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Mobile : un moteur de croissance et d’inclusion

En 2025, l’économie mobile en Afrique représente 220 milliards de dollars, soit 7,7 % du PIB continental. Ces chiffres ne sont pas que des statistiques : ils racontent l’histoire d’un continent où le téléphone portable est devenu bien plus qu’un outil de communication. Il est aujourd’hui un levier de développement, un passeport vers l’inclusion numérique et sociale.

Selon le rapport The Mobile Economy Africa 2025 de la GSMA, le secteur mobile a injecté 220 milliards de dollars dans l’économie africaine en 2024, représentant ainsi 7,7 % du PIB du continent. Cette contribution devrait atteindre 270 milliards de dollars d’ici 2030, soutenue par l’expansion des services mobiles, la numérisation des entreprises et l’adoption plus large des technologies numériques, dont la 5G.

Cette dynamique est alimentée par la croissance continue du nombre d’abonnés uniques, qui devrait passer de 710 millions en 2024 à 915 millions en 2030, représentant respectivement 47 % et 53 % de la population africaine. Parallèlement, le nombre d’utilisateurs d’Internet mobile devrait augmenter de 416 millions à 576 millions, soit une progression de 28 % à 33 % de la population.

Derrière ces chiffres se dessine une Afrique connectée, où l’accès à la 4G, à la 5G et à l’intelligence artificielle change concrètement la vie des citoyens.

Le mobile n’est plus un luxe , c’est un outil de transformation sociale et économique

Dans les campagnes rwandaises, des programmes comme ConnectRwanda 2.0 d’Airtel offrent des smartphones abordables à des populations qui, il y a quelques années, n’auraient jamais imaginé pouvoir se connecter au monde. « Le mobile n’est plus un luxe », explique un responsable d’Airtel, « c’est un outil de transformation sociale et économique ».

Cette transformation ne se limite pas aux grandes villes. Au Kenya, M-KOPA permet à des milliers de foyers hors réseau d’accéder à l’énergie solaire et à Internet grâce à des paiements mobiles adaptés à leurs revenus. En Zambie, Liquid Intelligent Technologies accompagne les petites entreprises dans leur passage au numérique, donnant à des entrepreneurs souvent isolés les moyens de vendre, d’acheter et de se développer comme jamais auparavant. Ces initiatives prouvent que l’innovation africaine n’est pas seulement technologique : elle est sociale et inclusive.

Pour les opérateurs traditionnels aussi, l’inclusion est devenue une priorité. MTN en Afrique du Sud distribue des smartphones à prix réduits pour permettre aux ménages à faible revenu de profiter de la 4G. Airtel, en partenariat avec SpaceX, étend l’Internet par satellite dans les zones rurales, donnant enfin un accès haut débit à des écoles, des hôpitaux et des commerces éloignés des centres urbains.

De jeunes startups africaines jouent également un rôle clé dans cette inclusion numérique. Wave, en Afrique de l’Ouest, permet des transferts d’argent mobiles gratuits et instantanés, facilitant l’accès aux services financiers pour les populations non bancarisées. Au Nigeria, Paylater (Carbon) offre des crédits rapides via mobile à ceux qui n’ont pas accès aux banques traditionnelles. En Afrique de l’Est, SafeBoda combine application mobile et mobilité urbaine pour créer des emplois pour des chauffeurs tout en proposant un transport sûr aux citadins. Ces initiatives démontrent que le mobile n’est pas seulement un outil technique : il transforme la vie quotidienne, stimule l’entrepreneuriat et réduit les inégalités.

L’intelligence artificielle, catalyseur de croissance

L’intelligence artificielle (IA) émerge comme un moteur clé de la transformation numérique en Afrique. La stratégie continentale de l’Union africaine en matière d’IA souligne son potentiel pour stimuler la croissance économique, l’inclusion sociale et l’innovation en matière de gouvernance. Plusieurs pays africains ont déjà élaboré ou lancé des stratégies nationales en matière d’IA, tandis que d’autres sont en phase de consultation avancée, témoignant de l’élan croissant pour le développement de cette technologie à travers le continent.

La modernisation des réseaux mobiles en Afrique, avec l’expansion des réseaux 4G et 5G, joue un rôle crucial dans l’élargissement de l’accès aux solutions d’IA pour les utilisateurs à travers le continent. Ces infrastructures permettent une connectivité plus rapide et plus fiable, facilitant ainsi l’adoption de technologies avancées telles que l’IA dans divers secteurs, notamment l’agriculture, la santé, l’éducation et les services financiers.

La numérisation des entreprises : un levier pour la compétitivité

Les opérateurs mobiles jouent un rôle double dans la numérisation des entreprises en Afrique : non seulement en tant que fournisseurs de connectivité, mais aussi en tant que facilitateurs de services numériques, soutenant des solutions spécifiques à des secteurs tels que la finance, le commerce de détail, l’agriculture, la logistique, la santé et la fabrication. Des services tels que l’argent mobile, les API ouvertes, le cloud computing et les outils d’IA permettent aux entreprises de surmonter divers défis opérationnels, notamment la facilitation des paiements, la réduction de la fraude et l’amélioration de l’efficacité. Cela renforce l’importance de ces secteurs au sein de la société tout en améliorant la compétitivité des entreprises africaines sur les marchés mondiaux.

Les opérateurs mobiles virtuels : une réponse aux besoins spécifiques

Les opérateurs de réseau mobile virtuel (MVNO) connaissent un regain d’intérêt en Afrique ces dernières années, avec des développements notables, notamment en matière de licences, dans plusieurs pays. Actuellement, il existe plus de 60 MVNO dans 11 pays africains. Le modèle commercial des MVNO cible souvent des segments de marché de niche dans des marchés mobiles matures, en s’appuyant sur des partenariats solides avec les opérateurs de réseaux mobiles. Concrètement, cela signifie cibler des démographies mal desservies avec des offres personnalisées qui complètent plutôt que cannibalisent les services des opérateurs. Le déploiement réussi nécessite une alignement stratégique avec les opérateurs, des cadres réglementaires clairs et une viabilité commerciale.

L’inclusion numérique : un défi à relever

Malgré les progrès réalisés, des défis subsistent en matière d’inclusion numérique en Afrique. En 2023, 58 % des Africains non connectés vivaient déjà dans des zones couvertes par la bande large mobile, ce qui suggère que le principal obstacle à l’inclusion numérique est l’écart d’utilisation. Ce phénomène est attribuable à des facteurs tels que l’accessibilité financière, le coût élevé des appareils et des services, les taxes spécifiques au secteur et le faible niveau de littératie numérique. Cela souligne la nécessité pour les décideurs politiques et autres parties prenantes d’intensifier leurs efforts pour relever ces défis et connecter davantage de personnes.

Pour remédier à cette situation, la Banque mondiale a lancé le programme IDEA (Inclusion Digitale pour l’Afrique de l’Est et Australe), visant à accélérer l’inclusion numérique pour 180 millions de personnes d’ici 2032. Ce programme se concentre sur le développement de l’accès à Internet et l’utilisation inclusive des services numériques, en mettant l’accent sur les infrastructures, la littératie numérique et l’accessibilité financière.

L’obstacle n’est  pas toujours technique : le coût des appareils, la faible littératie numérique ou les taxes pèsent sur l’inclusion

Pourtant, malgré ces progrès, l’Afrique reste confrontée à des défis. Près de 60 % des Africains non connectés vivent dans des zones déjà couvertes par le réseau mobile. L’obstacle n’est donc pas toujours technique : le coût des appareils, la faible littératie numérique ou les taxes pèsent sur l’inclusion. La Banque mondiale, à travers le programme IDEA, entend connecter 180 millions de personnes en Afrique de l’Est et Australe d’ici 2032, en mettant l’accent sur l’accès abordable, l’éducation numérique et les services financiers.

L’avenir de l’économie mobile en Afrique s’annonce prometteur, avec des investissements continus dans les infrastructures, une adoption croissante des technologies numériques et une attention accrue à l’inclusion numérique. Cependant, pour réaliser pleinement le potentiel de cette économie, il est essentiel de surmonter les défis existants, notamment en matière d’infrastructure, de réglementation et d’éducation numérique. Les partenariats entre les secteurs public et privé, ainsi que les initiatives continentales telles que la ZLECAf, joueront un rôle crucial dans la création d’un environnement propice à la croissance et à l’inclusion numériques.

Le mobile en Afrique n’est pas seulement une histoire de chiffres ou de technologie : c’est un levier concret pour rapprocher les citoyens du savoir, des services et des opportunités économiques.

Consulter le rapport The Mobile Economy Africa 2025

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