La Fintech en Afrique : une croissance fulgurante mais des défis persistants
L'écosystème fintech africain triple en quatre ans, mais le financement reste un obstacle.

Le nombre d’entreprises fintech en Afrique a presque triplé entre 2020 et 2024, passant de 450 à 1 263, selon le rapport Finance in Africa 2024 de la Banque européenne d’investissement (BEI). Cette expansion rapide illustre le rôle clé du numérique dans l’inclusion financière sur le continent, où l’accès aux services bancaires traditionnels reste limité.
La fintech révolutionne notre perception de la finance en Afrique

« La fintech révolutionne notre perception de la finance en Afrique », déclare Thomas Östros, vice-président de la BEI. « En exploitant la technologie, nous pouvons améliorer l’accès au financement pour des millions de personnes et favoriser une croissance économique durable. »
Des solutions innovantes pour combler le fossé financier
Les entreprises fintech africaines offrent des solutions variées, des paiements mobiles aux crédits numériques, en passant par l’assurance et la blockchain. Leur essor s’explique en partie par la popularité des transactions mobiles : l’Afrique représente désormais près de 70 % des transactions mondiales de mobile money.
Cependant, l’accès au financement demeure un frein. Près d’un tiers des banques africaines citent le manque de capital et le coût élevé du financement comme des obstacles majeurs. Ce défi est d’autant plus critique que le crédit au secteur privé a chuté, passant de 56 % du PIB en 2007 à 36 % en 2022, limitant ainsi la croissance industrielle.
« Fintech sans frontières ne doit laisser personne de côté. L’Afrique excelle dans la fintech mobile, notamment pour les transferts transfrontaliers. Pour soutenir la ZLECAf, nous devons d’urgence développer des paiements numériques pour les commerçants aux frontières terrestres », plaide Nshuti Mbabazi, directrice générale de Better Than Cash Alliance.
Une réglementation en mutation pour accompagner la croissance
L’expansion de la fintech impose aux régulateurs de s’adapter. « En tant que régulateur financier, nous devons comprendre la numérisation et son impact sur les PME. Nous ne pouvons pas réguler sans nous transformer nous-mêmes », souligne Soraya Hakuziyaremye, vice-gouverneure de la Banque nationale du Rwanda.
Le rapport met aussi en avant l’importance de l’inclusion féminine dans la fintech : 70 % des banques constatent de meilleures performances de remboursement parmi les entreprises dirigées par des femmes, incitant 17 % d’entre elles à adopter une stratégie de genre.
Malgré les défis, la fintech continue de redéfinir le paysage financier africain, offrant des solutions innovantes pour combler les lacunes du secteur bancaire traditionnel.
Consulter le rapport : Finance in Africa 2024