A peine la trentaine et Fatoumata Aguibou Barry affiche déjà plusieurs expériences entrepreneuriales à son actif. Dernière en date, une entreprise de taxi conduite exclusivement par des femmes…
« Je suis entrepreneur ». C’est en toute simplicité que Fatoumata Aguibou Barry se présente. Son métier, explique-t-elle, c’est entreprendre. La trentaine à peine, la jeune Guinéenne a déjà plusieurs expériences entrepreneuriales à son actif. « J’ai commencé l’entreprenariat il y a quatre ans après un parcours universitaire en sociologie en Algérie, à Bejaïa. J’ai décidé de rentrer dans mon pays pour travailler. J’ai commencé avec une première entreprise, Guinée Facilities. Avec quelques ambitions sociales, à savoir redistribuer le peu que j’ai à ma communauté. »
Des ambitions sociales
Ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’entre temps, Fatoumata, véritable touche à tout, multiplie les expériences professionnelles. Après le lycée Sylla Lamine en Guinée où elle obtient son baccalauréat en sciences sociales, Fatoumata Aguibou Barry s’envole pour l’Algérie et s’inscrit à l’Université Abderrahman Mira de Bejaïa en 2010. Elle y passe quatre ans et en sort avec un doctorat en sociologie des organisations. Au sortir de là, elle intègre le monde professionnel comme étudiante stagiaire à la Compagnie Algérienne des Assurances (CAAT). Pendant quatre mois, elle est en charge de collecter les courriers journaliers pour transmission au directeur des ressources humaines. De retour en Guinée, en octobre 2014, elle intègre la fonction publique notamment au ministère des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger pendant près de huit mois. Femme battante et assoiffée de challenges mais surtout passionnée par l’humain, Fatoumata va quitter allègrement la tranquillité de la fonction publique pour la restauration. Ainsi donc, en septembre 2015, elle est recrutée comme responsable de la chaîne d’approvisionnement au restaurant « le Bistrot Parisien ».
« Il y a encore des métiers que les femmes s’interdisent. »
Quatre mois plus tard, elle lance Guinée Facilities qui assure des services dans le domaine du Facility management, notamment dans l’assistance administrative mais également dans l’assistance des investisseurs désireux de se rendre et d’investir en Guinée. A l’affût des besoins de « sa communauté », elle développe par la suite une autre activité, dans le transport. « J’ai décidé d’innover et d’adapter le modèle Uber dans mon pays. Sachant que la population guinéenne n’est pas bancarisée, il fallait adopter le produit à nos réalités locales. » Le résultat, un service de transport avec des véhicules climatisés, disposant de Wifi et GPS. « L’activité existe depuis juillet 2017 et l’entreprise s’appelle ZJ Taxi, des taxis orange et noir. Au départ, je voulais que ces taxis soient exclusivement conduits par des femmes. Mais malheureusement, la mentalité des femmes en Guinée est encore très ancestrale. Il y a encore des métiers que les femmes s’interdisent. De ce fait, il y a beaucoup à faire pour inciter les femmes à venir vers nous et changer les mentalités. » Ce qui passe par des mesures plus qu’incitatives : « Aujourd’hui, si vous travaillez avec nous pendant deux ans, avec sérieux, le taxi vous appartient après cette période. »
« Ce sont des activités que je mène seule, sans financement extérieur. »
Ce n’est pas fini. Depuis, Fatoumata a également créé ZJ Alliance, une société de transport de personnes et de marchandises par voie routière. Spécialisée aussi en management, organisation et développement commercial. Et en décembre 2017, elle créée Zoemarket, un marché couvert et qui propose des produits frais durant toute l’année. « Ce sont des activités que je mène seule, sans financement extérieur. » Mais avec un véritable sens des affaires et le souci d’un réel impact socio-économique.