L’option Fintechs
Les PME représentent, à l’échelle du continent, près de 90 % du tissu entrepreneurial et environ 60 % des emplois formels...Mais elles font face à un sérieux problème d’accès aux financements auquel les Fintechs pourraient apporter des solutions.

Par Oumar Fédior
Le potentiel des PME en Afrique est réel. Leurs difficultés aussi. Parmi elles, la plus lancinante est sans doute celle liée aux financements. On estime les besoins à plusieurs centaines de milliards de dollars. Mais malgré les nombreuses initiatives, le problème est resté presque intact. Moussa Cissé est entrepreneur dans les Fintechs. Selon lui, le salut ne peut que passer par les Fintechs qui ont déjà montré un aperçu de ce qu’elles peuvent apporter si elles sont mises dans un cadre approprié.
Il indique par exemple que “les solutions mobiles ont beaucoup contribué à l’inclusion financière dans le continent en doublant le taux de pénétration bancaire a 40 %”.
D’après un rapport d’Osiris (NDLR : structure sénégalaise dédiée au numérique) que nous avons parcouru, les Fintechs ont pu lever 836 millions de dollars en une année. Une manne et une expertise qui peuvent facilement profiter aux PME, estime notre interlocuteur.
Les spécialistes sont d’ailleurs unanimes : « le développement de l’Afrique dans l’espace numérique dépend de la croissance de l’entrepreneuriat qui tire parti des technologies numériques pour le marché grâce à l’innovation ». Oumar Dia, cadre à l’Agence pour le développement des Pme au Sénégal et en Afrique de l’Ouest (Adpme) est optimiste. Selon lui, les nombreuses innovations numériques qui voient le jour peuvent transformer les mécanismes de financement des PME. « Elles sont plus souples et mieux adaptées aux caractéristiques des PME qui pour la plupart sont dans l’informel. Les institutions financières traditionnelles peinent dans leur financement justement parce qu’elles n’ont ni données fiables, ni expertise comptable ».
L’innovation numérique au cœur

Aujourd’hui et depuis quelques années maintenant, la révolution numérique a commencé à impulser de nouveaux modèles autour du mobile money et des Fintechs. L’avantage, explique ce spécialiste des Fintechs, c’est que les innovations numériques, par les modèles d’affaires innovants qu’elles permettent, apportent des solutions disruptives à ces problèmes. Au-delà des Fintechs, estime-t-il, c’est le numérique lui-même qui apporte d’importantes innovations.
Il cite l’exemple du crowdlending, de plus en plus utilisé comme alternative. Oumar Dia estime que le numérique peut y apporter d’importantes évolutions. « Le plus souvent ce sont des acteurs d’un même espace qui y travaillent. Mais avec le numérique, la palette peut être plus large. Et ça encore, c’est l’affaire des Fintechs si on y regarde de plus près », estime-t-il.
Pas loin de 40 % des crédits octroyés par M-Shwari le seraient à des micro-entreprises
Dans une contribution, Aiaze Mitha, Entrepreneur numérique a évoqué les nombreuses possibilités qu’offrent les Fintechs face à la question du financement des PME. Selon lui, les outils de numérisation des forces de vente permettent aux institutions financières d’augmenter le rendement de leurs agents de crédit, en automatisant la collecte d’informations sur le terrain à partir de formulaires opérés au moyen de tablettes, réduisant ainsi le coût d’acquisition client.
Il révèle par exemple que l’utilisation de ces solutions au Kenya a augmenté la productivité des agents de crédit de près de 68 %.
« C’est aussi le cas de M-Shwari, la plateforme numérique de crédit lancée par le fournisseur de paiements mobiles M-Pesa. Selon des estimations réalisées par le cabinet Amarante Consulting, pas loin de 40 % des crédits octroyés par M-Shwari le seraient à des micro-entreprises », a-t-il dit. Non sans indiquer que ce sont des plateformes existantes qui peuvent bien être utiles aux PME.
Alternative au manque d’informations fiables
Cela a été dit et répété, l’une des principales raisons du problème d’accès aux financements pour les PME c’est le manque d’informations fiables. Une contrainte que des Fintechs ont réussi à contourner ou au moins à améliorer. En collectant des données, explique Bachir Déme, financier, certaines Fintechs spécialisées dans le crédit scoring, recueillent des milliers de points de données relatifs aux paiements mobiles effectués par les PME. À terme, dit-il, cela rend l’analyse de crédit possible en l’absence d’informations traditionnelles. Ce qui par conséquent, rend l’accès aux financements souple.