Avec 61,5% des suffrages remportés, George Weah succédera à Ellen Johnson Sirleaf. Et les dossiers économiques occuperont une large place dans son agenda. Rudy Casbi
Investi le 22 janvier prochain, George Weah a du pain sur la planche. Les défis économiques à relever seront nombreux. Selon les chiffres de la Banque africaine de développement: le produit national brut par habitant serait deux fois inférieur à son voisin du Sierra Léone également touché par le virus Ebola. Enfant des quartiers pauvres de la capitale Monrovia, l’ancienne star du football a été élue sur la promesse d’une relance économique pour cette population qui a été la première victime des crises successives traversées par le Liberia. «De toute façon, on sait que la tâche sera rude pour lui. Il ne pourra pas tout changer. Mais j’espère juste qu’il n’oubliera d’où il vient», a lâché un habitant de Monrovia, capitale du Liberia devant les médias. Si les attentes sont grandes, George Weah devra aussi composer avec ses futurs opposants. Ces derniers avaient estimé que les propositions du candidat Weah pour la relance économique du Liberia.
Priorité au business
Le président-élu porte deux objectifs: améliorer les conditions de vie des plus démunis et rendre son pays plus attractif pour les investisseurs. Selon le dernier classement Doing Business, le Liberia est situé douze rangs derrière le Sierra Léone. George Weah se sait également très attendu sur le plan du développement et des exportations: «Nous aurons des économistes pour nous mettre sur la voie. Ils vont regarder ce qu’il y a dans les caisses et trouver comment aller de l’avant» avait-il affirmé dans les médias au cours de sa dernière campagne présidentielle. Mais l’ancien sénateur a déjà son idée sur la solution à apporter à cette problématique : «Ma priorité sera d’améliorer la connectivité du Liberia avec ses pays voisins par les routes. Elles sont cruciales pour notre développement et nous avons des partenaires sur qui nous pourrons nous appuyer» avait-il dit sans donner plus de détails sur ces éventuels partenaires. Et il ajoute : «Nos pays voisins le font et nous aussi, nous pouvons le faire» avait-il conclu. Si ce défi s’annonce compliqué, il pourra toujours s’appuyer sur cette donnée positive : selon le classement Doing Business 2018, son pays est dans la première moitié du classement mondial des nations où il est le plus aisé pour démarrer une activité entrepreneuriale.
Priorité aux investisseurs
Le président-élu devra aussi compter sur les investissements intérieurs et extérieurs de la part de ses diasporas. Fait inédit de l’Histoire du Liberia, George Weah est le premier chef d’état du Liberia à ne pas être en lien direct avec la communauté américano-libérienne. Mais cette dernière n’a tout de même pas manqué de féliciter le président élu par l’intermédiaire de ses nombreuses associations. En retour, George Weah les a appelé à «rentrer à la maison car le pays est ouvert au business». Et il a ajouté: «C’est une nouvelle ère politique qui commence pour notre pays». Si George Weah a lancé un appel aux investisseurs étrangers issus des communautés afro-libériennes implantées en dehors du Liberia, certains investisseurs locaux n’avaient cependant pas attendu son élection pour démarrer les grands travaux. A l’instar d’Alex Lansana, promoteur du prochain centre commercial en construction dans la capitale, Monrovia : «Les investissements autour du TSMO (ndlr:le nom de ce centre commercial) démontrent qu’il y a beaucoup d’investisseurs libériens qui veulent améliorer le climat des affaires au Liberia. Et ils y croient», estime Alex Lansana, promoteur de ce centre commercial de cinq étages dont le coût des travaux avait été évalué à 8,5 millions de dollars US. Une centaine d’emplois directs devrait être créer par ce nouveau centre commercial. Et celui-ci devrait être inaugurer dans les prochaines semaines par… George Weah. Cela constituerait une belle première pierre à l’édifice de son mandat.