Le dossier du mois

Portfolio : Focus sur 5 profils 

Engagés à la fois dans leur pays d’accueil et pour l’Afrique où ils sont nés, ces fils et filles de la diaspora, véritables acteurs de changement, ont fait le choix de l’entreprenariat pour faire bouger les lignes. 

Par la rédaction 

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Mohamed Nour Diarrassouba, le Panafricain  

Rêveur mais loin d’être naïf, de la Côte d’Ivoire au Canada, Mohamed Nour Diarrassouba est un homme engagé. En faveur des jeunes entrepreneurs africains notamment. 

Ivoirien de naissance, Mohamed Nour Diarrassouba, a quitté le continent à l’âge de 17 ans. Financier de formation, il est double diplômé de l’école de commerce Emlyon en France et de l’Université York à Toronto, ainsi que certifié des prestigieuses Paris Business School et Harvard Business School. En marge de ses activités professionnelles, le jeune homme s’engage. Il rejoint à 22 ans la campagne de l’ex-vice première ministre Dominique Anglade en qualité de directeur de campagne du parti Libéral pour la circonscription de Taillon. Ce qui fait de lui l’un des plus jeunes directeurs de campagne du Canada. Mais l’Afrique n’est jamais loin. Une rencontre fortuite avec Thione Niang, ancien responsable des jeunes démocrates aux États-Unis de l’ère Barack Obama, par ailleurs entrepreneur social, lui en offre l’occasion. Il l’intègre à son équipe. Ensemble, ils s’investissent dans la formation digitale des jeunes sur le continent. “Ce sont plus de 1000 jeunes que nous avons formés en 2022”. 

“Un message ambitieux et plein d’espoir pour la jeune diaspora”

Entre-temps, en 2018, il crée MED GROUP AFRICA pour accompagner les entrepreneurs dans leur implantation en Afrique. “On a ainsi accompagné une centaine d’entrepreneurs dans leur plan d’affaires.” Par la suite il lance MED ACADEMY en 2021, une académie de formation en ligne, gratuite, “à destination des jeunes africains qui ont envie de développer leurs connaissances  sur l’entrepreneuriat et le digital”. Avec AL Nour Agency en 2022 il accompagne les entreprises dans leur digitalisation. 

Un parcours qui a nourri son “rêve africain” titre de son essai publié l’année dernière dans lequel il partage son analyse et ses espoirs pour l’avenir du continent. “Dans ‘Mon rêve africain’, j’aborde des enjeux majeurs tels que l’insécurité alimentaire ou l’éducation, propose une solide analyse et des pistes de solutions à l’attention des dirigeants africains, et délivre un message ambitieux et plein d’espoir pour la jeune diaspora.”

C’est dans ce sens qu’il fonde en 2020 AGENDA35, une plateforme de réflexion stratégique pour l’Afrique.

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Angelle Kwemo Un trait d’union entre les Etats-Unis et l’Afrique

Basée aux Etats-Unis depuis vingtaine d’années, la Camerounaise Angelle Kwemo a créé son cabinet de conseil spécialisé dans les relations USA-Afrique. 

Pionnière, elle a très vite misé sur les Etats-Unis pour développer les relations avec l’Afrique via sa diaspora, toujours au centre des relations économiques entre ces deux pôles. “Aux Etats-Unis, la diaspora peut servir de catalyseur et de facilitateur efficace du commerce et des affaires” répète celle qui a créé en 2012 son Cabinet de conseil stratégique USA-Afrique. 

“La diaspora a le potentiel de changer la donne dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique”

Diplômée en Droit des affaires en France, Angelle Kwemo a passé le début de sa carrière au Cameroun en tant que responsable du département protection maritime chez Bolloré entre autres. Avant de répondre à l’appel de l’aventure américaine où elle rejoint le Congrès des Etats-Unis, au département des affaires étrangères en 2005. Concentrée sur le Moyen-Orient dans un premier temps, priorité de la politique étrangère américaine, elle revient à l’Afrique au moment de la création du Congressional Caucus in Africa, sous la présidence de Barack Obama. 

“Puis j’ai eu le désir de m’occuper de l’Afrique à plein temps. Les temps changeaient. Les réussites africaines se multipliaient avec Dangote, Elumelu… Je me suis tournée vers le secteur privé” 

Avec un pouvoir d’achat qui s’élève à 1,5 milliard de dollars, la diaspora transfère près de 100 milliards de dollars par an au continent. “Elle a le potentiel de changer la donne dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique” affirme-t-elle. Devenu un groupe d’électeurs important aux États-Unis, un certain nombre de ces Africains-Américains occupent des postes clés au sein de l’administration Biden. 

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Bertin Nahum Le révolutionnaire de la MedTech 4.0

Fervent défenseur de l’investissement en Afrique, le Franco-beninois Bertin Nahum a acquis avec sa MedTech Quantum Surgical, une notoriété internationale et multiplie les prix. 

C’est une success story que revendique aussi bien son pays d’adoption la France, que celui d’origine le Bénin, et plus largement l’Afrique. Mais le président fondateur de Quantum Surgical, société spécialisée dans la conception de robotique médicale et chirurgicale, est surtout un fervent défenseur de la puissance de la diaspora africaine pour le développement du continent. Le 27 octobre dernier, sa MedTech a reçu à New York, le Prix Galien USA 2022, dans la catégorie start-up medtech, considéré comme le Prix Nobel en recherche biopharmaceutique, pour sa plateforme robotisée Epione®, dédiée au traitement curatif et précoce du cancer de l’abdomen et en particulier du foie. 

Le Franco-béninois ne cache pas son ambition de devenir leader mondial. En gardant toujours un œil sur l’Afrique. A l’occasion du 2ème forum économique de la Francophonie à Paris, il déclarait à l’assistance :  « Avant toute chose, il est nécessaire de mettre l’accent sur l’innovation, et quand on parle de l’innovation, ce n’est pas nécessairement l’innovation technologique, mais c’est de développer des projets dans divers domaines pouvant développer économiquement les pays de l’Afrique et créer de l’emploi ». 

4ème entrepreneur high-tech le plus révolutionnaire du monde après Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron 

Né au Sénégal, mais de parents béninois, il grandit en France et fait ses études à Lyon, à l’Institut national des sciences appliquées (INSA). Le jeune ingénieur décroche ensuite un Master of Science en robotique de la Coventry University (Grande-Bretagne). Sa carrière commence dans de grands groupes de robotique chirurgicale avant de franchir le pas de l’entreprenariat et crée sa première start up :  Medtech rachetée par le groupe américain Zimmer Biomet pour 164 millions d’euros.  En 2017, il lance Quantum Surgical dans laquelle il développe les dernières innovations reconnues mondialement. En septembre 2022, la revue canadienne Discovery Series le classe quatrième entrepreneur high-tech le plus révolutionnaire du monde après Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron.   

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Serilo Looky, la diaspora active 

De l’entreprenariat aux médias en passant par la politique, Sérilo Looky est actif sur tous les plans. Avec le même objectif : promouvoir les diasporas africaines en France.

Informaticien de formation, Sérilo Looky est arrivé en France en 1993 pour ses études. Engagé sur plusieurs scènes, il crée sa première structure ‘‘PHYS Organisation’’ en 2013 destinée aux services informatiques puis ‘‘Beleez Groupe’’. En parallèle, il participe en 2006 à la création de la ‘‘Fédération Française de Gospel’’, avec la mise en place d’un magazine baptisé ‘‘Gospel News’’ en 2011. En 2017, il devient coordinateur diaspora au sein de l’AGYP powered by MEDEF qui débouche sur la création de la structure ‘‘Alliance Diaspora’’ en 2019.

Entre-temps, déterminé à faire évoluer les choses en France Sérilo lance en février 2022, un micro parti politique nommé « Tous Cœurs de France », étiquette avec laquelle il s’est présenté aux législatives de Juin 2022 dans la 10ème circonscription des Français de l’extérieur “sans grande réussite “ concède-t-il. 

‘‘DIASPORA HABARI’’, le porte-parole des membres de la diaspora 

Mais Sérilo n’est pas homme à se laisser abattre. En Janvier 2023, il lance ‘‘DIASPORA HABARI’’. “Ce magazine se veut être le porte-parole des membres de la diaspora afin qu’elles puissent exprimer ce qu’elles désirent et parler elles-mêmes sans avoir à laisser la parole à d’autres pour cela, explique-t-il. Pour ce faire, il mettra en avant les histoires et les parcours de ses membres pour montrer que la diaspora africaine est bien présente, réalisatrice et actrice dans tous les domaines de la société. Mais aussi qu’elle veut être à l’origine de la transmission de son histoire pour les générations futures.”

Et d’observer : “La diaspora africaine en France est bien présente, mais pas totalement mise en lumière. Elle arrive à avancer, malgré beaucoup d’embûches. Je pense par exemple à la mise en place du fonds « Efficient Africa Funds » qui devait être mis en place avec l’aide de plusieurs entités (AFD, Société Générale, BPI France, L’Elysée et bien d’autres…), mais qui est toujours en attente de finalisation 5 ans plus tard !”

Avec ce magazine dédié à la diaspora, “nous voulons que chaque personne qui le lise puisse se rendre compte de l’état des faits que la diaspora africaine vie en France, en Europe et même en Afrique, mais aussi, que ces personnes puissent s’en imprégner et changer leur mode de vie et d’actions au quotidien, pourquoi pas…”

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Mahi Binebine : L’Afrique en toutes lettres

Écrivain et peintre marocain reconnu, il défend avec passion la création artistique africaine avec le premier Festival du livres africain de Marrakech (FLAM). 

Le célèbre écrivain et peintre marocain, dont les livres sont traduits dans une dizaine de langues, et les tableaux comptés dans la collection permanente du Guggenheim de New York, a eu l’idée simple, il y a quelques mois seulement, de créer un Festival du livre africain de Marrakech (FALM) du 9 au 12 février. Un évènement sud-sud pour découvrir les œuvres des auteurs africains de part et d’autre du Sahara. “Nous nous sommes rendu compte que nous ne nous connaissions pas… Nous écrivains africains devons croire en notre potentiel, et arrêter de regarder en haut. Pourquoi est-ce qu’un artiste africain n’arrive pas à émerger sans passer par Paris ?” plaide-t-il. 

“Nous écrivains africains devons croire en notre potentiel” 

Arrivé lui-même dans la capitale française avec le bac en poche pour des études de mathématiques, il devient professeur dans une “boîte à bac”. S’il a toujours été attiré par l’art, il répond définitivement à l’appel de la création artistique, encouragé par ses amis artistes. En 1992 il s’installe à New York où sa carrière prend un tournant majeur. De retour à Paris en 1999, il quitte pourtant la France peu après. “Lorsque Jean-Marie Le Pen se retrouve au second tour des élections présidentielles, je me suis senti trahi et j’ai décidé de rentrer à Marrakech où je suis né”. Un “coup de tête” qui s’est avéré être “la meilleure décision de ma vie”. 

L’amoureux de Paris s’installe définitivement au Maroc, et décide de développer ses relations sud-sud. Avec son ami, le réalisateur marocain Nabil Ayouche, il lance les centres culturels de la Fondation Ali Zaoua qu’il co-préside. Des centres culturels pour les enfants démunis du Maroc. “Je suis moi-même né dans une famille pauvre. Offrir à ces enfants la possibilité de s’ouvrir à la culture, c’est extraordinaire!”. C’est justement dans le centre de Marrakech, que les artistes reconnus et invités au FLAM, se rassembleront autour de ces enfants. 

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