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Nicole Sulu : “le secteur privé doit être aux avant-postes de la ZLECAf”

Entrepreneure congolaise, Nicole Sulu, fondatrice du Business Forum Makutano et du Réseau d’Affaires Makutano, qui a tenu son RDV annuel il y a quelques jours à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Une initiative destinée à promouvoir les échanges intra-africains. Interview de sa promotrice, Nicole Sulu.

Comment et pourquoi avoir créé le forum Makutano ?

Je suis administratrice d’un groupe familial également actif dans les secteurs de l’hôtellerie, des ressources humaines et de la santé en République Démocratique du Congo (RDC).

Il y a près de 10 ans, j’ai été à l’initiative du réseau Makutano dont l’objectif est de favoriser les rencontres, les échanges et les partenariats entre les dirigeants du secteur privé. Nous avons par la suite remarqué qu’il manquait un événement pensé par les décideurs africains, pour les décideurs africains afin qu’ils façonnent l’Afrique de demain.

Nous avons donc pensé ce lieu de dialogue entre ces dirigeants et les décideurs publics pour créer ensemble un environnement propice au développement du secteur privé. Nous voulons que les plus de 650 dirigeants qui sont aujourd’hui membres du réseau puissent être force de proposition et puissent travailler avec l’ensemble des parties prenantes sur les enjeux cruciaux tels que le financement de l’économie, l’emploi ou l’énergie.

C’est dans cet esprit que nous organisons chaque année le Forum Makutano, un rendez-vous par les dirigeants africains pour les dirigeants durant lequel les décideurs publics & privés échangent et font germer des solutions qui se traduisent par des accords, contrats et des projets communs.

Un évènement qui a pris une dimension panafricaine cette année avec une première édition hors de l’Afrique Centrale, à Abidjan… Pourquoi ?

Bien que le forum Makutano soit né en RDC, notre ambition est résolument panafricaine. Depuis bientôt une décennie nous facilitons en Afrique centrale la rencontre, l’interaction et les partenariats entre acteurs privés ainsi que le dialogue avec les décideurs publics qui contribue à améliorer notre compétitivité et notre performance. Les fondations étant suffisamment solides, nous élargissons notre action. Quand il a fallu répondre à la question : Quel est la destination export la plus pertinente pour un acteur francophone d’Afrique centrale ? La réponse est sans équivoque : la Côte d’ivoire !

La population francophone, c’est l’un des deux poumons économiques d’Afrique de l’Ouest avec le Nigeria, le port d’Abidjan dispose d’un hinterland significatif et la ville est idéalement placée dans le couloir Abidjan-Lagos qui pèse près de 75% du PIB de la CEDEAO. Ce sont autant d’atouts qui rendent la destination incontournable.

Par ailleurs, les échanges entre la RDC et la Côte d’Ivoire évoluent positivement comme le témoigne la récente ouverture d’une ligne aérienne entre Abidjan-Kinshasa.

Les projets de coopération annoncés à l’issue du Forum confortent ce choix de la Côte d’Ivoire.

Le thème est des plus ambitieux. Booster le commerce intra-africain. Le privé doit prendre le relai pour accélérer les choses selon vous ?

Le secteur privé doit être aux avant-postes du marché unique africain qui se profile avec la mise en œuvre de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf). Si nous voulons arriver à transformer nos pays en espace de prospérité économique et de progrès sociaux, nous devons augmenter le niveau d’échange entre les marchés africains. Alors que les pays européens et asiatiques ont un commerce intra-régional de plus de 60%, nous plafonnons à moins de 15% en Afrique. Pourtant c’est une des voies les plus certaines pour booster la croissance du secteur privé, créer des emplois décents et intégrer nos entreprises dans les chaînes de valeur mondiales.

Nous avons donc parlé des principaux sujets qui peuvent contribuer à atteindre cet objectif. Il s’agit notamment du financement, l’assurance, l’inclusion des jeunes et des femmes. Enfin, nous ne pouvions pas réunir la Côte d’Ivoire et la RDC sans parler de ressources naturelles. Pour l’occasion, nous avons eu des échanges autour du secteur minier.

Un dernier mot pour conclure : cette édition 2023 a-t-elle atteint ses objectifs et où se tiendra la prochaine ? Retour à Kinshasa ? Un autre pays du continent ?

Cette rencontre à Abidjan était l’accomplissement de notre vision pour le continent Africain : rassembler les talents africains au bénéfice de toute l’Afrique, hors frontières aussi.

Elle a tenu ses promesses en ouvrant une nouvelle porte à une collaboration qui façonne l’Afrique de demain grâce aux accords communs convenus dans les domaines de la promotion des affaires, des assurances et du financement de l’économie.

Celui dont nous sommes le plus fier est indiscutablement l’entente de l’entame du processus de suppression des visas entre la Côte d’Ivoire et la République Démocratique du Congo. Parfaitement en ligne avec nos aspirations, cet accord représente une étape importante vers la fluidification de la circulation des personnes et des biens entre l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Ouest. Un fondamental pour le renforcement du commerce entre ces deux régions.

Par ailleurs, les agences pour la promotion des investissements respectifs de nos deux pays se sont entendues pour signer un protocole d’accord de collaboration pour une promotion réciproque des investissements dès le 22 mars 2022 à l’occasion de la première mission économique Côte d’Ivoire.

Pour la prochaine édition, chaque pays africain ouvert à l’intégration panafricaine peut être une destination pour nous.

J’invite toutes les entreprises africaines à nous rejoindre dans ce cheminement pour le renforcement de nos échanges commerciaux en prenant à bras le corps la question du commerce intra-africain.

Pour en savoir plus : https://makutano.cd/fr/

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