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Parcours Christine Sesay L’éducation financière au service de l’entreprenariat féminin

Christine Sesay est présidente d’Africa’s money preneur. Une plateforme d’éducation financière créée en Sierra Leone et destinée à « faire la différence ». Portrait.

 

Par Bilkiss Mentari

 

Avec une formation dans les finances, Christine Sesay, originaire de Sierra Leone, a vécu et travaillé une dizaine d’années en Europe, en tant que comptable, avant de décider de rentrer sur son continent. Cette Repat, comme on les appelle désormais, voulait se rendre utile. « Je suis revenue travailler avec une ONG. J’ai commencé au Niger où je suis restée près de trois ans, avant de retourner en Sierra Leone ». Un pays déjà fragile qui devra en outre faire face à l’épidémie d’Ebola, entre 2014 et 2016, qui fera près de 4000 morts sur plus de 14 000 cas recensés, selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pendant toute cette période, Christine restera dans le pays, malgré la crise. « La Sierra Leone est ma maison. J’étais dévastée de voir comment les évènements se sont aggravés en si peu de temps avec la maladie infiltrant le pays. Le quitter à ce moment-là aurait été la solution de facilité. Mais alors, qu’aurais-je dit à mes enfants dans le futur ? »

 

« Un problème plus africain que féminin »

 

« En 2016, j’ai décidé qu’il était temps de faire quelque chose de différent. Différent dans le sens où dans tous les pays que j’ai visités, j’ai vu des femmes et la façon dont elles font des affaires et avec laquelle elles luttent. Avec Ebola, beaucoup de sociétés, de personnes de la classe moyenne, sont parties. L’économie était brisée. La plupart des entrepreneurs ont eu du mal à survivre. » C’est dans ce contexte que l’idée d’Africa’s money preneur est née. « C’est une plateforme qui enseigne des stratégies financières efficaces qui soutiennent le style de vie auquel les entrepreneures aspirent et qu’elles méritent. Pour cette raison, je tiens à leur parler de leur argent et de leurs finances, explique Christine. Je voulais mettre en place une cadre où nous pourrions aider les femmes à mieux planifier leur budget ». Si le problème d’accès aux financements ne se limitent pas aux femmes, pour Christine, c’est elles qui connaissent le plus de freins. Notamment pour des questions de gestion. « C’est un problème plus africain que féminin. Ces femmes ne savent pas vraiment comment dépenser leur argent. Souvent, elles ne disposent même pas de comptes bancaires. Et quand elles obtiennent des financements, l’argent est mal géré. Or, si un investisseur était intéressé par leur idée, s’il n’a pas de visibilité sur la gestion financière de l’entreprise, il sera réticent ». C’est là qu’intervient sa plateforme, Africa’s money preneur aide à la gestion quotidienne de ces structures.

 

« Cette plateforme a aidé ces cheffes d’entreprise à comprendre, à décomposer, étape par étape, à prendre les bonnes décisions »

« À l’heure actuelle, je travaille avec une cinquantaine de femmes pour lesquelles nous gérons la comptabilité. Avec ces 50 femmes sur un an, nous avons obtenu de réels progrès dans leurs entreprises. Comment les avons-nous amenées à prendre de meilleures décisions financières ? Cette plateforme a aidé ces cheffes d’entreprise à comprendre, à décomposer, étape par étape, à prendre les bonnes décisions. En vue d’obtenir des fonds, c’est l’objectif final. »

 

 

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