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Portrait Youcef Boudjama, l’entrepreneur derrière le réseau social Waza

Conscient des limites des grands réseaux sociaux en termes de cybersécurité, l’entrepreneur tech algérien Youcef Boudjama a fait le pari de développer sa propre plateforme, baptisée Waza. Une initiative qui pourrait à terme être dupliquée ailleurs sur le continent. 

Par Nadjoua KHELIL, à Alger 

Très présent en Algérie, où il comptait 23 millions d’utilisateurs à fin janvier 2021, le réseau social américain Facebook n’en est pas moins ponctuellement pointé du doigt pour des problèmes liés à des failles de sécurité. Des faiblesses qui font le terreau des comportements délictueux sur la toile : en septembre 2020, l’éditeur de logiciels de cybersécurité Kaspersky a indiqué que l’Afrique avait été la cible de 28 millions de cyberattaques,  entre janvier et août 2020. C’est pour trouver une solution à cet enjeu numérique important que l’entrepreneur Youcef Boudjema, 33 ans, a lancé son propre réseau social, «Waza », une plateforme numérique « Made in Algeria », qui permet de surfer en toute sécurité.

« Ceux qui font du cyberharcèlement se cachent souvent derrière de faux profils. Je me suis alors posé la question : pourquoi les géants du numérique ne vérifient pas l’identité des utilisateurs ? C’est à partir de ce point nodal qu’on a développé notre concept et créer un réseau social sécurisé », explique le jeune patron, qui, réaliste, tient à préciser que Waza « n’a pas la prétention de concurrencer cette grande plateforme de plus de 2 milliards d’utilisateurs » qu’est Facebook. La différence, selon lui, se fera en premier lieu « sur la qualité » puisque la particularité du dispositif mis en place par  Youcef Boudjema est de « lutter contre les faux profils ». Tout juste lancé- en octobre 2021- le nouveau réseau social, qui combine les meilleures fonctionnalités des grands réseaux (Facebook, Instagram et LinkedIn), compte aujourd’hui environ 10 000 utilisateurs. Un chiffre « encourageant » selon son promoteur, qui a du reste développé ce projet via sa start-up KaizTech, une entreprise lancée en 2020, « grâce à un associé [qui a cru en lui], Yacine Keroui, un investisseur ayant vécu et évolué en Côte d’Ivoire ».  

« Partager ses revenus publicitaires avec les utilisateurs » 

Concrètement, Waza garantit que les échanges et transactions, « se font avec des personnes réelles, des vendeurs identifiés utilisant un paiement simplifié pour éviter toute arnaque », détaille Youcef Boudjema, qui affirme par ailleurs que si une tentative délictueuse est relevée, « son auteur est vite repéré [et] son identité dévoilée aux autorités compétentes». Davantage, l’application, qui se veut un outil marketing pour les commerces et les annonceurs, se targue d’être le premier réseau social à partager ses gains publicitaires avec ses utilisateurs, suivant le temps passé sur la plateforme, cette « rémunération [passant] notamment à travers la création du métier de submarketer (à l’image des influenceurs)»,  décrit l’entrepreneur tech. 

Moins de deux mois après le démarrage de Waza, Youcef Boudjema dit toutefois constater « une réticence de la part de certains utilisateurs, [qui] ont du mal à s’adapter au nouveau concept ». Face à ce constat,  la direction du réseau social a opté pour une stratégie diversifiée, qui répond aux besoins de toutes les catégories, avec une plateforme qui sera, « à 70 % professionnelle et à 30% divertissement ». Dans la pratique, deux univers distincts seront développés, d’ici début 2022, « une tendance classique d’échanges, de partage où les utilisateurs n’auront pas besoin de s’identifier, mais sans pouvoir accéder à la marketplace sécurisée », tandis qu’une autre solution sera « réservée à l’univers professionnel et aux échanges B2B, avec une identification de ses membres ». Cet espace sécurisé devrait, entre autres, proposer de « connecter recruteurs et demandeurs d’emploi », ainsi que « mettre en relation des porteurs de projets innovants et des investisseurs avec une éventuelle base de données pour plus de visibilité»,  détaille le techpreneur, qui a découvert l’univers du numérique et de l’innovation après en Master 2 Hôtellerie internationale, passé à Nice (France). Diplômé, Youcef Boudjema  exerce plusieurs métiers dans l’Hexagone, dont celui de coach formateur auprès de la chaîne de restauration rapide McDonald’s, avant de rentrer en Algérie en 2017. 

« Persévérer, ne jamais se décourager et croire au succès »

Le secteur technologique étant concurrentiel à l’étranger, « contrairement à l’Algérie où le digital n’est pas très développé », le « repat » voit dans son projet tech une « aubaine pour [s’investir] et avoir de la visibilité ». Très vite, le startupeur fait du triptyque « persévérer, ne jamais se décourager et croire au succès » son crédo et enchaine les initiatives, créant en 2019 sa première structure , Bleuschairs, une plateforme digitale de réservation d’espacesévénementiels, qu’il a lancée en capitalisant sur son expérience dans l’hôtellerie. Mais avec un timing peu heureux : le démarrage de l’activité a coïncidé avec les débuts de la pandémie du Covid-19. Youcef Boudjema  ne se décourage pourtant pas et inverse finalement la situation en sa faveur, avant d’impulser un nouveau projet, Piassa. Une nouvelle plateforme digitale, dédiée cette fois à la commande des pièces auto, et qui met en relation automobilistes et vendeurs de pièces. 

Prochain objectif, l’Afrique de l’Ouest

Aujourd’hui, c’est le réseau social  Waza qui est sa priorité numéro un, et le jeune patron se voit déjà déployer à l’étranger sa plateforme. Notamment en Afrique subsaharienne, où son associé est « intéressé par le marché de l’Afrique de l’Ouest ». En attendant de mûrir d’autres initiatives, « un projet de crypto-monnaie » étant en cours de réalisation pour les « marchés étrangers ouverts à ce genre d’options ». Riche de son expérience d’entrepreneur, Youcef Boudjema  estime pourtant nécessaire d’accompagner plus, en Algérie, les start-up. Pour lui, il faut «adapter la réglementation aux exigences du moment pour permettre des levées de fonds, afin d’aller au bout de nos ambitions ».   

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