Opportunités d’investissement en Afrique : petit tour d’horizon
L’Afrique offre de plus en plus de solutions pour investir dans des produits sur le long terme. Pour Serge Eric Menye, Co-fondateur de Grassfields Ventures, il faut regarder vers les startups africaines qui ne cessent de faire augmenter la richesse des locaux et des investisseurs étrangers par des investissements gagnants.
Par Serge Eric Menye, Co-fondateur de Grassfields Ventures
En 2021, environ 5 milliards de dollars ont été investis dans les startups africaines, et les flux d’investissements directs étrangers (IDE) à destination de l’Afrique ont enregistré une croissance de 147%. Ce fut un premier grand investissement. Pour l’année 2022, en dépit du ralentissement mondial du capital-risque, l’Afrique a été le seul continent à maintenir une progression – bien que moins forte avec la décélération globale. Dans le sillage de ces bons chiffres, la trajectoire se dessine sous de meilleurs auspices. Africa Wealth Report 2022, estime que la richesse privée en Afrique devrait augmenter de 38 % au cours de la prochaine décennie, avec un bond de 60 % pour Maurice, le Rwanda, l’Ouganda, devançant le Kenya, le Maroc, le Mozambique et la Zambie.
Le continent africain est la région la plus rentable de la planète
En outre, rappelons que le continent africain est la région la plus rentable de la planète selon un rapport de la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement ; la jeunesse de la population, l’abondance de main-d’œuvre pour des activités à forte intensité de personnel, la baisse des coûts de production et les matières premières qui s’intègrent dans les chaînes de valeurs, donnent lieu à des bénéfices dépassant largement le prix de la conduite des affaires.
Pas de doute, il faut regarder vers l’Afrique. Sur le terrain, les défis demeurent nombreux, y investir n’est pas simple en considérant les lacunes structurelles et les conjonctures endémiques qui érodent les ressorts de l’attractivité. Cependant, les résultats sont gratifiants pour ceux qui se laissent convaincre par le risque inhérent à tout investissement. Le nombre des millionnaires en Afrique, selon HNWI, est de 136.000 aujourd’hui. Les « licornes » (startups évaluées à plus d’un milliard de dollar) ont vu le jour ces quatre dernières années. Autrement dit, la promesse de l’investissement gagnant exige une stratégie en amont et une connaissance du marché, car contrairement aux croyances, l’Afrique n’est pas homogène, il s’agit d’un continent de 54 pays tous différents. L’investisseur doit déterminer où, quand, combien et comment investir, avec plusieurs domaines qui regorgent d’innombrables opportunités.
L’agroalimentaire
La croissance démographique en Afrique va de paire avec des besoins alimentaires plus importants. Si le continent africain possède des réserves considérables de terres arables, plus de 50% de son alimentation de base, céréales, lait, volaille et sucre, proviennent des importations. Il y a donc un atout évident à produire sur place. L’agriculture est d’autant plus opportune qu’au niveau international, les terrains cultivables se réduisent avec la bétonisation et l’essoufflement des sols. La Chine, premier producteur agricole, perd plus de 2500 Km2 chaque année. Pour contrer cela, elle achète massivement des terres sur le continent africain et des pays riches et émergents suivent la démarche. Au-delà des classiques cacao, thé, café, coton, hévéa et fruits exotiques, l’Afrique offre un environnement favorable pour les produits issus de l’agriculture comme le blé, les huiles, qui sont en forte demande sur le marché mondial. La demande de piment, par exemple, reste non satisfaite sur le marché international qui recherche 2 millions de tonnes supplémentaires chaque année. Le manque d’investissement est le premier handicap du développement agricole.
Le tourisme
L’hôtellerie est un gisement très rentable, un hôtel 4/5 étoiles coûte entre 10 à 100 fois moins cher à construire
Le tourisme en Afrique a connu un essor sans précédent ces 10 dernières années. Avec 6 % de hausse par an avant l’arrivée du Covid-19, il représentait le deuxième marché en croissance au monde après l’Asie. L’hôtellerie est un gisement très rentable, un hôtel 4/5 étoiles coûte entre 10 à 100 fois moins cher à construire mais affiche des prix internationaux et un rendement financier élevé. L’Afrique de l’Est et australe avec leurs paysages et sites de rêve, offrent un avenir à des nouvelles formes de voyages de luxe, dans de grands espaces, loin de la masse et du bruit. Beaucoup reste à faire, de la formation des salariés de l’hospitalité, aux besoins récurrents tels que les hôtels.
Le « green »
Ce secteur représente sans doute le filon le plus important du continent en termes d’opportunités d’investissement, avec un spectre très large qui part de l’agriculture à l’énergie, en passant par l’industrie, la santé, le tourisme, l’élevage, la cosmétique, le bien-être, les déchets, l’eau et le marché de la construction. Le nombre de personnes potentiellement concernées est en fait une opportunité très lucrative. Les biocarburants, la biomasse, les kits et panneaux solaires pour combler le manque d’énergies propres en d’électricité et pour la cuisson, la mobilité sans rejet de fumée face à une pollution dramatique de l’air, le recyclage, et les emballages bio dégradables pour l’industrie agro-alimentaire, qui ravagent aussi bien le sol que les surfaces hydrauliques, sont autant de solutions très faiblement implantées sur le continent.
L’immobilier
Dans la seule ville de Nairobi, le besoin annuel de logement est estimé par les autorités à 200.000
La croissance démographique et la concentration des populations dans les grandes villes, exacerbent les pénuries de logements en zones urbaines, avec les prix qui se rapprochent dans certains endroits, de ceux pratiqués dans les capitales européennes. Plusieurs pays en Afrique de l’Est et l’Ouest, entre autres le Kenya, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, ont mis en place des dispositifs incitatifs pour des programmes immobiliers privés massifs, en plus des coûts de constructions déjà bas, afin de pallier la crise du logement qui frappe les nouvelles classes moyennes capables de payer un loyer sans toutefois trouver un toit. Dans la seule ville de Nairobi, le besoin annuel de logement est estimé par les autorités à 200.000, quand le secteur de la construction fournit annuellement à peine 50.000 unités.
Le numérique On définit le « leapfrogging » comme les innovations technologiques permettant de se développer en sautant les étapes. Il n’y a pas mieux comme laboratoire que l’Afrique devenue la référence. Avec près de 80 % de la population sans compte bancaire ni carte de crédit, mais possédant au moins un téléphone portable, le secteur de la fintech proposant des systèmes bancaires sur mobile, permettant de payer, d’épargner, d’envoyer ou de recevoir l’argent, a capté en 2021, selon de rapport Briter bridges report 2021, 62 % des fonds des investisseurs. Malgré une flopée d’opérateurs similaires et des projets qui apparaissent chaque jour dans le transport de marchandises par drone, les services de taxi et de livraison à moto, le marché est encore sous exploité, les besoins pour les greentech, agritech, edtech, cleantech, logistique et e-commerce sont immenses.