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Pétrole, gaz… et tech, la nouvelle Algérie se dessine 

Si la manne pétrolière et gazière continue de porter l’économie algérienne, sa diversification se confirme et le pays nourrit de nouvelles ambitions. Agriculture, hydrogène vert, numérique… Tous les chantiers sont ouverts avec un objectif : un PIB dépassant les 400 milliards de dollars d'ici 2026.

Dans un rapport publié en avril dernier, le FMI a prévu pour l’Algérie de monter pour la première fois sur le podium des économies africaines en 2024. Selon ce rapport, l’économie algérienne est en passe de devenir la deuxième du continent, devançant ainsi l’Égypte avec un PIB estimé à 348 milliards de dollars. Cette performance remarquable s’explique par une combinaison de facteurs, notamment la résilience économique post-pandémie et des stratégies économiques efficaces.

Plutôt que d’utiliser la manne pétrolière et gazière pour acheter la paix sociale, une nouvelle voie se dessine, permettant à l’Algérie de viser la deuxième place des économies africaines

Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision chez Xerfi, affirme dans un interview accordée à un média local que la transformation économique de l’Algérie ne repose plus seulement sur la rente pétrolière et gazière. Il explique : « Plutôt que d’utiliser la manne pétrolière et gazière pour acheter la paix sociale, une nouvelle voie se dessine, permettant à l’Algérie de viser la deuxième place des économies africaines. »

Et de nourrir de nouvelles ambitions. En mars dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, partageant ses prévisions optimistes, pariait sur un PIB dépassant les 400 milliards de dollars d’ici 2026. Jouable ? 

 Un acteur incontournable sur le marché énergétique mondial.

De fait, l’Algérie a su tirer profit de la nouvelle carte énergétique mondiale. Avec la réorientation des approvisionnements en gaz de l’Europe et le maintien des cours élevés du pétrole et du gaz, le pays se positionne comme un acteur incontournable sur le marché énergétique mondial. L’Algérie est le 10ᵉ producteur mondial de gaz naturel et le premier exportateur africain de GNL, consolidant ainsi sa place dans le top 10 mondial.

Depuis des décennies, l’Algérie joue un rôle central dans l’approvisionnement en gaz naturel de l’Europe, notamment grâce à ses vastes réserves gazières. Mohamed Arkab, ministre de l’Énergie et des Mines, a récemment souligné l’importance de projets tels que le Gazoduc Maghreb Europe et le gazoduc transsaharien reliant le Nigeria à la Méditerranée via l’Algérie et le Niger. Ce dernier projet vise à diversifier les sources d’approvisionnement en gaz de l’Europe tout en favorisant le développement socio-économique des pays traversés. 

Par ailleurs, l’Algérie travaille activement à devenir un acteur majeur dans le domaine de l’hydrogène, avec des initiatives visant à transporter de l’hydrogène renouvelable produit en Algérie vers l’Allemagne via la Tunisie, l’Italie et l’Autriche.

En attendant, l’Algérie se projette également comme un futur leader dans les énergies renouvelables, grâce à ses abondantes ressources solaires et éoliennes. Le pays aspire à établir un partenariat solide pour devenir un pôle énergétique régional, notamment par des projets comme l’interconnexion électrique entre le Nord et le Sud de la Méditerranée, qui bénéficierait d’une enveloppe de trois milliards de dollars pour renforcer les énergies renouvelables et approvisionner les pays africains en électricité propre. En outre, l’Algérie prévoit d’investir dans la production et l’exportation d’hydrogène renouvelable, avec l’objectif de fournir 10 % des besoins en hydrogène vert de l’Europe d’ici 2040.

Sur la voie de la diversification

Outre le secteur énergétique, l’Algérie s’engage dans une diversification économique ambitieuse. Le pays a attiré des investissements étrangers en supprimant la règle 51/49, perçue comme un obstacle aux IDE. Un plan d’investissement de plus de 50 milliards de dollars est prévu entre 2024 et 2028 dans le pétrole et le gaz, avec des projets comme l’exploitation des gisements de minerai de fer, de zinc, de plomb et de phosphate.

Dans le secteur agricole, le projet algéro-qatari de ferme géante dans le désert algérien, avec un investissement de 3,5 milliards de dollars, vise à produire du lait en poudre. De plus, des projets industriels tels que le complexe textile de Relizane, en partenariat avec la Turquie, et les développements dans l’industrie pharmaceutique et automobile, montrent la dynamique de diversification économique.

Une politique ambitieuse pour la transformation numérique

L’Algérie mise également sur les startups et l’économie de la connaissance. La success story de Yassir, une application de VTC devenue la start-up la plus valorisée d’Afrique du Nord, en est un exemple emblématique. Avec plus de 200 millions de dollars levés, notamment depuis la Silicon Valley, Yassir incarne le potentiel du secteur numérique algérien.

Le numérique est un levier majeur pour le développement économique et social de l’Algérie. Conscients de cet enjeu, les pouvoirs publics ont mis en place une politique ambitieuse pour la transformation numérique du pays. Cette stratégie est soutenue par l’engagement du Président de la République, qui insiste sur la numérisation comme priorité nationale pour améliorer la connectivité, généraliser l’usage des TIC et renforcer la gouvernance économique. De nombreuses mesures ont été adoptées pour moraliser la vie publique, promouvoir la transparence et développer une économie numérique basée sur l’exploitation des données, avec pour objectif de lutter contre la bureaucratie et promouvoir la démocratie participative.

Malgré des avancées notables, des disparités sectorielles persistent, freinant l’essor d’une véritable économie numérique. La numérisation progresse différemment selon les secteurs, notamment ceux à vocation administrative. Le Président a annoncé la création d’un Haut-Commissariat à la Numérisation pour renforcer la coordination et l’intégration des initiatives numériques. Une approche collaborative et pratique est nécessaire pour concrétiser les projets identifiés, avec la participation active des citoyens et des opérateurs économiques, afin de construire une société numérique moderne, fondée sur la bonne gouvernance, la citoyenneté et l’innovation technologique.

En attendant, le développement des infrastructures est une priorité, avec des projets comme la Transsaharienne qui accélérera les échanges avec les pays africains qui renforce au passage l’influence régionale de l’Algérie.

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