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Mobiliser les financements mixtes pour les investissements climatiques au Kenya

Le Kenya fait face au défi redoutable d'aligner son action climatique sur ses objectifs de développement. Le cœur de ce défi réside dans la mobilisation financière nécessaire pour transformer ces ambitions en résultats tangibles.

Par Utsav Mulay, Expert en Financement Climatique, ESG et Marchés du Carbone chez Intellecap

Selon le rapport perspicace « Paysage des Financements Climatiques au Kenya » du Climate Policy Initiative (CPI) en mars 2021, quelque 40 milliards de dollars sont nécessaires pour répondre aux besoins de mitigation et d’adaptation du Kenya d’ici 2030 dans le cadre de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) à l’Accord de Paris.

Les besoins financiers du Kenya en matière de climat couvrent l’énergie, l’agriculture, l’eau et la foresterie. En matière d’énergie, le Kenya vise à passer à des sources d’énergie renouvelables telles que l’éolien, le solaire et la géothermie, non seulement pour réduire son empreinte carbone mais aussi pour garantir la sécurité énergétique.

La transition nécessite d’importants investissements dans les infrastructures, la technologie et le renforcement des capacités

La transition nécessite d’importants investissements dans les infrastructures, la technologie et le renforcement des capacités. En agriculture, le Kenya a besoin d’une transformation vers des pratiques plus durables et résilientes au climat. Des investissements sont nécessaires pour l’adoption de technologies agricoles intelligentes face au climat, l’amélioration des systèmes de gestion de l’eau et le développement de cultures résistantes à la sécheresse pour garantir la sécurité alimentaire.

 En ce qui concerne l’eau, la conservation et la gestion de l’eau sont cruciales, compte tenu de la vulnérabilité du Kenya aux sécheresses et aux inondations. L’investissement dans une utilisation efficace de l’eau, les infrastructures de stockage et la gestion des bassins versants est crucial pour assurer la disponibilité de l’eau pour l’agriculture, la consommation humaine et la durabilité des écosystèmes. La foresterie et l’utilisation des terres offrent une double opportunité de séquestration du carbone et de restauration des écosystèmes. Des investissements financiers sont essentiels pour les projets de reboisement et de reforestation, les pratiques durables de gestion des terres et la protection des forêts naturelles.

La mobilisation des 40 milliards de dollars requis nécessite une approche synergique, combinant les fonds publics, philanthropiques et privés

La mobilisation des 40 milliards de dollars requis nécessite une approche synergique, combinant les fonds publics, philanthropiques et privés. Chaque groupe d’intervenants joue un rôle crucial dans cette toile financière complexe, du gouvernement aux institutions financières de développement (IFD) et au secteur privé.

Le rôle du gouvernement dépasse la formulation de politiques ; il implique la création d’un environnement réglementaire et fiscal propice qui incite les investissements privés dans les projets climatiques. En offrant des allégements fiscaux, en facilitant l’acquisition de terres et en garantissant l’applicabilité des contrats, le gouvernement peut considérablement abaisser les obstacles aux investissements verts.

 Les IFD et les organismes philanthropiques sont essentiels pour fournir le capital semencier et les garanties de risque qui sous-tendent les structures de financement mixte. Leurs financements concessionnels servent d’amortisseur qui atténue les risques perçus associés aux projets climatiques, les rendant plus attrayants pour les investisseurs privés. L’implication du secteur privé est cruciale pour apporter la majeure partie des investissements nécessaires.

Au-delà du capital, le secteur privé offre innovation, efficacité et extensibilité. En investissant dans des projets climatiques, les entreprises contribuent non seulement à la durabilité environnementale mais aussi à exploiter de nouvelles opportunités de marché, bénéficiant de l’accent croissant mondial sur l’investissement vert.

Les modèles de financement mixte, en tirant parti des fonds publics et philanthropiques pour attirer et sécuriser les investissements privés, jouent un rôle crucial dans la construction de projets climatiques durables. Les initiatives de financement mixte réussies démontrent que les projets climatiques peuvent offrir des rendements compétitifs tout en réalisant des impacts environnementaux et sociaux significatifs.

Plus de 95 investisseurs d’impact gèrent plus de 136 véhicules de capital d’impact au Kenya, soulignant un intérêt croissant pour le paysage du financement climatique du pays. Plus de 650 millions de dollars d’investissement privé ont afflué au Kenya entre 2005 et 2015, illustrant l’intérêt pour le Kenya en tant que destination d’investissements durables internationaux. Le défi consiste à augmenter ces investissements, en multipliant les canaux ainsi qu’en augmentant le capital privé pouvant être investi dans les projets climatiques du Kenya.

une vision qui voit l’action climatique non seulement comme un impératif environnemental mais aussi comme une opportunité de croissance économique durable

Alors que le Kenya se fraye un chemin vers la réalisation de ses objectifs de CDN, l’interaction des mécanismes financiers, des cadres politiques et des forces du marché sera cruciale. Le succès du financement mixte dans la catalyse des 40 milliards de dollars nécessaires repose sur une vision partagée entre les parties prenantes – une vision qui voit l’action climatique non seulement comme un impératif environnemental mais aussi comme une opportunité de croissance économique durable. En unissant les forces et les ressources du gouvernement, des IFD, des organisations philanthropiques et du secteur privé, le Kenya peut créer un écosystème financier robuste pour ses projets climatiques. Cet effort collaboratif peut servir de modèle pour d’autres nations, démontrant comment le financement mixte peut combler l’écart entre les ambitions climatiques et les réalités des contraintes financières.

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