Parcours : George Elombi, le juriste discret devenu président d’Afreximbank
Nommé à la tête d’Afreximbank depuis le 28 juin 2025, Dr George Elombi incarne une continuité stratégique au service du financement du commerce intra-africain. Juriste de formation, pilier de l’institution depuis près de trente ans, il succède à Benedict Oramah, avec l’ambition de porter la Banque à 250 milliards de dollars d’actifs.

Le 28 juin 2025, au terme de la réunion annuelle des actionnaires de l’African Export-Import Bank (Afreximbank) à Abuja, Dr George Elombi a été officiellement nommé Président et Président du Conseil d’administration de cette institution panafricaine majeure. Il devient ainsi le quatrième dirigeant à la tête de la Banque depuis sa création en 1993.
Un parcours forgé dans la durée
Originaire du Cameroun, George Elombi a rejoint Afreximbank en 1996 comme Legal Officer. Vingt-neuf ans plus tard, c’est un homme de la maison qui accède au sommet. Il a gravi un à un les échelons de l’institution : Senior Legal Officer (2001–2003), Chief Legal Officer (2003–2008), puis Deputy Director, Legal Services et Executive Secretary (2008–2010), avant d’être nommé Director et Executive Secretary (2010–2015). Depuis, il occupait le poste de Vice-Président exécutif en charge de la gouvernance, des affaires juridiques et des services corporate.
Une expertise juridique au service du développement
Avant son arrivée à Afreximbank, George Elombi enseignait le droit à l’Université de Hull au Royaume-Uni. Il est titulaire d’un LL.M. et d’un doctorat en arbitrage commercial de la London School of Economics, ainsi que d’une Maîtrise en Droit de l’Université de Yaoundé. Cette double expérience académique et institutionnelle a fait de lui l’un des artisans clés du développement juridique et structurel de la Banque.
Son rôle a notamment été central dans la structuration du groupe Afreximbank, avec la création de filiales stratégiques qui ont renforcé la capacité d’action de l’institution à travers l’Afrique. Sous sa direction, l’un des services les plus critiques — la mobilisation de fonds propres — a permis à la Banque d’atteindre un montant cumulé de 3,6 milliards USD de fonds propres ordinaires à fin avril 2025.
Un leadership éprouvé en temps de crise
La carrière de George Elombi s’est distinguée par sa gestion efficace de situations critiques. Pendant la pandémie de COVID-19, il présidait le Comité d’intervention d’urgence d’Afreximbank. Sous sa direction, la Banque a mobilisé plus de 2 milliards de dollars pour l’acquisition et la distribution de vaccins dans les pays africains et caribéens. Cette réponse rapide et coordonnée a démontré ses capacités à conjuguer action stratégique et réactivité opérationnelle.
En regardant vers l’avenir, je vois Afreximbank comme un moteur de l’industrialisation de l’Afrique et de la reconquête de la dignité des Africains, où qu’ils soient
Dans son discours, George Elombi a affirmé sa vision avec force et émotion : « J’ai travaillé aux côtés de collègues remarquables et de dirigeants extraordinaires pour contribuer à façonner la vision, le mandat et la croissance de cette institution. En regardant vers l’avenir, je vois Afreximbank comme un moteur de l’industrialisation de l’Afrique et de la reconquête de la dignité des Africains, où qu’ils soient. Je m’engage à préserver cet actif précieux. »
Il reprend à son compte l’objectif exprimé par son prédécesseur Benedict Oramah : faire d’Afreximbank une banque de 250 milliards de dollars d’actifs dans les dix prochaines années. Un défi de taille dans un contexte économique mondial incertain, mais aussi une ambition réaliste au regard du dynamisme croissant du commerce intra-africain, impulsé notamment par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont Afreximbank est l’un des principaux soutiens financiers.
Une succession dans la continuité
La transition entre Benedict Oramah, qui quittera ses fonctions en septembre 2025 après une décennie à la tête de la Banque, et George Elombi a été préparée de longue date. Le processus de sélection, lancé en janvier 2025, a été rigoureux : appel mondial à candidatures, présélection menée par un cabinet international de recrutement, puis recommandation au Conseil d’administration et validation par l’Assemblée générale des actionnaires.
Ce mode de gouvernance démontre la maturité institutionnelle d’Afreximbank et la volonté de maintenir la stabilité dans ses orientations. Le mandat de George Elombi, d’une durée initiale de cinq ans renouvelable une fois, s’inscrit dans la lignée d’une stratégie de long terme centrée sur le financement de projets structurants, l’inclusion financière et le renforcement des chaînes de valeur africaines.
Un président discret mais déterminé
Moins connu du grand public que son prédécesseur, George Elombi se distingue par sa discrétion, sa rigueur intellectuelle et sa loyauté à l’institution. À travers les postes qu’il a occupés, il a su gagner la confiance des actionnaires, des partenaires institutionnels et des équipes internes.
Son approche technocratique, fondée sur une compréhension fine des enjeux juridiques et financiers du continent, pourrait bien être l’atout maître d’Afreximbank dans les années à venir. Dans un environnement marqué par les défis climatiques, les tensions géopolitiques et la nécessité d’accélérer la transformation économique du continent, son leadership mesuré mais ambitieux sera scruté de près.