Mahamoud Ali Youssouf : un visage incontournable de la diplomatie africaine

Mahamoud Ali Youssouf est un visage incontournable de la diplomatie africaine. Depuis 2005, il occupe le poste de ministre des Affaires étrangères de Djibouti, faisant de lui l’un des ministres les plus expérimentés du continent. Originaire de l’un des pays les moins peuplés d’Afrique, Djibouti, il incarne une politique étrangère pragmatique, notamment en raison de la position stratégique de son pays face au détroit de Bab-el-Mandeb, à la croisée des routes maritimes mondiales.

À 59 ans, Youssouf est l’un des rares diplomates africains à avoir su allier une grande longévité à des positions influentes sur la scène internationale. Lors de son élection, son président, Ismail Omar Guelleh, a salué sa victoire comme « un moment de fierté pour Djibouti et l’Afrique », soulignant que « son leadership servira l’Afrique avec dévouement et vision ».

La place de l’Afrique sur la scène internationale sera l’une de mes priorités

Tout au long de sa carrière, Mahamoud Ali Youssouf a su s’imposer comme un interlocuteur clé dans les grandes affaires africaines. Son engagement dans les processus de paix et de sécurité, notamment en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique, a marqué son mandat à Djibouti. Lors de son débat télévisé en décembre 2023, il a mis l’accent sur plusieurs priorités pour l’Union Africaine, notamment la nécessité de renforcer le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, d’opérationnaliser la Force africaine en attente, et de garantir un financement stable pour l’Union.

« La place de l’Afrique sur la scène internationale sera l’une de mes priorités. L’Afrique que nous voulons est celle de la paix, de l’intégration et de la prospérité. Si l’on me donne la chance d’être président de la Commission, je ferai de mon mieux pour que notre continent brille sur la scène internationale », a-t-il déclaré lors de la campagne électorale.

 « Faire taire les armes »

L’une des priorités affichées par Youssouf, comme il l’a exprimé lors d’une interview avec VOA Horn of Africa l’année dernière, est de « faire taire les armes » sur le continent. « Faire taire les armes, c’est-à-dire prévenir les conflits, résoudre les guerres et les crises internes … c’est l’une des priorités », a-t-il souligné, soulignant la nécessité de concentrer les efforts de l’UA sur ce programme crucial. Le défi est de taille, avec les conflits dévastateurs en République Démocratique du Congo et au Soudan qui nécessitent une intervention immédiate et concertée.

La question de la gouvernance, au cœur de son action

 Le mandat de Youssouf débutera dans un contexte difficile marqué par des crises persistantes, notamment au Soudan et en République Démocratique du Congo. « Le continent traverse actuellement de nombreuses difficultés », a déclaré Youssouf en décembre, faisant référence à l’instabilité politique dans certains pays africains, notamment ceux secoués par des coups d’État récents. La question de la gouvernance, qu’il considère comme un problème majeur, sera au cœur de son action. Il a déjà évoqué l’importance de réformer l’UA pour en faire une organisation plus performante et plus axée sur les résultats. « Si nous avons un bon personnel à la commission, il sera beaucoup plus facile pour nous tous de mettre en œuvre les réformes qui ont déjà été adoptées par nos dirigeants », a-t-il expliqué.

Une approche diplomatique modérée

Mahamoud Ali Youssouf succède à Moussa Faki Mahamat, qui a dirigé l’UA pendant deux mandats, de 2017 à 2025. Ce dernier a laissé un héritage complexe, marqué par des défis diplomatiques multiples et des crises internes au sein de l’UA. Le défi pour Youssouf sera de poursuivre les réformes engagées et d’assurer la stabilité de l’organisation en période de turbulence géopolitique mondiale.

Le choix de Youssouf, qui a remporté la victoire au terme de plusieurs tours de vote contre Raila Odinga et Richard Randriamandrato, est perçu comme une reconnaissance de son travail et de son engagement sur la scène internationale. En dépit de sa discrétion et de son approche diplomatique modérée, il a su se démarquer par sa capacité à rassembler et à construire des alliances.

Mahamoud Ali Youssouf prend les rênes de la Commission de l’Union Africaine à un moment crucial de l’histoire de l’organisation. Confronté à des crises de gouvernance, à des conflits persistants et à des défis économiques, il aura pour mission de conduire l’UA vers une plus grande stabilité, de renforcer son rôle dans la résolution des conflits et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour l’intégration économique et politique du continent. L’Afrique attend de lui une vision ambitieuse et une action décisive.