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Mounir Jamaï : « l’entreprise qui m’employait est devenue mon premier client »

Ingénieur de formation, Mounir Jamaï s’est retrouvé par un concours de circonstances. Il raconte ici les péripéties de ce virage, tout en évoquant les nombreux défis qui se dressent sur le chemin d’une agriculture performante à la pointe de la technologie.

Par la rédaction

Mounir, pouvez-vous nous parler du virage d’un parcours accompli d’ingénieur à l’Agritech ?

J’ai 41 ans. Je suis ingénieur de formation. Je suis né à Paris où j’ai grandi et étudié. J’ai suivi un parcours assez atypique. Après un Bac technologique, option électronique, un BTP electrotech, une licence en génie électrique, j’étais pressé de travailler. J’ai alors démarré en tant que projeteur dans l’industrie agro, puis l’imprimerie. J’aidais à la conception de robot. En parallèle, j’ai suivi des cours du soir d’ingénieur électrotechnique.

Je voulais être ingénieur, mais j’avais besoin de bosser. C’est ce qui m’a permis de concilier les deux. Finalement, je n’ai jamais quitté les bancs de l’école. Je me suis retrouvé dans des cours du soir des personnes de la quarantaine/ cinquantaine… Par la suite, j’obtiens mon diplôme et je commence à postuler en tant qu’ingénieur. Avec la crise (NDLR : de 2008), il n’y avait pas de perspective dans la boite où j’étais. J’ai alors fini par rejoindre une filiale de la SNCF qui opérait dans l’ingénierie métro, TGV, etc. J’étais dans la partie énergie, tout ce qui est alimentation des gares, etc. J’y ai beaucoup appris de 2008 à 2011. C’était encore l’esprit « cheminot » où l’on aime transmettre la connaissance. Par la suite, il y a eu de petits chamboulements. L’entreprise qui était de petite taille, allait se faire avaler par une plus grosse. Mes projets d’évolution se trouvaient étaient alors remis en question. C’est ainsi que je décide de démissionner et de créer ma propre boite. Ironie du sort, l’entreprise qui m’employait est devenue mon premier client. Elle représente 40% de mon chiffre d’affaires. J’ai remis ma lettre de démission de la main gauche et ma carte visite de la main droite. Pour les autres, ce sont également des anciens collègues.

Quels étaient vos objectifs quand vous créiez NRC ? lutions ?

J’ai créé NCRI en 2012. Historiquement, il s’agit d’être présent sur les marchés des infrastructures de transport (métro, tramway, maintenance gare). Mais depuis, nous avons diversifié. Aujourd’hui nous sommes aussi bien dans l’énergie que dans l’efficacité énergétique, les ENR. Nous prospectons également à l’international. Nous avons des ouvertures en Afrique de l’Ouest. En 2018, nous avons remporté un appel d’offre qui a motivé l’ouverture d’une filiale marocaine. Nous avons monté un pôle recherche et développement et conçu nos premières innovations technologiques. La première, un robot intelligent pour nettoyer les centrales photovoltaïques, qui a remporté plusieurs prix. Dans le cadre de ce projet, nous sommes associés à la filiale d’un centre de recherche qui est membre du groupe OCP. Un partenariat stratégique avec Green Energy Park qui nous permet d’être dans l’écosystème d’OCP qui développe plusieurs projets dans les ENR. L’environnement minier étant très poussiéreux, ils ont besoin de ce robot.

En parallèle, nous avons développé d’autres business unit dont un compteur intelligent connecté 100 % marocain. Une solution développée pour accompagner les agriculteurs dans la formation et l’irrigation.  Ces trois solutions sont nées d’une problématique rencontrée dans le cadre de nos activités énergiques.

Vous menez un programme Agritech en Afrique de l’ouest justement. Quel en est l’impact ?

Nous travaillons sur la transition énergétique, l’économie d’énergie, la limitation de l’empreinte carbone… Nous travaillons également pour les agriculteurs qui vendent leur production sur le marché local.

Avec l’application e-learning qui encourage l’agroforesterie, nous pourrons aller vers une agriculture plus durable. D’ailleurs, l’application e-learning est prête avec une dizaine de formations. Parallèlement, l’Agritech est en test chez trois agriculteurs. Nous sommes prêts à aller sur le marché. Nous avons, pas mal de demandes sur le Maroc et nous allons bientôt démarrer un programme au Togo qui va permettre de travailler sur plusieurs villages. Pour pénétrer l’environnement ouest africain, nous avons développé un programme ASIWA (autonomie with solar energy in Africa) basé sur le nexus eau, énergie, agriculture.

Comment, dans le contexte de crise mondiale actuelle, l’Agritech peut-il répondre au défi de la souveraineté alimentaire en Afrique ?

Aujourd’hui, 70% des terres arables se trouvent en Afrique. La RDC à elle seule, peut produire pour l’humanité. Mais si on regarde les modèles économiques ils sont basés sur les subventions. Nous avons besoin de changer de modèle.

Pour arriver à cet objectif d’une agriculture durable et viable, il faut miser sur la technologie. Et il ne faut surtout pas avoir une vision sectorielle, mais une vision filière. Il ne faut pas regarder l’agriculture seule, il faut inclure l’énergie, l’environnement…

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