en 2025, puis à 4,4 % en 2026, grâce à des réformes économiques, une inflation en baisse et une meilleure gestion fiscale et de la dette.

Une accélération de la croissance du PIB réel de l’Afrique à 4,1 % en 2025, puis à 4,4 % en 2026

Cependant, malgré ces projections positives, le rapport fait état d’une croissance inférieure au seuil de 7 % nécessaire pour réduire de manière significative la pauvreté. Selon le rapport, la croissance de l’Afrique devrait rester modérée, avec une prévision de 3,2 % en 2024, une légère amélioration par rapport à 2023 (3,0 %).

Les tensions géopolitiques, les catastrophes climatiques et les conflits régionaux, notamment dans le Sahel et la Corne de l’Afrique, continuent de constituer des défis majeurs. De plus, l’inflation reste un facteur préoccupant. Bien qu’elle devrait diminuer, passant de 18,6 % en 2024 à 12,6 % entre 2025 et 2026, elle reste un obstacle majeur pour les économies africaines. Le rapport note également l’élargissement des déficits fiscaux, qui sont passés de 4,4 % du PIB en 2023 à 4,6 % en 2024, bien qu’ils devraient se réduire à 4,1 % d’ici 2025-2026.

L’Afrique reste ainsi la deuxième région la plus dynamique après l’Asie

Malgré ces défis, l’Afrique demeure une région d’espoir économique. Le rapport identifie 24 pays africains, dont Djibouti, le Niger, le Rwanda, le Sénégal et le Soudan du Sud, comme devant dépasser les 5 % de croissance du PIB en 2025. Cela renforce l’idée que l’Afrique reste la deuxième région la plus dynamique au monde après l’Asie, avec 12 des 20 économies les plus performantes projetées pour le continent. Ces prévisions optimistes mettent en lumière le potentiel inexploité de nombreux pays africains, malgré les risques structurels persistants.

Le ministre éthiopien des Finances, Ato Ahmed Shide, a commenté : « Le rapport met en évidence la fragilité de la croissance économique de l’Afrique, qui devrait se situer autour de 4 % à court terme ». Il a ajouté que des mesures politiques proactives sont essentielles pour maintenir la stabilité et la croissance, en particulier dans un pays comme l’Éthiopie, où le gouvernement met un accent particulier sur la libéralisation économique, l’autonomisation du secteur privé et la discipline fiscale.

À mesure que l’Afrique navigue dans un paysage économique de plus en plus complexe, les décideurs doivent adopter une approche proactive pour renforcer la résilience et stimuler une croissance durable

Le rapport insiste également sur la nécessité de prendre des mesures à long terme. Nnenna Nwabufo, vice-présidente du développement régional à la BAD, a souligné : « À mesure que l’Afrique navigue dans un paysage économique de plus en plus complexe, les décideurs doivent adopter une approche proactive pour renforcer la résilience et stimuler une croissance durable ». Cette déclaration met en évidence l’importance d’une gestion stratégique des défis mondiaux afin d’assurer une stabilité économique à long terme.

Le Professeur Kevin Urama, économiste en chef de la BAD, a par ailleurs insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination des politiques fiscales et monétaires pour maîtriser l’inflation tout en soutenant la croissance. « Il est crucial que les pays africains renforcent leurs réserves de devises pour protéger leurs économies contre les chocs externes et les dépréciations monétaires », a-t-il ajouté. De plus, une restructuration anticipée de la dette pourrait éviter des défauts et garantir une stabilité financière.

Renforcement de l’intégration régionale et coordination des politiques

Le rapport aborde également la question de l’intégration régionale, soulignant l’importance de renforcer les initiatives continentales telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Albert Muchanga, commissaire au commerce de l’Union africaine, a indiqué que le secteur privé africain doit prendre un rôle plus actif dans le soutien à la ZLECAf. Il a précisé : « Ce que j’attendrais du secteur privé africain, c’est de créer des centres logistiques et des entrepôts à travers l’Afrique… Nous avons un potentiel énorme, mais le secteur privé n’a pas encore répondu ».

Le rapport de la BAD recommande des actions spécifiques pour favoriser la croissance et la résilience à long terme. La restructuration anticipée de la dette, les investissements dans des infrastructures intégrées et la mise en œuvre de réformes réglementaires visant à améliorer l’environnement des affaires sont des priorités pour stimuler la diversification économique et attirer davantage d’investissements privés.

Recommandations clés du rapport MEO 2025 :

  • Restructuration anticipée de la dette pour améliorer la stabilité financière
  • Investissements dans les infrastructures intégrées pour favoriser la diversification économique
  • Amélioration de l’environnement des affaires par des réformes réglementaires et des stratégies d’investissement

Le rapport de la BAD, publié deux fois par an, répond à un besoin essentiel de données économiques actualisées face à l’incertitude mondiale. Il sert de ressource aux décideurs, partenaires de développement, investisseurs mondiaux et chercheurs.

Consulter le rapport : 2025 Macroeconomic Performance and Outlook (MEO)

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page