Ndiaye Gueye de SONAGED : “Plus de 10 000 emplois créés grâce à l’innovation dans la gestion des déchets au Sénégal”
La Société Nationale de Gestion Intégrée des Déchets (SONAGED) fait figure de modèle dans le secteur de la gestion des déchets au Sénégal. À travers des partenariats publics-privés et des initiatives locales, elle a contribué à la création de plus de 10 000 emplois et au développement d'un écosystème propice à la valorisation des déchets. Ndiaye Gueye, directeur des partenariats et de la coopération, nous parle de l’impact de ces efforts sur le marché de l’emploi et sur l’environnement, ainsi que des projets futurs.
Pouvez-vous nous présenter la mission de la SONAGED et les grandes lignes de son fonctionnement ?
La SONAGED, ou Société Nationale de Gestion Intégrée des Déchets, est une société publique sénégalaise placée sous la tutelle du ministère de l’Urbanisme, de la Collectivité Territoriale et de l’Aménagement du Territoire. Notre mission principale est d’assister techniquement les collectivités locales, responsables de la gestion des déchets. Nous coordonnons et pilotons la politique nationale en matière de gestion des déchets, tout en soutenant les initiatives locales visant à améliorer la gestion du cadre de vie et à promouvoir la valorisation des déchets.
La gestion des déchets est un défi important pour de nombreuses régions. Quelles sont les difficultés majeures rencontrées par la SONAGED dans ce domaine ?
L’un des défis majeurs est d’élever les standards de gestion des déchets au Sénégal. Cela implique de développer un écosystème favorable à la valorisation des déchets et à la transformation des déchets en ressources. Nous devons aussi travailler avec de nombreux acteurs publics et privés pour mettre en place des solutions durables et efficaces, tant au niveau local qu’au niveau national.
Le partenariat public-privé (PPP) joue un rôle clé dans ce secteur. Pouvez-vous nous expliquer comment ces partenariats fonctionnent et leur efficacité ?
Le PPP est essentiel pour soutenir la gestion des déchets au Sénégal. Grâce à un cadre juridique comme le code général des collectivités territoriales, les collectivités locales sont responsables de la gestion des déchets. Cependant, elles n’ont pas toujours les moyens nécessaires. L’État, via la SONAGED, intervient en soutenant ces collectivités avec des fonds publics et en facilitant la collaboration avec le secteur privé pour le financement et la mise en œuvre de projets locaux.
En parlant de réussites, pouvez-vous nous donner d’autres exemples de projets qui ont bien fonctionné grâce à ces partenariats ?
Oui, il y a plusieurs projets réussis. Un exemple de réussite est notre partenariat avec la cimenterie de Sous-Dossine, qui permet de transformer les déchets en combustible pour les fours industriels. L’un d’eux est la mise en place d’unités de traitement du plastique, comme celle qui exporte des granulats vers la Chine. Nous avons aussi créé des unités de traitement des déchets biomédicaux, comme à Séguinchor, pour répondre aux besoins spécifiques de certaines collectivités locales. Ces projets ont permis de créer de nombreuses opportunités d’emploi tout en contribuant à la gestion durable des déchets.
En ce qui concerne l’impact sur l’emploi, quel rôle joue la SONAGED dans la création de nouveaux emplois au Sénégal ?
La SONAGED a contribué à la création de plus de 10 000 emplois, principalement dans le secteur du recyclage et de la valorisation des déchets. En soutenant des initiatives locales et des start-ups, nous avons permis à de nombreux entrepreneurs de se lancer dans le recyclage des déchets, créant ainsi des emplois tout en soutenant la transition vers une économie verte.
Vous avez mentionné la transition énergétique et l’économie verte. Comment accompagnez-vous les acteurs locaux dans ces changements ?
Nous avons un rôle clé dans la sensibilisation et l’accompagnement des acteurs locaux. Nous soutenons les collectivités et les entreprises locales dans leurs efforts de recyclage, de compostage et de valorisation des déchets. De nombreuses initiatives sont portées par des jeunes entrepreneurs et des start-ups qui cherchent à transformer les déchets en ressources, créant ainsi de nouvelles sources de richesse et d’emploi.
Concernant le financement des projets, quel rôle joue la SONAGED dans la recherche de fonds pour ces initiatives ?
La SONAGED dispose de fonds alloués par l’État pour les actions de gestion de déchets de base. Mais pour des initiatives plus spécifiques comme la valorisation des déchets, nous recherchons des financements supplémentaires à travers des partenariats avec des investisseurs privés, des fonds verts et des institutions internationales.
Enfin, comment la SONAGED prend-elle en charge les déchets électroniques, un sujet de plus en plus préoccupant ?
La gestion des déchets électroniques est une priorité croissante pour nous. Nous avons mis en place des centres spécialisés pour le recyclage des déchets électroniques, notamment à travers des projets de démantèlement et de valorisation. Nous travaillons également avec des partenaires pour développer des solutions durables et renforcer notre législation sur le traitement des déchets électroniques.
Comme nous le savons tous, la base de cette production repose aujourd’hui sur les matières premières extraites de nos minerais, transportées à travers les pays européens. Une fois transformés, ces produits sont ensuite commercialisés chez nous. L’ironie de la situation réside dans le fait qu’en Europe, il existe une réglementation sur la responsabilité élargie du producteur, qui permet à ces entreprises de participer non seulement à la création des produits, mais aussi à leur gestion en fin de vie. Cependant, au lieu de traiter ces produits en fin de vie sur place, ils sont envoyés en Afrique. L’Afrique est ainsi doublement pénalisée. Et il est grand temps que toutes les parties prenantes, y compris les responsables politiques, soient sensibilisées à cette problématique et qu’elles portent ce combat au sein des grandes instances internationales telles que les Nations Unies, ainsi que dans le cadre du programme des Nations Unies pour le monde. Il est impératif de se mobiliser sur cette question, car il s’agit d’un véritable fléau. Ce fléau est bien réel. Certains pays en ont pris conscience et commencent à légiférer, tandis que d’autres, malheureusement, laissent cette situation se perpétuer.