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Meet Africa : la diaspora montre ses armes pour entreprendre

Expertise France et ses partenaires (ANIMA, AFD) ont revendiqué 3 000 visiteurs inscrits au Forum des entrepreneurs de la Diaspora, Meet Africa 2, le 11 février 2023. Acteurs publics et privés, africains et européens, ont pu échanger en marge des plénières, et lors des traditionnels forums et ateliers. Mais la diaspora n’a pas attendu les investissements du nord pour entreprendre en Afrique. Rencontres.

Par Yousra Gouja, à Paris

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Si leurs projets ne sont pas tout à fait financés, les entrepreneurs issus de la diaspora ont eu l’audace d’y aller. C’est bien ce que démontre Rui Mendes Da Silva, fondateur de Kemet automobile au Sénégal, comme annoncé en salle de plénière. Ce Franco-Sénégalais dit avoir finalisé le prototype du SUV électrique au Sénégal : « Nous avons des business Angel Africains. Et nous sommes agréablement surpris. D’après notre roadmap de trois ans, nous estimons nos besoins à plus de 80 millions d’euros », dit-il presque gêné de demander autant d’argent. « Nous avons pensé différents types de véhicules : bus, taxis etc. Nous avons travaillé avec beaucoup d’ingénieurs de la diaspora, grâce à nos contacts en Europe vu qu’on a grandi ici. Nous espérons que les pouvoirs publics nous soutiennent. Comme la France soutient Renault », finit-il par plaider.

« Après nous être lancés en France en 2017, nous proposons l’offre au Maroc »

En France, un incubateur indépendant, Marseille Innovation, s’est lui lancé le défi d’accompagner des entrepreneurs d’un pays africain différent chaque année. Cette année, le Maroc remporte la mise. Badreddine Chater, responsable de Campus/Start Up Manager à CIC Place de l’Innovation chez Marseille Innovation, raconte : « Environ 12 startups franco-marocaines sont accompagnées. Nous hébergeons les startups pour qu’ils puissent travailler dans les meilleures conditions dans leurs bureaux chez nous. Près de 80% de nos financements sont issus de nos services et nous recevons environ 20% d’aides régionales. » Marseille Innovation accompagne par exemple Salima Ari, co-fondatrice de Splouf/Jacuzzi Land : « Nous proposons un spa gonflable à domicile. Après nous être lancés en France en 2017, nous proposons l’offre au Maroc pour avoir un cadre intimiste, avoir des prestations complémentaires. » Il est certain que le partenariat entre les deux rives est particulièrement recherché. Lors de l’un de ses voyages, Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État chargée du développement de la francophonie et des partenariats internationaux, raconte : « A Kinshasa, j’ai rencontré des entrepreneurs culturels qui voulaient reproduire chez eux la Station F. Que les idées, le savoir, circulent. C’est le type de partenariat que nous voulons. »

« Au Sénégal, nous avons comblé un vide : l’accès aux financements des plus vulnérables »

Sur le plan financier et de l’accompagnement, plusieurs pays africains ne veulent plus dépendre de leurs homologues européens et lancent leur propre offre. C’est le cas de la Der, la délégation générale à l’entreprenariat rapide, au Sénégal, qui finance les femmes et les jeunes. Mamadou Ndiaye, directeur de la promotion et de l’entreprenariat, indique que « nous ne sommes pas une machine à former des entrepreneurs. Nous avons juste cinq ans. Nous avons comblé un vide : l’accès aux financements des plus vulnérables, sur une initiative du président du Sénégal. Nous nous inscrivons dans une chaîne de valeur. Nous savons que la diaspora, c’est la 15e région du Sénégal. Nous investissons près de 30 milliards de FCFA par an et nous avons touché près de 1 500 femmes ».

En Côte d’Ivoire, le gouvernement souhaite de son côté faire la différence en intégrant au sein de son Ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Diaspora un dispositif d’accompagnement. Le professeur Adama Ouattara Katiénéffooua, directeur des compétences de la diaspora et de la mobilisation des ressources, précise : « Un outil interactif est proposé ainsi qu’un dispositif de financement avec le Mécanisme appui création entreprises (Mace). Nous signons des conventions avec les banques privées pour faciliter le parcours des entrepreneurs. C’est une stratégie nationale. Nous avons un comité de concertation avec des personnalités du public, du privé et de la société civile. »

« C’est à nous de faire en sorte que cela aille vite »

La diaspora africaine, qui pèse déjà lourd dans les budgets des pays, peut encore aller plus loin. C’est le souhait formulé par le puissant homme d’affaires franco-tunisien Tarak Chérif, à la tête du groupe Alliance. « Certains pays africains sont capables d’avoir 8% de croissance. Cela fait réfléchir. C’est à nous de faire en sorte que cela aille vite ». Et de citer l’exemple de la diaspora libanaise qui « injecte près de 10 milliards d’euros par an », particulièrement précieux en ces temps de grave crise.

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