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Mines : la Côte d’Ivoire veut faire briller son économie avec son or

Après l’agriculture qui a longtemps été son pilier de développement économique, la Côte d’Ivoire mise sur son sous-sol et sa réserve aurifère pour une économie plus forte portée par le secteur privé.

Par Issiaka N’Guessan à Abidjan

Loin d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, à la lisière de la zone forestière de l’Ouest et la savane arborée du Centre, à 19 Km de Séguéla, dans la sous-préfecture de Worofla, une des sous-préfectures de la région du Worodougou, des installations, usines, sites administratifs et techniques, golden room accessible pour les saints, trous circulaires. Pour accéder à la base de vie, il faut passer plusieurs check-points. Dans cette brousse désormais interdite aux populations locales de trois villages, la nouvelle mine aurifère, la 5è de la société canadienne Fortuna Roxgold Sango et la 14è dans le pays. L’appétit pour l’or a envahi le pays gangrené aujourd’hui par l’orpaillage clandestin contre lequel les autorités tentent de lutter tant bien que mal.

Le 15 septembre dernier, tout le gotha des cadres de la région était réuni, les populations enthousiastes. Et pour cause…

Un bon filon pour la région

Le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly a effectué le déplacement pour le lancement officiel des activités de la mine de la société canadienne Roxgold Sango, filiale de Fortuna Silver Mines. C’est la première mine d’or dans la région du Worodougou, la 14è pour ce minerai en Côte d’ Ivoire et la 22è mine dans le pays. Total de la production attendue : 108,048, 000 onces d’or soit 4 tonnes l’an. Durée de la mine, huit (8) ans au début, revue à onze (11) ans par le CEO Jorge Gardoza. A la grande satisfaction de Mamadou Sangafowa-Coulibaly qui annonce la bonne nouvelle.

Débutés en août 2022, la mine est entrée en exploitation et a généré 100 millions FCFA après trois mois d’exercice, pour les villages de Kouégo, Bangana et Tiéma, dont les terres cultivables regorgent de la pierre précieuse. Ils sont réunis au sein d’un comité local de développement minier (CDLM).

Le développement industriel et le développement des mines en Côte d’Ivoire est une bonne chose pour l’économie

Le directeur général de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), Ahmadou Bakayoko, assure que « le développement industriel et le développement des mines en Côte d’Ivoire est une bonne chose pour l’économie mais cela demande beaucoup d’énergie donc nous avons eu à mettre en place une ligne dédiée qui est venue alimenter ce site par une puissance assez importante-plus de 9 mégawatts pour pouvoir répondre aux besoins à 100% de l’usine. »

« Pour l’instant, ils (Roxgold Sango, NDLR) sont en phase de démarrage mais progressivement, ils vont tirer toute la capacité » soutient Ahmadou Bakayoko. Le directeur général de la CIE et de la SODECI assure que « les installations sont déjà prévues pour pouvoir suivre la montée en puissance de l’usine. » « On produit suffisamment (de l’électricité, NDLR) en Côte d’Ivoire pour couvrir les besoins, à la fois, des particuliers et des industriels » soutient Ahmadou Bakayoko qui reconnaît toutefois qu’il « faut renforcer le réseau selon les zones et les besoins. »

Environnement des affaires

40% de la main d’œuvre de cette nouvelle mine vient des villages dont 10% de femmes. Jorge Gardoza, CEO de RoxGold Sango s’est engagé « à respecter l’environnement » et a entreprendre une exploitation minière dans la « transparence ». Le Canadien a salué l’environnement des affaires et des investissements en Côte d’Ivoire, en insistant sur la contribution des communautés locales de Kouégo, Tiéma et Bangana, « pendant l’exploration et la construction (des sites techniques). » Mamadou Sangafowa-Coulibaly s’est satisfait de cet investissement majeur dans la région du Worodougou qui devrait générer 80 milliards FCFA pour l’Etat ivoirien et 4 milliards FCFA pour les communautés locales pour des projets à impact communautaire. Une autre mine est prévue selon le directeur général des Mines, Seydou Coulibaly, pour ouvrir bientôt dans la sous-préfecture de Kani, toujours dans la région du Worodougou.

Relever le défi de la lutte contre l’orpaillage clandestin

Avec 765 milliards FCFA, 78% de parts de ce secteur économique, et 4% du PIB, le secteur minier est tenu par dix majors au niveau local. Ce sont Barrick Gold qui possède la société des mines de Tongon, à M’bengué (Nord), la Société des mines d’Ity, propriété d’Endeavour Mining (Ouest), Agbaou Gold Operations (Centre-Ouest), Perseus mining et la Société des mines de Daapleu. Lagune exploitation Bongouanou, l’une des premières sociétés tenues par des Ivoiriens et qui exploite, elle, de la bauxite. Exgold et Stone Consulting bouclent la liste des 10 entreprises qui exploitaient le sous-sol ivoirien, que vient d’intégrer Fortuna Silver Mines avec Roxgold Sango.

La Côte d’Ivoire qui entend diversifier son économie et multiplie pour ce faire, les permis face à l’intérêt croissant pour le sous-sol ivoirien, s’est engagée à relever le défi de la lutte contre l’orpaillage clandestin. Ce fléau gangrène l’ensemble du pays, générant des gains non évalués et contribuant à la corruption. Une unité de sécurité a été créée à la Gendarmerie nationale pour traquer ces ennemis de l’économie du sous-sol. Une dynamique qui rassure les grandes firmes internationales comme Fortuna Silver Mines qui a racheté le permis de Séguéla qui appartenait à des Ivoiriens.

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