L’entrepreneuriat féminin : un moteur de transformation à booster
Si l'Afrique est désormais reconnue comme le leader mondial de l'entrepreneuriat féminin, il reste un certain nombre de défis à relever pour accompagner, renforcer les compétences et financer ces femmes cheffes d'entreprises dont l'impact est indéniable.
Par Dounia Ben Mohamed
L’Afrique se distingue en tant que championne mondiale de l’entrepreneuriat féminin. Ceci est un fait bien établi. Cependant, cela ne représente pas nécessairement une victoire. En Afrique, l’entrepreneuriat est souvent une question de survie, une réalité qui touche particulièrement les femmes. Pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, elles ont depuis toujours développé de petites activités, qu’elles exercent dans les champs, sur les marchés ou aux fourneaux.
Près de 25 % des femmes actives en Afrique subsaharienne sont entrepreneures, contre seulement 6 % en Europe
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 25 % des femmes actives en Afrique subsaharienne sont entrepreneures, contre seulement 6 % en Europe. Ces chiffres varient considérablement d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre. Par exemple, au Ghana, 40 % des entreprises sont dirigées par des femmes, tandis qu’en Côte d’Ivoire, ce chiffre atteint 58 %, et même 89 % au Nigeria. En revanche, en Afrique du Sud, ce pourcentage tombe à 17 % (Source : baromètre Women’s entrepreneurship Veuve Clicquot).
Cependant, les véritables changements surviennent lorsque ces femmes passent du secteur informel au formel, transformant ainsi leurs petites activités en entreprises à grande échelle et s’aventurant dans des secteurs où leur présence n’est pas nécessairement attendue. “Accélérées” dans leurs ambitions par le numérique. Bien plus qu’une solution miracle, un outil auquel, quand elles y ont accès _ 34% des femmes africaines en moyenne disposent d’ Internet contre 45% pour des hommes_., les femmes se sont très vite saisies pour contourner les défis auxquels elles sont confrontées dans leur parcours entrepreneurial. Bousculant les codes, innovant, transformant l’Afrique, tant sur le volet social qu’entrepreneurial.
Elles apportent des solutions novatrices aux défis locaux
En stimulant l’innovation, en créant des emplois et en favorisant le développement communautaire, elles contribuent à apporter des solutions novatrices aux défis locaux, participant ainsi à la résolution de problèmes sociaux et environnementaux. De plus, elles sont essentielles dans l’autonomisation des femmes, renforçant leur indépendance financière et leur statut social. En favorisant l’inclusion économique des femmes, l’entrepreneuriat féminin contribue à réduire les inégalités de genre et à promouvoir un développement durable et équitable sur le continent africain. Indéniablement, les femmes entrepreneures africaines sont un moteur de transformation en Afrique.
Ainsi, soutenir l’entrepreneuriat féminin revient à contribuer au développement socio-économique du continent. Bien que cette idée soit largement acceptée et que les programmes de soutien dédiés se multiplient, les femmes continuent de faire face à plusieurs défis, notamment l’accès à la formation, aux marchés et au financement.
Elles ne représentent que 30 % des professionnels dans le domaine des technologies
L’accès à l’éducation, à la formation, au renforcement des compétences est un élément clé pour le succès des femmes entrepreneures. Pour l’heure, les femmes ont souvent moins d’opportunités que les hommes d’accéder à l’enseignement secondaire, ce qui limite leurs possibilités. Pourtant, des études montrent que plus les femmes sont éduquées, plus elles sont en mesure d’identifier et de saisir des opportunités entrepreneuriales. Pourtant, elles ne représentent que 30 % des professionnels dans le domaine des technologies.
A l’heure de la révolution numérique qui s’opère, il est essentiel de promouvoir l’éducation des filles dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) ainsi que dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), afin de renforcer leurs compétences pour soutenir et diriger des économies numériques.
Un déficit de financement entre les sexes de 42 milliards de dollars
Le financement reste également un défi majeur : en 2021, la Banque africaine de développement (BAD) relevait un déficit de financement entre les sexes en Afrique de 42 milliards de dollars. Les femmes entrepreneures en Afrique ne reçoivent que 7 % de tous les financements de capital-risque, malgré des taux de réussite comparables à ceux des hommes.
Pour répondre à ces problématiques, des initiatives voient le jour. Parmi lesquelles Growth4Her portée par Creative Space Startups qui visent à autonomiser les femmes entrepreneures en leur offrant un soutien financier et des outils d’accélération. De même, des partenariats entre organisations telles que la CGEM (NDLR : le patronat marocain), l’Agence française de développement (AFD) et l’Union Européenne cherchent à promouvoir l’entrepreneuriat féminin à travers des programmes d’information, de financement et de réseautage.
Ces efforts sont essentiels pour favoriser une croissance économique inclusive et durable en Afrique. En investissant dans les femmes entrepreneures, les gouvernements, les organisations et les entreprises peuvent contribuer à créer des emplois, stimuler l’innovation et promouvoir le développement économique à long terme. Cependant, pour garantir le succès de ces initiatives, il est convient de s’attaquer aux obstacles structurels qui entravent l’autonomisation économique des femmes en Afrique, notamment l’accès à l’éducation, au financement et aux opportunités économiques.