Omar Ibn Abdillah : Et si l’aide au développement finançait enfin l’expertise africaine ?
Dans cette tribune, Omar Ibn Abdillah analyse l’urgence de valoriser les talents du continent : capital humain sous-exploité, assistance technique externalisée, souveraineté fragilisée. Un appel clair à intégrer davantage d’experts africains dans les projets financés et à renforcer des compétences locales capables de porter les grandes transformations.

Par Omar Ibn Abdillah*
𝗟’𝗔𝗳𝗿𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗻𝗲 𝗺𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲 𝘁𝗮𝗹𝗲𝗻𝘁𝘀 : 𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗺𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲 𝗱’𝘂𝗻 𝘀𝘆𝘀𝘁è𝗺𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝗰𝘁𝗶𝘃𝗲.
Le capital humain : première source de croissance, mais encore sous-valorisée 50 à 70 % de la croissance à long terme provient du capital humain. Pourtant, en Afrique : 10 à 12 millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail, pour seulement 3 millions d’emplois formels créés.
La Finlande, la Corée du Sud ou encore Singapour ont bâti leur productivité sur l’éducation, la formation continue et la montée en compétences.
En Afrique, Maurice et les Seychelles (IDH ~0,80) montrent qu’une stratégie cohérente de développement du capital humain transforme durablement un pays.
𝐋’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐚 𝐛𝐞𝐬𝐨𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐞́𝐭𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐭𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐡𝐚𝐮𝐭 𝐧𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐜𝐚𝐩𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐝’𝐚𝐜𝐜𝐨𝐦𝐩𝐚𝐠𝐧𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐭𝐬 𝐬𝐭𝐫𝐮𝐜𝐭𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭𝐬
𝐋’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐚 𝐛𝐞𝐬𝐨𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐞́𝐭𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐭𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐡𝐚𝐮𝐭 𝐧𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐜𝐚𝐩𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐝’𝐚𝐜𝐜𝐨𝐦𝐩𝐚𝐠𝐧𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐭𝐬 𝐬𝐭𝐫𝐮𝐜𝐭𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐞 𝐩𝐨𝐬𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐫 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐬𝐬𝐢𝐬𝐭𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐭𝐞𝐜𝐡𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐨𝐥𝐢𝐝𝐞, 𝐚𝐦𝐛𝐢𝐭𝐢𝐞𝐮𝐬𝐞 𝐞𝐭 𝐚𝐮 𝐬𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐜𝐫𝐨𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐮 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐢𝐧𝐞𝐧𝐭.
En 2023, l’Afrique a reçu plus de 70 milliards USD d’aide publique au développement. Les IDE ont dépassé les 84 milliards USD en 2024, soit 6 % des flux mondiaux.
Une part significative de ces montants repart sous forme de contrats d’assistance technique exécutés par des cabinets extranationaux.
Alors que de nombreuses administrations, universités, cabinets et indépendants africains disposent déjà de compétences suffisantes pour mener une grande partie de ces missions.
La souveraineté commence dans la compétence, et la compétence doit être africaine
Après le Plan Marshall, ce ne sont pas uniquement les financements qui ont reconstruit l’Europe, mais la capacité à les exécuter grâce à des ingénieurs, des administrations, des institutions locales solides.
Pour l’Afrique, l’enjeu est identique :
– Intégrer plus d’experts africains dans les missions financées.
– Exiger des équipes mixtes où la valeur reste sur le continent.
La souveraineté commence dans la compétence, et la compétence doit être africaine.
Si vous êtes : consultant, expert, formateur, chercheur, cadre, entrepreneur africain, cabinet de conseil, agence, institution ou bailleur souhaitant travailler avec des talents africains, rejoignez la communauté d’Experts dINVEA.
*Omar Ibn Abdillah est spécialiste des stratégies économiques et de la transformation durable en Afrique.



