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Maroc : les startups marocaines réaffirment leur appétit sur le marché africain

Le Maroc veut renforcer sa place de leader de la tech en Afrique. Ce n’est donc pas un hasard si la première édition africaine de la grand-messe internationale de la tech, le Gitex, s’est tenue du 31 mai au 02 Juin 2023, à Marrakech. Mais quel est l’écosystème de la tech marocaine ? État des lieux.

Par Merieme Alaoui , à Marrakech

L’événement a réuni plus de 900 exposants, start-ups et délégations, de 95 pays. Avec le GITEX Africa Morroco, tout le programme et l’ambition du royaume est résumé dans le nom.  « Le GITEX Africa met en avant le potentiel technologique du continent et mobilise les entreprises africaines pour se hisser au sommet grâce à la technologie. Dans ces temps de perturbations économiques et de changements mondiaux profonds, la montée en puissance du numérique est inévitable. La technologie numérique est devenue un levier essentiel du développement économique », a déclaré le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, lors de la cérémonie d’ouverture. Organisée par le Dubaï World Trade Center (DWTC), sous l’égide du ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration (MTNRA), en partenariat avec l’Agence de développement du digital (ADD), le Gitex sera désormais annuel et systématiquement tenu au Maroc.

Au Maroc, nous croyons en la jeunesse africaine qui excelle dans le domaine du numérique et des technologies modernes telles que l’IA, le Cloud et la cybersécurité

« Le Maroc est un choix naturel pour accueillir le GITEX en Afrique. Nous croyons en notre jeunesse africaine qui excelle dans le domaine du numérique et des technologies modernes telles que l’IA, le Cloud et la cybersécurité. Nous collaborons avec le ministère de l’Enseignement supérieur et les différents centres de formation pour renforcer les formations et disciplines, augmentant ainsi la force, l’énergie et le potentiel de cette jeunesse. Au Maroc, cette jeunesse est bien notre atout principal », a détaillé la ministre de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Ghita Mezzour.

Le Maroc voit grand, c’est indéniable. Et se donne les moyens de ses ambitions. Mais qu’en est-il de l’écosystème de la tech nationale ? Où en sont les start-up marocaines ?

Plusieurs initiatives sont mises en place par le royaume. A commencer par MoroccoTech, marque nationale de promotion du secteur digital marocain. Issue d’un partenariat public-privé, la déclinaison d’un mouvement mobilisateur et fédérateur qui regroupe les différents acteurs de l’écosystème digital marocain. Il s’agit du ministère chargé de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, de la Fédération des Technologies de l’information, des Télécommunications et de l’Offshoring, de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), l’Agence de développement du digital (ADD), la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), l’Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc (AUSIM) ou bien encore le Technopark Maroc, à Casablanca).

Les autorités marocaines veulent porter la contribution du secteur des TIC de 3% à l’heure actuelle, à 11% du PIB et créer 125 000 nouveaux emplois.

L’ambition affichée est de « renforcer le poids du numérique dans l’économie nationale et de la hisser comme hub régional ». Les autorités marocaines annoncent vouloir porter la contribution du secteur des TIC de 3% à l’heure actuelle, à 11% du PIB et créer 125 000 nouveaux emplois. Et ce, pour concurrencer la Tunisie (le numérique contribue à plus de 4% du PIB, grâce à la mise du Startup Act) et l’Égypte (plus de 8% du PIB avec des start-up qui trônent parmi les leaders continentaux).

Dans les allées du Gitex, une centaine de start-ups marocaines sont venues ainsi présenter leur technologie à domicile. Distinguées par un logo « Morocco 100 », elles ont été choisies « sur des critères objectifs » pour représenter le royaume au salon. « Nous avons lancé un appel à candidature et sélectionné une centaine de startup, nous avons financé leur présence à 95% », a expliqué Mehdi El Alaoui,  responsable département l’écosystème des start-up à l’ADD.

« C’est une très belle occasion pour nous, nous pouvons ainsi rencontrer énormément de monde que ce soit des startups, des investisseurs marocains ou africains », a reconnu Aassem Diyane, co-CEO de la startup de healthcare Tinkiet, qui propose une armoire intelligente pour la gestion des médicaments dans les hôpitaux et cliniques.

Le marché marocain des solutions XDR va représenter plus de 2 milliards de dollars d’ici à 2025, et 50% des entreprises y auront recours pour répondre aux menaces

Avec ses innovations, le Maroc veut se démarquer. Le royaume compte ainsi sur la startup Deep Tech Guardome (MPS Group), spécialisée dans les métiers de la Cybersécurité, qui a présenté une panoplie de technologies innovantes avec la solution XDR (Extended Detection & Response). Basée sur l’intelligence artificielle, elle permet aux entreprises de détecter et de répondre aux menaces de cybersécurité. Selon le groupe, le marché des solutions XDR représentera plus de 2 milliards de dollars à l’horizon 2025, et 50% des entreprises y auront recours pour répondre aux menaces. L’IA fait justement partie des techniques phares que veut développer le Royaume.

La startup Chari, qui a confirmé sa levée de fonds de 1 million d’euros de la part d’Orange (sponsor diamant du Gitex), a également annoncé un partenariat avec l’Université Mohamed VI Polytechnique (UM6P) de Ben Guérir près de Marrakech. Acteur majeur de l’e-commerce en Afrique francophone, Chari sera donc hébergée dans le Data Center de l’UM6P. L’objectif est de garantir un hébergement sécurisé, la disponibilité et la confidentialité des données, tout en respectant les normes de protection applicables. Une belle vitrine pour le Maroc, mais qui intervient après tout un processus. En particulier en Afrique.

En 2021, les startups marocaines ont levé un chiffre record de 269 millions de DH selon Techcabal. Un chiffre encourageant mais bien derrière les 100 millions de dollars levés en Égypte, selon la même source.

« Il est essentiel d’échanger des idées, de nouvelles opportunités d’affaires en Afrique. Le continent offre la capacité humaine et le potentiel de faciliter l’inclusion et d’éradiquer la pauvreté dans la région », poursuit Mehdi El Alaoui.  Et de citer les ressources naturelles du continent, la population la plus jeune au monde, les 500 000 développeurs du continent…comme atouts principaux.

Le système africain n’est pas encore mature. La donation ou les financements bancaires ne sont pas adaptés au modèle économique des startups. D’où le recours au crowdfunding

Mais si les ambitions ne faiblissent pas, la situation économique mondiale n’est pas des plus favorables. « Notre système africain n’est pas encore mature. On a encore recours à des systèmes ou à des modes de financement classiques tels que la donation ou les financements bancaires ce qui n’est pas tout à fait adapté au modèle économique des startups. Dans un futur proche, je pense qu’on va plus aller vers du crowdfunding et de l’impact à investir. C’est-à-dire qu’on va investir en fonction de l’impact que va avoir la startup sur son envasement social », analyse Mehdi El Alaoui.

Conscient de ces difficultés, le Maroc défend les programmes de ses entités gouvernementales tirées par le ministère de la transformation digitale chargé du développement économique.

« Avec les startups sélectionnées par le programme Morocco 100 au Gitex, nous travaillons sur le Matchmaking à travers la mise en relation avec des investisseurs et les Venture capitalistes avec les   startupeurs marocains. On va bientôt organiser un hackathon régional qu’on espère voir perpétuer dans d’autres régions du Maroc », ajoute le chef de l’ADD.

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