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Mohamed Laid Benamor : « L’Afrique est la priorité géographique de l’Algérie »

L’Algérie donne une nouvelle orientation à sa politique commerciale extérieure avec une option d’investir dans les marchés africains. C’est dans ce contexte que la Chambre de commerce et d’industrie d’Algérie a organisé, du 17 au 25 juillet 2016, le déplacement d’une délégation composée d’une quarantaine d’hommes d’affaires algériens en Côte d’Ivoire, au Togo et au Bénin. Cette tournée, intitulée «West Africa Road Show», a pour objectif, selon le président de la Chambre du commerce d’Algérie qui s’est confié à ANA, de nouer des contacts de partenariat avec des milieux d’affaires ivoiriens, togolais et béninois.

Entretien

Vous êtes à la tête d’une forte délégation algérienne, notamment des hommes d’affaires, en tournée dans trois pays d’Afrique de l’Ouest. Quel est l’objet d’une telle initiative ?

Depuis le 17 juillet, il s’agit d’une tournée d’échanges et de partage dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin, pour toucher du doigt les réalités et les offres commerciales que ces pays de l’Afrique subsaharienne nous font comme opportunité d’affaires. Le West Africa Road Show s’inscrit dans une démarche de promotion des investissements sud-sud entre l’Algérie et la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo ; trois marchés étroitement liés. Cette visite en Afrique de l’Ouest a pour objectif d’offrir plus de visibilité aux opérateurs algériens, ivoiriens, togolais et béninois, d’une part, et d’autre part, d’examiner les potentialités de partenariats et joint-ventures, ainsi que la création d’une plateforme logistique afin de permettre également aux opérateurs économiques algériens d’avoir plus de visibilité sur les possibilités de placement de leurs produits sur un marché porteur qui compte plus de 350 millions d’habitants. En marge de cette tournée, il y a aussi des rencontres B-to-B, des visites de terrain, ainsi que des réunions avec des acteurs-clés du monde des affaires. Notre visite a été entamée en Côte d’Ivoire, elle se poursuit au Togo et sera clôturée par l’étape du Bénin.

Pourquoi l’Algérie se tourne-t-elle vers les pays de l’Afrique de l’Ouest et non vers ses partenaires traditionnels comme l’Union Européenne ou la Chine ?

Pour nous, il n’y a pas de petit pays. Ici au Togo comme en Côte d’ivoire, nous avons découvert qu’il y a plusieurs opportunités pour nous. Il y a des opportunités et des partenariats à réaliser. Aujourd’hui, notre stratégie et notre vision c’est de réaliser des partenariats sud-sud. Ces partenariats sud-sud sont plus durables et moins contraignants. En effet, ce pont que nous construisons entre nos pays se fait avec beaucoup plus de fraternité et de confiance. C’est du gagnant-gagnant, car une entreprise installée en Afrique subsaharienne peut aisément faire des affaires avec son homologue algérien sans aucune contrainte. Sur d’autres plans, nous avons beaucoup d’hommes d’affaires algériens qui souhaitent travailler avec les hommes d’affaires des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement ceux du Togo. Le Togo dispose de plusieurs ressources qui pourront intéresser les hommes d’affaires algériens. Et vous n’êtes pas sans savoir que le Togo dispose de l’un des meilleurs ports de l’Afrique de l’Ouest. Il y a beaucoup de choses à faire ici.

Pouvez-vous revenir sur l’accord de partenariat signé avec les autorités togolaises ?

Notre vision est claire : nous sommes très optimistes car beaucoup de choses sont possibles entre l’Algérie et les pays d’Afrique de l’Ouest en général, le Togo en particulier. Nous sommes venus pour créer des partenariats dans le but de faire profiter les atouts de l’Algérie au Togolais et vice-versa. Et dans un avenir proche, nous allons optimiser la présence algérienne en Afrique à travers l’ouverture de bureaux de représentation, de comptoirs et de partenariats divers. Ceci nous permettra d’augmenter la part des exportations algériennes hors hydrocarbures afin d’attirer les investissements des grandes entreprises africaines vers l’Algérie.

Quel sont les secteurs visés par cette tournée ?

Nous privilégions tout ce qui permettra à l’Algérie de nouer un partenariat avec ses frères de l’Afrique subsaharienne. Cependant, les filière prioritaires retenues sont le domaine de l’agrobusiness et de l’agro-industrie, le tourisme, les services, l’électronique grand public, la mécanique et marchandises-outils, les matières premières, le secteur énergétique, notamment l’électrification de l’Afrique et les énergies renouvelables, par le biais d’entreprises spécialisées, le secteur numérique et la télécommunication, etc. En sommes, l’Afrique est la priorité géographique de l’Algérie avec une vision gagnant-gagnant entre les entreprises.

Quel est actuellement le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et les pays de l’Afrique de l’Ouest ?

Il est vrai que nos échanges avec les pays de l’Afrique subsaharienne ne représentent pas grand-chose. Donc vue cette faiblesse, la Chambre de commerce et d’industrie s’est lancée dans une conquête des marchés africains pour élargir notre champs d’action. C’est dans le même sens que l’Algérie a créé le portail Algérie-éco en Côte d’Ivoire, mais aussi une « Maison algéro-ivoirienne ». Et ce partenariat entre la Côte d’Ivoire et l’Algérie a permis, en mai dernier, à l’occasion de la Foire internationale d’Alger, de signer plusieurs contrats d’exportation d’une valeur de 145 millions de dollars entre l’Algérie et deux pays africains : la Côte d’Ivoire et le Tchad. En effet, la part de l’Algérie dans le marché africain ne représente que 0,25%, selon l’Agence nationale de promotion des exportations hors hydrocarbures (Algex) avec un volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et le reste des pays de l’Afrique ne dépassant pas les 184 millions de dollars.

Aujourd’hui, les barrières douanières constituent un véritable frein au développement du commerce inter-pays en Afrique. N’est-ce pas un obstacle majeur à la conquête du marché africain par les produits algériens ?

Tout est possible et nous comptons bien voir comment faire lever les obstacles. Et ces différents déplacements ont pour but d’une part de nouer des partenariats, mais aussi de faire disparaitre cette barrière qui empêche le commerce sud-sud. Notre objectif est de créer une plateforme logistique en Afrique, et nous y arriverons.


 

Par Emmanuel Atcha

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