Namibie : après la chute d’Air Namibia, un avenir aérien en reconstruction
Quatre ans après la liquidation d’Air Namibia, le pays tourne la page et se projette vers l’avenir. Le gouvernement namibien envisage aujourd’hui la création d’une nouvelle compagnie aérienne nationale, dans un contexte de redéfinition des priorités économiques et d’ambitions renouvelées en matière de connectivité régionale.

Par YG
À l’occasion de la 80e Assemblée générale annuelle de l’IATA, qui réunit les dirigeants des compagnies aériennes du monde entier pour débattre des enjeux actuels et futurs du transport aérien, Xavier Masule, ancien CEO intérimaire d’Air Namibia et aujourd’hui Directeur Financier du Groupe chez AirlinePros International, a pris la parole pour évoquer la situation particulière de la Namibie après la disparition de son transporteur national.
C’est en 2021, dans un climat d’incertitude mondiale, que la Namibie décide de mettre un terme à l’histoire d’Air Namibia. « Pendant le Covid, la Namibie a fermé ses compagnies aériennes. C’est terminé. Ils veulent maintenant créer une nouvelle compagnie aérienne », explique Xavier Masule. Le transporteur national opérait environ 10 appareils, notamment des Airbus (pour les vols longs, notamment vers l’Allemagne) et des Embraer (avions brésiliens adaptés aux liaisons régionales). La fermeture d’Air Namibia a laissé le pays sans compagnie nationale.
La Namibie, un pays à part
La Namibie occupe une position singulière en Afrique. Peu peuplée, très étendue, elle se distingue par un fort nationalisme économique. La perte d’un transporteur national touche directement les infrastructures stratégiques du pays. « Les infrastructures aéronautiques sont une bonne part des infrastructures du pays. C’est important d’en avoir une pour ne pas rester sur les autres pays », affirme Xavier Masule. Sur le plan des visas, la Namibie mise sur des politiques d’ouverture contrôlée. « Beaucoup d’Africains n’ont pas besoin de visa. Il y a une gestion de réciprocité pour la question du visa, si un pays veut un visa, l’autre demande aussi », explique Xavier Masule, soulignant un positionnement géopolitique pragmatique.
Un ciel africain fragmenté
La reprise de la connectivité pose des défis. Certaines capitales africaines restent difficilement accessibles depuis Windhoek, la capitale. « Beaucoup de villes n’ont pas de vols directs. Parfois c’est parce qu’il y a un manque d’infrastructure. Le volume du trafic est bas et donc c’est pour ça qu’il n’y a pas beaucoup de vols », note Xavier Masule. Entre la Namibie et l’Afrique du Sud, cependant, les vols sont nombreux en raison des liens étroits : tourisme, santé, éducation, culture, et familles partagées. Malgré ces besoins, les coûts restent un frein : « Si on compare les prix des billets, les billets en Afrique sont plus chers que dans les autres continents, à cause des coûts qui sont plus élevés : fuel, les frais d’atterrissage sont élevés », souligne-t-il.
Quel futur pour l’aérien namibien ?
Une restructuration d’Air Namibia aurait été envisageable, mais le gouvernement a dû faire un choix difficile. « Il était possible de restructurer la compagnie. Le gouvernement devait choisir entre les priorités », dit-il avec lucidité. Il insiste également sur la nécessité de revoir les taxes sur les produits importés à titre personnel : « Si j’achète des produits d’un autre pays, vu que je suis namibien, je vais devoir payer des taxes. Je ne dois pas payer des taxes sur ces achats. C’est un trade, je ne suis pas allé acheter beaucoup pour vendre, c’est plus pour mon plaisir personnel ».
Pour relancer le transport aérien, il faudra également une coopération régionale renforcée. Beaucoup de gouvernements africains veulent accueillir des compagnies étrangères, mais sous conditions. « Les gouvernements veulent que des compagnies entrent dans leur pays mais ils veulent garder la main. Certains ne le font que pour protéger leur propre compagnie nationale », affirme Xavier Masule. La disparition d’Air Namibia n’a pas mis fin à l’aspiration de connecter son territoire au reste du continent, bien au contraire, mais les moyens mis en œuvre restent minimes…