Moalim : “l’IA au service de l’apprenant, un vecteur d’excellence académique”
L'intelligence artificielle (IA) a la capacité de relever certains défis dans le domaine de l'éducation en développant des pratiques d'enseignement et d'apprentissage innovantes pour accélérer la réalisation de l'ODD 4, selon l'UNESCO. L'initiative "Moalim" ("enseignant" en arabe), première plateforme algérienne et africaine d'éducation numérique pour le tutorat interactif en ligne basé sur l'IA, s'inscrit dans cette démarche. Nous nous sommes entretenus avec le Dr Said Babaci, PDG d'Inkidia, une startup spécialisée dans les solutions numériques innovantes pour aider les élèves à rester à l'école.

Par Nadjoua Khelil à Alger
Moalim (enseignant en arabe), lancé en 2020, est un outil innovant d’accompagnement des élèves (collège et lycée), des enseignants et des parents dans une approche cyclique : « L’enseignant optimise son temps et identifie en temps réel les forces et les faiblesses de l’apprenant. L’élève peut personnaliser ses révisions, s’autocorriger et s’auto-évaluer, s’organiser et devenir autonome. Enfin, les parents peuvent suivre les progrès de leurs enfants sans connaissances pédagogiques préalables ni pression », explique le Dr Saïd Babaci.
Il s’agit d’un « projet social ambitieux » qui propose « un apprentissage et un tutorat intelligents, pertinents et inclusifs pour tous, visant à élever le niveau des apprenants et à les responsabiliser, en combinant les aspects pédagogiques et psychologiques ».
La plateforme repose sur un certain nombre d’éléments clés. Tout d’abord, l’approche basée sur les compétences. « Notre approche est basée sur la pyramide des objectifs éducatifs de Bloom, qui comprend des niveaux d’aptitude intellectuelle allant du plus simple au plus complexe : connaissance, compréhension, application, analyse, synthèse et évaluation. Elle est calquée sur le programme national. Moalim utilise également la méthode d’apprentissage par la pratique pour soutenir et renforcer les connaissances transmises à l’école. L’IA est utilisée pour l’apprentissage automatisé grâce à des solutions algorithmiques intelligentes. L’interactivité et l’autonomisation permettent aux élèves d’interagir avec un guide virtuel qui les aide sans leur fournir directement la solution. Un correcteur automatique évalue leurs réponses », a-t-il expliqué.

En plus des résumés des leçons du programme, le contenu personnalisé, adapté au niveau de l’apprenant, comprend des activités, des exercices et des quiz pour tester ses connaissances : 33 000 QCM, 10 500 exercices et plus de 600 sujets pour 7 niveaux scolaires. Il est disponible sous forme d’abonnement trimestriel au prix « abordable » de 3 000 Da (environ 20,50 €).
Lutter contre l’échec scolaire, obtenir 100% de résultats scolaires
En utilisant l’IA, Moalim vise à agir sur le long terme pour « renforcer le secteur de l’éducation et améliorer les capacités humaines ».
Le système d’évaluation des apprenants de Moalim, qui permet d’identifier les lacunes et les potentiels, peut-il contribuer à lutter contre le phénomène de l’échec scolaire ? Depuis trois ans que Moalim accompagne ses élèves, il leur a permis « d’améliorer leur moyenne générale de 3 points et d’atteindre 100% de réussite scolaire, grâce au temps gagné. Il leur a également permis d’apprendre de leurs erreurs, de prendre confiance en eux et de progresser. En fait, nous luttons contre l’abandon scolaire et contre le gaspillage, qui peut être enrayé », déclare M. Babaci. L’application du concept aux élèves du secondaire « réduit le taux d’échec à plus de 70 % ». Le Moalim, bien appliqué au cycle secondaire, aboutit au même résultat », ajoute-t-il.
En Algérie, le taux d’abandon dans le cycle moyen est de 2%, selon les autorités. Selon une étude du Conseil algérien des lycées (CLA), 500 000 élèves échouent chaque année, soit 10 millions sur deux décennies.
Moalim en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe à l’horizon
Moalim compte plus de 7 000 membres. L’objectif est d’atteindre « 42 000 (abonnés) par an, avec un objectif de 4,2 millions. L’outil sera bientôt étendu aux élèves de 5ème année de l’école primaire.
Le système Moalim s’est révélé « efficace », ce qui encourage la startup à se développer à l’étranger.
Compte tenu du « besoin existant, nous envisageons de déployer Moalim en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe, en l’adaptant aux systèmes éducatifs des pays concernés ».