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Mustapha Zaouini :  “L’IA nous donne l’opportunité de créer nos propres contenus, nos propres valeurs”

Directeur général de la start-up Studio Fliptin en Afrique du Sud et à Dubaï, entrepreneur en résidence pour le gouvernement de Madagascar dans le cadre d'un programme national d'incubation de start-ups, Mustapha Zaouini vient de se réinstaller au Maroc, son pays d’origine pour développer sa société 'AI in Africa', pour promouvoir l’Intelligence artificielle made in Africa. Pour lui, l’Afrique doit peser dans le marché global, mais tout en défendant ses propres valeurs et ses cultures.

“Al in Africa” est une organisation qui a pour objectif d’impacter les jeunes pour qu’ils créent leur propre futur. Mais construire un futur inclusif avec l’IA, c’est avant tout de développer un état d’esprit de croissance pour créer  un IA responsable. C’est le focus de nos programmes de formation de mettre l’humain à l’intérieur de l’IA .

D’un point de vue  régulations, cela ne veut pas dire faire du copié-collé sur le Nord. Mais avant tout regarder l’unicité de  nos besoins, de nos cultures, de nos valeurs et enfin identifier comment pourrait-on aller de l’avant, développer nos propres régulations et principes. L’IA nous donne l’opportunité de créer nos propres contenus, nos propres valeurs, et de les exporter, c’est la grande différence.

Il ne faut pas tomber dans un colonialisme via l’IA en Afrique. C’est à nous de créer nos propres contenus et de maîtriser notre Big Data

Deuxième chose, il ne faut pas tomber dans une colonisation via l’IA en Afrique. C’est à nous de créer nos propres contenus et de maîtriser notre Big Data, d’être indépendants. C’est une problématique qui touche tout le monde. Certains énormes modèles deviennent des lobbys, déclarent dans des lettres ouvertes le besoin de contrôler l’ IA, et même nous rendent de plus en plus dépendants. Nous le sommes déjà d’ailleurs vis-à-vis de certaines technologies. Dans la chaîne de valeur de l’IA, il y a certes beaucoup d’éléments, et on ne peut pas générer un très gros modèle pour l’instant sur le continent , mais peut-être demain. Cela passera de toutes façons par la souveraineté de nos données et par l’accès à l’ infrastructure pour tous.

Nous pouvons développer des “use case” africains comme par exemple l’hyper  localisation dans des dialectes locaux et ,des coutumes locales. Dans notre continent il y a énormément de dialectes, et c’est une opportunité immédiate quand on parle d’hyper personnalisation. De plus, c’est à nous de gérer le problème de l’illettrisme en Afrique, on peut utiliser ces technologies pour le faire, on doit proposer de nouvelles solutions.

Nous pouvons le faire et d’ailleurs nous l’avons déjà fait. Nous avons déjà lancé des innovations en Afrique qui ont été exportées comme le mobile money. Ce n’est qu’aujourd’hui que les utilisateurs d’Europe et des Etats-Unis ont adopté des comportements sur le paiement via le mobile, qui  sont intégrés chez nous depuis 2008. Nous avons des opportunités à saisir. L’IA peut être un amplificateur, un accélérateur c’est à nous de pouvoir l’utiliser en tant que tel pour justement pouvoir exporter nos services. Et cela, tout en restant en Afrique et garder nos meilleures compétences ici. Je dis aux jeunes : restez ici, travaillez ici, mais accédez à un marché global.

Nous venons par exemple de lancer à Marrakech le programme Digital Nomade Africa. C’est un programme  pour les digital entrepreneurs et freelancers. L’objectif est de le développer ensuite dans plusieurs villes phares : Abidjan, Dakar, Lagos , Kigali, Johannesburg… J’invite tous les intéressés à se joindre à nous, si vous représentez une ville, un mouvement, une startup… C’est ensemble qu’on peut faire rayonner nos principes, nos valeurs africaines.

Mais avant d’avoir la régulation il faut se focaliser sur la sensibilisation.Il faut savoir éduquer, et cette éducation est disponible, accessible et gratuite.

Une  communauté d’individus informés, engagés et guidés par l’éthique jouera un rôle central dans l’exploitation de l’IA, pour un avenir africain plus radieux. Nous devons tous être des ambassadeurs et ne pas être dépendants d’informations imposées. Notre futur est encore entre nos mains. Comme je le répète souvent aux jeunes :  c’est votre choix d’être consommateur ou  créateur.

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